Roselyne Hamel : « Face à la mort de mon frère martyr, je me suis sentie comme la Vierge Marie au pied de la croix »

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Le Père Jacques Hamel, tué par deux jeunes islamistes dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, à Rouen, en Normandie, le 26 juillet 2016, avait 85 ans. Depuis les guerres de Vendée, qui ont opposé l’armée de la République française aux insurgés catholiques dans l’Ouest de la France, c’est la première fois qu’un prêtre était assassiné dans ce pays pendant qu’il célébrait la messe. Sa cause de béatification est en cours, encouragée depuis le début par le Pape François qui a reçu en audience privée la sœur du prêtre martyr, Roselyne Hamel, que j’accompagnais au Vatican en décembre dernier avec le président de la Fédération des Médias Catholiques. Devenue ambassadrice de paix après avoir lié une amitié fraternelle avec la maman de l’un des terroristes qui habite Rouen, Roselyne m’a accordé un entretien où elle témoigne du rôle de la Vierge Marie dans son cheminement spirituel.

. Roselyne, en quoi la Vierge Marie vous a-t-elle aidée à surmonter le deuil après l’assassinat de votre frère prêtre ?

. J’ai très vite mis ma situation en relation avec celle de Marie, car le jour de la mort tragique de mon frère prêtre nous n’avons rien pu faire, alors que nous étions au pied de son église, durant la prise d’otages. Vraiment, face à la mort de mon frère martyr, je me suis sentie comme la Vierge au pied de la croix. Cette similitude m’a soutenue, je me suis donc rendue jour après jour devant une statue de la Piéta, dans l’église proche de chez moi, dans le Nord de la France, lui demandant de pouvoir transformer comme elle la souffrance en amour, de porter au monde la parole de son Fils qui est source de sagesse et de paix. Elle m’a donné la force de tenir debout et de vivre le pardon pour suivre le même chemin qu’elle, dans les pas du Christ et dans les pas de mon frère Jacques.

. Quelle était la dévotion de votre frère Jacques envers la Vierge Marie ?

. Mon frère Jacques était un homme de paix, il avait par exemple refusé de porter des armes pour tuer des musulmans pendant son service militaire en Algérie, dans les années 1950. Il aimait particulièrement le message de Notre-Dame de Fatima lancé en 1917 à propos de la paix qui doit régner d’abord dans nos cœurs pour ensuite rayonner sur le monde entier. Ainsi, dans son église paroissiale, il donnait beaucoup d’importance à la statue de Notre-Dame de Fatima, toujours fleurie par l’importante communauté portugaise présente dans ce quartier de Rouen. Il me parlait souvent de la Vierge de Fatima et il disait de Marie qu’elle est « la maman du monde ». Dans une homélie que je garde précieusement, écrite de sa main, mon frère considère la Vierge d’abord comme « une fille de notre humanité  qui a su accueillir le don de Dieu dans un oui confiant et total ». Il ajoute que, selon lui, « honorer Marie c’est reconnaître ce que Dieu a accompli dans sa vie parce qu’il a trouvé en elle une parfaite disponibilité ».

. À part sa dévotion à la Vierge de Fatima, que pensait le Père Jacques Hamel des autres apparitions mariales, comment les interprétaient-il au regard de l’actualité du monde ?

. Il était très sobre, ne faisait pas de grandes déclarations mystiques, cherchant avant tout à vivre l’Evangile. Dans l’homélie mariale dont je vous ai parlé, qui résume bien sa pensée, il exalte le fait que « Marie ne garde pas le don de Dieu pour elle-même mais va voir sa cousine Elisabeth pour lui apporter son aide ». La Vierge témoigne que « Dieu se fait proche de nous, vient manifester son amour afin que nous puissions en vivre ». C’est tout le sens que Jacques donnait aux apparitions, soulignant qu’elles n’ont d’autre but que de nous mettre en route sur le chemin de la foi. « Comme à Cana – écrit-il encore – elle ne cesse de nous conduire à son Fils en répétant de faire ce qu’il nous dira ». « Priez, faites pénitence, convertissez-vous. Tournez votre cœur vers Jésus mon Fils le Sauveur. Croyez en sa Parole. Faites-lui confiance » : ces mots de mon frère, qui se fait le porte-parole de la Vierge en concluant cette homélie spéciale, sont un peu son testament spirituel marial. Bienheureux serons-nous si nous écoutons cet appel et le mettons en pratique !

Propos recueillis par François Vayne

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