Les pleurs de Jésus ne peuvent pas rester sans réponse

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Le Pape François a souhaité un temps de prière, ce jeudi de l’Ascension, pour tous ceux d’entre nous qui ont besoin de consolation. Durant cette veillée jubilaire dans la basilique Saint-Pierre, le reliquaire des larmes versées miraculeusement à Syracuse, en 1953, s’offrait à la vénération de tous. Après chaque témoignage, une lampe allumée était portée sous la photo du bas-relief représentant le Cœur Immaculé de Marie qui pleura mystérieusement au-dessus du lit d’un jeune couple, manifestant la présence de Dieu qui ne nous abandonne pas dans l’épreuve, et vient essuyer les larmes de nos yeux (Isaïe 25, 8 ; Apocalypse 7, 17 ; 21, 4). Les récits d’expériences douloureuses vécues dans la foi rejoignaient au cœur tous les participants, comme par exemple celui de Giovanna, 48 ans, dont le fils de 15 ans, Antonio, s’est suicidé. Raphaël, adolescent, parla aussi de la mort violente de son frère, qui provoqua d’abord en lui la colère contre Dieu, puis progressivement une plus grande proximité avec le crucifié ressuscité. Le père de famille a raconté le choc qui a suivi le suicide de son enfant, et plus tard la tendresse de Dieu éprouvée intérieurement, et le désir de s’en faire relais à son tour.
D’autres témoins sont intervenus, comme un journaliste du Pakistan, Felix, expliquant la difficulté à vivre dans ce pays où la minorité chrétienne est persécutée. Des terroristes islamistes l’ayant menacé de mort, il lui a fallu fuir pour sauver sa femme et ses enfants, trouvant en Dieu la force de tout recommencer.
Deux frères jumeaux, Maurizio et Enzo, ont retracé leur long chemin, notamment la recherche du succès facile pour l’un, et la rencontre de Dieu dans le service désintéressé pour l’autre, jusqu’à leur engagement commun dans une association accueillant des jeunes victimes de la drogue. Ils ont remercié leurs parents pour leur prière constante qui a porté des fruits.
Les lectures bibliques de cette soirée, spécialement le passage évangélique des Béatitudes, invitaient chacun à accueillir en abondance la consolation divine dans les tribulations. « Le Seigneur Jésus a promis à ses disciples qu’il ne les laisserait jamais seuls, qu’il leur serait proche dans toutes les situations de la vie en envoyant l’Esprit Consolateur, qu’il les aiderait, les soutiendrait et les réconforterait », a souligné le Saint-Père au début de sa réflexion.
« Que de tristesse il nous arrive de découvrir sur tant de visages que nous rencontrons. Que de larmes versées à chaque instant dans le monde… qui forment ensemble comme un océan de désolation qui demande pitié, compassion, consolation », poursuivait-il en évoquant « des regards qui restent souvent fixés sur le couchant et qui ont du mal à voir l’aube d’un jour nouveau ».
François considéra que « dans cette douleur qui est nôtre, nous ne sommes pas seuls », soulignant que « Jésus aussi sait ce que signifie pleurer la perte d’une personne aimée » . Il cita une des pages les plus émouvantes de l’Evangile : quand Jésus voit pleurer Marie de Béthanie en raison de la mort de son frère Lazare, et qu’il ne parvient pas à retenir ses larmes. « Il a été saisi d’une profonde émotion et a fondu en larmes (Jean 11, 33-35). L’évangéliste Jean a voulu par ce récit montrer la participation de Jésus à la douleur de ses amis, et le partage du découragement », insista le Pape, remarquant que « les larmes de Jésus ont lavé beaucoup d’âmes, adouci beaucoup de blessures ».

La prière est le vrai remède à notre souffrance

« Si Dieu a pleuré, je peux moi aussi pleurer, sachant que je suis compris », affirma le successeur de Pierre. « Les pleurs de Jésus sont l’antidote contre l’indifférence envers la souffrance de mes frères. Ces pleurs m’enseignent à faire mienne la douleur des autres, à participer au malaise et à la souffrance de ceux qui vivent dans les situations les plus douloureuses. Ils me secouent pour me faire percevoir la tristesse et le désespoir de ceux qui se sont vus même soustraire le corps de leurs êtres chers, et qui n’ont même pas un lieu où trouver consolation. Les pleurs de Jésus ne peuvent pas rester sans réponse de la part de celui qui croit en lui ».
Dans le souffle nouveau de cette prise de conscience, François nous exhorta à consoler, nous aussi, et à prier intensément, comme Jésus le fait au moment de la défaillance, de l’émotion, et des pleurs, quand la prière au Père jaillit de son cœur. « La prière est le vrai remède à notre souffrance. Nous aussi, dans la prière, nous pouvons sentir la présence de Dieu près de nous. La tendresse de son regard nous console, la force de sa parole nous soutient, en nous insufflant l’espérance ».
Concluant sur « la force de l’amour » qui « transforme la souffrance dans la certitude de la victoire du Christ, et la nôtre avec lui », le Pape de la Miséricorde raviva « l’espérance que nous serons un jour de nouveau ensemble et nous contemplerons pour toujours le visage de la Sainte Trinité, source éternelle de la vie et de l’amour ».
Les intentions de prière ont ensuite été ramassées dans des corbeilles pour être confiées à Dieu par la médiation de Marie. « Près de toute croix il y a toujours la Mère de Jésus. De son manteau elle essuie nos larmes. De sa main elle nous fait relever et nous accompagne » , a dit François, qui demanda au Seigneur de convertir les cœurs, orientant les intentions pour que dans nos souffrances nous puissions compléter ce qui manque aux souffrances du Christ, en nous libérant de tous les esclavages du mal spirituel qui entraîne la mort de l’âme.
Il bénit des représentations de l’agneau de Dieu en cire, distribuées à des personnes en grande souffrance, symbole de la bonté du Seigneur répandue largement, tandis que le chant du Salve Regina vint couronner cette veillée émouvante, à six mois de la clôture du Jubilé de la Miséricorde, les fidèles ayant encore la possibilité de se recueillir à Rome auprès du reliquaire des larmes de la Vierge de Syracuse jusqu’à la fin de la semaine.

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