L’ouverture à la transcendance est un droit pour tous

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Que faut-il retenir de l’entretien accordé par le Pape à mes confrères Sébastien Maillard et Guillaume Goubert, du journal La Croix ? Les réponses de François forment d’abord un message au peuple français, et pas seulement aux catholiques de France qui sont potentiellement lecteurs de ce grand quotidien du matin.
« Si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire. De même, si un catholique veut porter une croix. On doit pouvoir professer sa foi non pas à côté mais au sein de la culture », dit le Saint-Père, reprochant à la France « d’exagérer la laïcité » et de « considérer les religions comme une sous-culture et non comme une culture à part entière ».
« L’héritage des Lumières », « l’héritage de la Révolution française », « cette laïcité exagérée », sont donc clairement épinglés par le successeur de Pierre, souhaitant que « l’ouverture à la transcendance soit un droit pour tous ».
Une fois de plus il plaide pour la liberté d’exprimer sa foi dans l’espace public, et pour « la coexistence entre chrétiens et musulmans », rappelant à plusieurs reprises que la Vierge Marie est vénérée par les croyants des deux confessions.
S’agissant du terrorisme islamiste, il invite à s’interroger sur « la manière dont a été exporté un modèle de démocratie ». Le Pape va donc à contre-courant du politiquement correct, s’attaquant aux causes profondes du malaise français qui sont à chercher du côté d’une idéologie athée dont les promoteurs rêvent, depuis deux siècles, de conquérir le monde à leur sectarisme.
Ayant posé cela, François calme ceux parmi les catholiques qui voudraient prendre leur revanche sur l’intolérance, et il rappelle que « l’apport du christianisme à une culture est celui du Christ avec le lavement des pieds, c’est-à-dire le service et le don de la vie ».
Autrement dit parler des « racines chrétiennes » au passé ne sert à rien, il est plus utile et urgent de les « arroser » car « le devoir du christianisme pour l’Europe, c’est le service ».
Face à l’afflux de migrants qui réveille de grandes peurs, il constate le « grave problème de la dénatalité » et la « recherche égoïste du bien être », plaidant pour l’intégration à la manière de son lointain prédécesseur Grégoire le Grand, au VIème siècle, qui négocia avec les barbares, faisant de leur arrivée massive une chance non seulement pour l’Europe mais aussi pour l’Eglise.

« C’est l’Esprit Saint le protagoniste de ce que fait l’Eglise, son moteur »

L’autre volet de l’entretien est plus directement lié aux questions qui se posent dans la vie ecclésiale, spécialement concernant la raréfaction des prêtres. « Pour évangéliser il n’y a pas nécessairement besoin de prêtres », ose le Pape, mettant avec force en lumière la vocation des baptisés.
« Le baptême donne la force d’évangéliser. Et l’Esprit Saint, reçu au baptême, pousse à sortir, à porter le message chrétien, avec courage et patience », ajoute-t-il, sans concession pour le cléricalisme » dans lequel il discerne un « danger » qui menace l’Eglise.
« Cléricaliser les laïcs », pour en faire des diacres par exemple, est selon lui une erreur, trop de chrétiens ignorant encore que « c’est l’Esprit Saint le protagoniste de ce que fait l’Eglise, son moteur ». Et François cite la Corée comme exemple historique, pays qui a été évangélisé par des laïcs durant deux siècles…
Enfin le Saint-Père aborde deux sujets qui touchent de près l’Eglise qui est en France, d’une part le procès fait au cardinal Philippe Barbarin pour des scandales de pédophilie dans son diocèse, et d’autre par le règlement de la crise Lefebvriste.
Prenant la défense de l’archevêque de Lyon, mieux que certains de ses confrères français – « un courageux, un créatif , un missionnaire » – François fait remarquer qu’il a pris les mesures qui s’imposaient et ne doit pas démissionner.
Au sujet de Mgr Bernard Fellay et de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le Pape, fidèle à sa volonté de dialoguer dans l’ouverture à la miséricorde, déclare que « ce sont des catholiques en chemin vers la pleine communion », manifestement désireux de réintégrer ces catholiques qui aiment l’Eglise et représentent une force vive trop longtemps mise au ban par les tenants d’une ouverture à sens unique ou d’une diversité couleur muraille…
Dans La Croix le Pape confirme un projet de voyage en France, après les élections présidentielles de 2017, dont ni la date ni les étapes ne sont encore fixées. Il aura donc dans un peu plus d’un an l’occasion de développer ces différents thèmes sur le sol français, et d’honorer chez elle Thérèse de Lisieux, sa sainte préférée…

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