« Des frères et des sœurs qui cheminent du conflit à l’unité »

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Le Pape à Ur, afin que se réalise le rêve de Dieu

Une photo parle plus que tous les discours et celle du Pape aux côtés de l’ayatollah Ali al-Sistani est déjà entrée dans l’histoire. Le chef religieux chiite a reçu ce matin le Saint-Père à Najaf, la ville sainte de 180 millions de musulmans fidèles à la mémoire d’Ali, le gendre et premier disciple du prophète Mohammed, le mari de sa fille Fatima, enterré en ces lieux.

Les chiites, majoritaires en Irak, comme en Iran – très présents aussi au Liban, en Afghanistan, au Pakistan et au Koweit – représentent 10% des croyants de l’islam dans le monde. Aux origines ils ont formé la « faction d’Ali » (shi’ at Ali), le choisissant comme successeur désigné du prophète, en opposition aux sunnites qui avaient opté pour l’élection d’un nouveau guide. Ali fut assassiné, comme Hussein, le fils d’Ali et Fatima, petit-fils de Mohammed, lui aussi vénéré en Irak, à Kerbala, où il est mort en 680.

Ali al-Sistani et François ont conversé près d’une heure, en privé, posant les premiers jalons d’un dialogue qui pourra un jour aboutir à une déclaration commune, comme celle signée par le Pape à Abou Dabi, il y a deux ans, avec le leader spirituel sunnite Mohamed el-Tayeb.

Le chemin du dialogue entre les deux branches principales de l’islam reste difficile, d’autant que les terroristes de « Daesh », l’organisation Etat islamique (EI), qui ont ensanglanté l’Irak, se réclament du sunnisme et ont été largement soutenus en sous-main par des ennemis de l’Iran chiite.

L’ayatollah Ali al-Sistani, homme de paix, a pour sa part beaucoup contribué à la concorde civile dans son pays, appelant au respect de la constitution et des minorités, tandis qu’auront lieu d’importantes élections législatives en octobre prochain.

Après l’étape de Najaf, une rencontre interreligieuse attendait le Pape à Ur, dans la patrie d’Abraham, le père de tous les monothéistes. François a délivré à cette occasion un message d’une grande force, rappelant que l’extrémisme et violence « ne naissent pas d’une âme religieuse » mais sont « des trahisons de la religion ». « Et nous, croyants, nous ne pouvons pas nous taire lorsque le terrorisme abuse de la religion », martela-t-il. « Ne permettons pas que la lumière du Ciel soit couverte par les nuages de la haine ! »,  affirma le Saint-Père, plaidant aussi « pour que la liberté de conscience et la liberté religieuse soient respectées et reconnues partout ».

Ayant écouté des témoignages émouvants de la fraternité en actes, il a donné en exemple au monde ces « chrétiens et musulmans qui ensemble restaurent aujourd’hui des mosquées et des églises », ainsi que des jeunes volontaires musulmans de Mossoul qui ont aidé à réaménager des églises et des monastères en « construisant des amitiés sur les décombres de la haine ». « La paix n’exige ni vainqueurs ni vaincus, mais des frères et des sœurs qui, malgré les incompréhensions et les blessures du passé, cheminent du conflit à l’unité », résumait-il, avant d’unir sa voix à celles des participants de diverses confessions, dans une prière commune pour se réalise « le rêve de Dieu »: « que la famille humaine devienne hospitalière et accueillante envers tous ses fils ; qu’en regardant le même ciel, elle chemine dans la paix sur la même terre ».

Samedi après-midi, le Pape retrouvait la communauté chrétienne à Bagdad, pour une messe en rite chaldéen dans la cathédrale Saint-Joseph. Dimanche, le successeur de Pierre est attendu à Erbil, au Kurdistan irakien, à Mossoul et à Qaraqosh, dans la plaine de Ninive, où il ira consoler des populations très éprouvées par les persécutions commises par les djihadistes dotés d’armements – pillés dans les stocks irakiens – fabriqués dans plus de 20 pays, dont les États-Unis et des États européens…

 

 

 

 

 

 

 

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