Vers le centenaire des apparitions de Marie à Fatima

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Avec des amis romains ayant animé la Journée mariale de l’Année de la foi, nous sommes en pèlerinage pour quelques jours à Fatima, au Portugal. Le colonel qui a piloté l’hélicoptère portant la « Madonnina » place Saint-Pierre, le 13 octobre 2013, fait partie de notre groupe fraternel, uni par l’expérience spirituelle vécue auprès du Pape il y a un an déjà. Nous avons notamment participé ce week-end à la procession mariale dans le sanctuaire international – trois d’entre nous étant réquisitionnés pour porter la statue – et à la messe dominicale, avec environ 20 000 pèlerins, dont des groupes importants de la Légion de Marie et de l’Union internationale des femmes catholiques. Alors que Lourdes aurait perdu en cinq ans le quart de ses “nuitées”, Fatima ne cesse de se développer, évitant tout mercantilisme envahissant, dans un climat de recueillement qui fait son succès grandissant, en particulier depuis l’élection pontificale de François, très attaché au message délivré par la Vierge à la Cova da Iria. Emerveillés par le climat de prière qui règne ici, nous continuons à cheminer ensemble, sur les pas des trois petits enfants qui ont su accueillir les surprises du Ciel, et c’est avec joie que je vous offre sur ce blog le fruit de ma réflexion méditative, en direct de Fatima, avant de revenir bientôt sur l’actualité vaticane. Le village de Fatima tirerait son nom de la fille d’un guerrier musulman ayant épousé un chevalier chrétien, au XIIème siècle. C’est là que le Ciel a choisi de se «desceller» à l’approche du troisième millénaire, comme pour jeter un pont entre Orient et Occident, durant une première guerre « mondiale » aux effets secondaires dramatiques et incalculables. Lucie dos Santos est alors âgée de 10 ans, ses cousins François Marto et sa sœur Jacinthe ont 9 et 7 ans. Ils gardent leurs brebis ce dimanche 13 mai 1917, du côté de la Cova da Iria, quand soudain une grande clarté apparaît au-dessus d’un chêne vert isolé sur le pâturage. « N’ayez pas peur », dit aux enfants une dame vêtue de blanc, dont le sourire est voilé de tristesse. Ses mains sont jointes. Un chapelet aux grains blancs comme des perles pend à son bras droit. Elle repose, pieds nus, sur un petit nuage qui effleure l’arbuste. « D’où êtes-vous? » demande Lucie. « Je suis du ciel », répond l’apparition. Elle leur donne rendez-vous tous les 13 du mois jusqu’en octobre, à l’heure où le soleil est à son zénith, en proposant qu’ils s’offrent à Dieu « en acte de réparation » et de supplication « pour la conversion des pécheurs ». « Récitez le chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde », suggère-t-elle avant de s’élever en direction du Levant, signe du Christ qui revient et vers lequel nous allons. Ce même jour, le 13 mai 1917, dans la chapelle Sixtine, Eugenio Pacelli est ordonné évêque : c’est le futur pape qui devra conduire l’Eglise durant la seconde guerre mondiale, et consacrera le genre humain au Cœur Immaculé de Marie, le 31 octobre 1942, lors de la clôture des fêtes du 25ème anniversaire des apparitions de Fatima, tournant décisif vers la défaite des « puissances de l’axe ». Pie XII, marqué profondément par le message de Fatima, proclamera le dogme de l’Assomption de Marie en 1950, après avoir vu trois fois le soleil tournoyer au-dessus des jardins du Vatican, selon ses confidences écrites retrouvées dans les archives par son biographe, mon confrère Andrea Tornielli. Jean-Paul II échappera à un attentat le 13 mai 1981, par l’intercession de Notre-Dame de Fatima, et il renouvellera la consécration du monde le 25 mars 1984, en union avec tous les évêques, avant la « Perestroïka » en URSS puis la chute du mur de Berlin. Le 13 octobre 2013, au cœur de l’Année de la foi, le pape François prononça également cet « acte d’offrande » sur la place Saint-Pierre, devant la statue de la « Madonnina » venue spécialement de Fatima, l’implorant notamment de protéger notre vie entre ses bras : « Bénis et renforce tout désir de bien, ravive et nourris la foi, soutiens et illumine l’espérance, suscite et anime la charité, guide nous tous sur le chemin de la sainteté »…

« Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime »

Au début du XXème siècle les avertissements célestes prennent une tournure de plus en plus effrayante à Fatima, des perspectives « eschatologiques » s’ouvrent pour nous, relatives aux fins dernières. La lutte entre l’antique serpent et l’Immaculée se précise, comme il est écrit dans la Génèse (3,15), et au chapitre 12 du livre de l’Apocalypse : « Un grand signe apparut dans le ciel, une femme revêtue de soleil… ». Des évènements qui auront des conséquences majeures accompagnent ces apparitions en 1917, comme la Révolution d’octobre en Russie, mais aussi la « déclaration Balfour », qui fera date pour la création de l’Etat d’Israël sur la base d’un découpage territorial injuste, germe de guerres interminables. L’athéisme comme système d’Etat se met en place – aussi impitoyable envers la religion que le matérialisme des encyclopédistes – en même temps que vont s’imposer les nationalismes dominateurs prêts à toutes les violences au nom de l’idéologie d’une race élue prétendument supérieure ou d’une terre promise devenue la terre « possédée »… Devant la dimension quasi-géostratégique qui oriente l’évènement de Fatima au regard de l’histoire humaine en cours d’écriture, nous sommes sans voix, dépassés, au moins autant que le jeune François, qui lui ne pouvait que « voir », alors que sa sœur, Jacinthe, voyait et entendait la Vierge, et que Lucie, la plus grande, était la seule à converser vraiment avec elle. Ils avaient déjà vécu une expérience surnaturelle, liée à des phénomènes lumineux, dont ils n’ont parlé à personne. Environ deux ans auparavant en effet une lumière « plus brillante qu’un cristal ayant la forme d’un jeune homme » s’est manifestée à eux… trois fois. « N’ayez pas peur ! Priez avec moi », leur avait dit d’abord celui qui se présenta comme l’ange gardien du Portugal, « l’ange de la paix ». « De tout ce que vous pourrez offrez un sacrifice au Seigneur » souligna-t-il, faisant cette prière : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas ». Lors de sa troisième visite, portant un calice et une hostie, cet ange fit communier les enfants en les invitant à consoler Dieu. Quand des mois plus tard deux éclairs et une grande lumière arrêtent les jeunes bergers devant le chêne vert de la Cova da Iria, leurs cœurs sont donc préparés à accueillir la belle dame « plus brillante que le soleil », qui va leur confier un message destiné à l’humanité entière : Notre-Dame de Fatima vient comme une nouvelle Esther, cette jeune fille d’Israël qui, aux temps bibliques, sauva le peuple de Dieu de l’extermination prévue le 13 du mois d’Adar (Esther 7, 1-10).

« Mon cœur immaculé sera ton refuge »

