« Je vous demande pardon au nom de l’Eglise! »

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Voici en quelques mots le récit émouvant d’un rendez-vous plein de tendresse, où des victimes qui ont été abusées dans leur enfance par certains religieux ont trouvé réconfort sur leur chemin de guérison. Auteur d’un livre sur le témoignage évangélique de Jean Bulteau, qui fut supérieur général des Frères de Saint-Gabriel, j’étais invité à cette rencontre bouleversante autour du Pape François le 28 novembre, au cours de laquelle l’actuel Provincial de France, le Frère Yvan Passebon, a offert au Saint-Père mon ouvrage intitulé « Frère, tout simplement » https://francois-vayne.com/jean-bulteau-livre/ paru il y a un an aux éditions Nouvelle Cité. 

« Le Pape nous a reçu chez lui dans l’après-midi du mardi 28 novembre, à Santa Marta, malgré ses ennuis de santé actuels, et sa délicatesse nous a tous bouleversés », témoigne le Frère Yvan Passebon, 76 ans, Provincial de France des Frères de Saint-Gabriel, alors que le Saint-Siège annonçait le même jour l’annulation du voyage pontifical à Dubaï pour la Cop 28. Frère Yvan accompagnait à Rome une vingtaine de victimes d’abus sexuels, anciens élèves des écoles de sa congrégation religieuse montfortaine fondée au XVIIIème siècle dans l’Ouest de la France. « Dans leur processus de guérison intérieure, ce rendez-vous était très important », fait remarquer le religieux, qui raconte comment, en raison d’une infection pulmonaire, la rencontre initialement prévue lundi matin 27 novembre avait été annulée la veille, au dernier moment. « Avec la simplicité qui le caractérise, le Saint-Père m’a appelé personnellement ensuite le lundi après-midi pour s’excuser de ce contretemps et nous a invités à le retrouver dans sa résidence de Santa Marta le lendemain », confie Frère Yvan. Après un échange avec François, qui a écouté avec attention plusieurs témoignages de victimes, le Provincial de France a offert au Saint-Père une représentation de la Vierge Marie, sculptée en bois par un Frère, Henri Martineau, ayant servi longtemps l’Evangile au Brésil. « J’ai expliqué au Pape que la petitesse de l’Enfant Jésus qui est sculpté dans le M de Marie illustre l’esprit marial de saint Louis-Marie Grignion de Montfort et la tendresse de Dieu que nous cherchons à mettre en pratique », confie encore Frère Yvan. Le Pape a regardé avec  émotion cette petite sculpture, avant de déclarer en s’adressant aux victimes d’une voix faible : « Je vous demande pardon au nom de l’Eglise, aidez-moi maintenant vous aussi à lutter contre cette corruption des abus, car c’est bien de corruption qu’il s’agit ». Il venait d’accepter de porter au revers de sa soutane le ruban vert qui symbolise le combat de ce groupe, considérant ce signe comme « une décoration », selon son expression. Sous le tableau de Marie qui défait les nœuds, dans le grand salon de la résidence Santa Marta, cette rencontre informelle manifestait en miniature le grand changement qui s’opère dans l’Eglise depuis dix ans grâce à la volonté de ne plus cacher la vérité des abus et d’aider les personnes blessées dans leur chemin de libération. Avant la photo de famille du groupe autour du Pape, une personne victime a joué au saxophone un air de tango, la musique de la chanson « Adios muchachos » – « c’est comme notre adieu à la tristesse et à la mort, une expérience de renaissance, de résurrection » expliqua le musicien – tandis que le Saint-Père, fatigué et malade, tenait contre son coeur en souriant la petite représentation mariale reçue en cadeau. Avant de quitter Rome, les Frères ont offert à chaque victime la même Vierge sculptée que celle donnée au Pape, en souvenir de cet évènement qui a déjà changé leur vie.

François Vayne 

 

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