Malgré le caractère apparemment tragique du message de Fatima, ce qui me frappe lors de la première apparition, le 13 mai, c’est que la Vierge donne du courage aux enfants, elle ouvre ses mains et répand sur les voyants un faisceau de lumière qui les pénètre « jusqu’au plus profond de l’âme » et les font se voir eux-mêmes en Dieu, racontera Lucie. François et Jacinthe vont mourir à l’entrée de l’adolescence – ils ont été béatifiés en l’an 2000 – Lucie au contraire vivra très âgée, jusqu’au 13 février 2005. Je ne sais pas ce qui m’attend mais une chose est sûre : ma mission de baptisé est de participer à ce combat de la lumière qui dissipe les ténèbres – « là où sont les ténèbres, que je mette la lumière », disait saint François – et pour cela je n’ai qu’un refuge : le Cœur Immaculé de Marie. « Ne te décourages pas ! Je ne t’abandonnerai jamais. Mon Cœur Immaculé sera ton refuge, et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu », me dit Notre-Dame de Fatima en ce jour de prière, comme elle l’a affirmé avec amour à Lucie dos Santos. Pourquoi suis-je autant touché par ces mots, à cet instant ? Parce que Marie ne laisse rien pénétrer en elle qui ne soit pas de Dieu, et c’est donc dans son Cœur que sera ma délivrance. Ce mystère du Cœur Immaculé de Marie s’éclaire soudain pour moi, et aujourd’hui `je te bénis, Père, d’avoir révélé cela aux tout-petits` (Matthieu 11,25). Le Cœur Immaculé de Marie deviendra ma demeure, et mon office quotidien sera d’être un petit « consolateur de Dieu » en compagnie de François, de Jacinthe et de Lucie. Les pastoureaux l’ont vu entouré d’épines, ce Cœur, dans la paume de la main droite de Marie, le 13 juin 1917. « Jésus veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé », expliqua-t-elle. « À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut ; ces âmes seront chéries de Dieu, comme des fleurs placées par moi pour orner son trône ». Le 13 juillet elle promet : « À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira… ». Elle leur a donné trois « secrets », dont la vision de l’enfer, et des prophéties sur les souffrances à venir de l’Eglise et du pape. Ces formes horribles et répugnantes décrites par les enfants, dans un « océan de feu » où sont plongées les âmes des damnés, est-ce que je réalise que ce sont les démons qui veulent m’entrainer avec eux dans un désespoir éternel ? « Si l’on fait ce que je vous dis, beaucoup d’âmes seront sauvées, et on aura la paix », confie Marie, qui prescrit « la communion réparatrice des premiers samedis ». Le 13 août les voyants sont empêchés de se rendre sur place, enfermés pendant deux jours sur ordre des autorités locales. Marie leur apparaît le 19 août, elle insiste sur la nécessité de prier, précisant que « beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’il n’y a personne qui se sacrifie et prie pour elles ». La prise de conscience de la « réversibilité » découle de ma foi dans la communion des saints : les mérites ou les souffrances offertes d’une personne en état de grâce profitent au pécheur, où qu’il se trouve. Le 13 septembre la messagère céleste confirme son intention de faire un miracle en octobre « pour que tout le monde croie », et elle tient parole puisqu’un mois après ils sont 70 000 à voir le soleil danser comme une roue de feu – les journalistes en attesteront dans toute la presse – alors que l’apparition vient de révéler son nom : « Notre-Dame du Rosaire ». Ma liberté reste entière, mais je ne pourrai plus jamais dire que je ne savais pas… O Marie, à l’image de la reine Esther qui jadis sauva son peuple par la force de sa foi, tu veux maintenant sauver nos âmes de la mort éternelle, la plus redoutable destruction que nous ayons à craindre. Comme tu l’as demandé à Fatima je veux redire sans retard et par amour, après chaque dizaine du chapelet : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, et attirez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde ».

1 Comment

  1. Panetier dit :

    Bel article très fouillé sur les apparitions de Fatima et son message.
    Mais alors comment savoir quels sont ceux qui font encore la promotion de ` la dévotion au coeur Immaculé de Marie qui inclut la communion réparatrice des premiers samedis du mois ` ?
    Quels sont les paroisses qui mettent en pratique cette demande insistante de la vierge Marie, en France et dans le monde ?
    Ou bien cela serait-il réservé à des laïcs encouragés par leur évêque bienveillant ?

    Quant à la Russie, se convertit-elle ? A-t-elle été vraiment consacrée au C-I de Marie ?
    Si nous avons pu observer la chute d’un communisme athée dans les pays de l’est, pouvons nous prétendre que ces pays se convertissent à la foi catholique ou même orthodoxe ?

    Ne seraient-ils pas plutôt devenus la proie d’un mondialisme conquérant sauf précisément en Russie où Poutine s’impose ?

    Oh Marie, que vienne sur notre monde le triomphe de ton coeur, alors tous connaîtrons le salut que Jésus a gagné pour nous !

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