Dans le diocèse de Rome, dont le pape est l’évêque, vient de se dérouler un évènement qui éclabousse les autorités civiles. Les funérailles d’un parrain de la mafia, Vittorio Casamonica, le 20 août dernier, se sont illustrées par le survol d’un hélicoptère qui a largué une pluie de pétales de roses sur la ville éternelle, à basse altitude, au nez et à la barbe de toutes les polices. Le carrosse funèbre, tiré par six chevaux noirs harnachés d’or, participait à ce show en l’honneur du « roi de Rome »… François a vigoureusement condamné les mafieux, notamment en juin 2014 lors de sa visite en Calabre, et certains observateurs se demandent comment une église de la capitale italienne peut accueillir pareille mise en scène. « Si les obsèques ont été scandaleuses, il faut le dire à la mairie et à la préfecture, pas à nous », répond Don Franco, vicaire de la paroisse Saint Jean Bosco où le rite religieux a été sereinement célébré, sans rapport avec le spectacle ayant eu lieu dehors. Cet épisode conduit à se poser en effet de graves questions sur l’état de « la chose publique » après l’énorme scandale dit de Mafia capitale qui secoue encore l’Italie… Dans ce contexte inquiétant, le pape continue à mener sa bataille interne contre toutes les interférences obscures avec le pouvoir temporel, ce qui lui vaut des oppositions fortes dans petit harem des politiciens cooptés qui perdent leurs alliés d’antan en lien avec l’institution ecclésiale. François pourrait faire siens les propos que l’on prête à son prédécesseur saint Pie X, dont il est très dévot : « La politique de l’Eglise est de ne pas faire de politique et d’aller toujours par la voie droite ». Le 21 août, fête liturgique de saint Pie X, il est d’ailleurs allé de bon matin dans la basilique Saint-Pierre se recueillir sur la tombe de ce pape – réformateur de la Curie romaine il y a cent ans – qui représente pour lui un modèle pastoral.
Avec une énergie révolutionnaire et un fort charisme prophétique, son combat est essentiellement de réanimer la dimension éthique au cœur de l’existence, de faire en sorte que se rallume en chacun l’étincelle divine qu’est la conscience, sans plus jamais confondre les domaines religieux et politique.
Il rappelle l’importance de s’engager personnellement au service de la collectivité, pour la dignité de la personne humaine, en fidélité aux valeurs universelles, dans son message estival adressé aux participants du meeting pour l’amitié entre les peuples, organisé à Rimini par le mouvement Communion et Libération , citant le mythe d’Ulysse à propos de la noblesse de la nostalgie humaine, le « nostros algos » qui consiste à assumer à frais nouveaux notre origine. Le retour, en grec, se dit nostros. Algos signifie souffrance. La nostalgie est donc la souffrance causée par le désir inassouvi de retourner.
Cette soif d’une réalité infinie, Dieu seul peut l’apaiser, lui qui nous offre en Jésus-Christ « un amour qui guérit, pardonne, relève et soigne », un amour qui nous rend l’identité et la dignité perdues, insiste François en toute circonstance (voir aussi son discours au Centre de rééducation à Santa Cruz de la Sierra,en Bolivie, le 10 juillet dernier).
Dimanche à l’Angélus, en bon pédagogue il a posé à nouveau la question fondamentale qui peut devenir lumière dans la conscience de celui qui la reçoit : « Qui est Jésus pour toi ? ». « Tout ce que nous avons au monde ne peut satisfaire notre faim d’infini. Nous avons besoin de Jésus, de nous nourrir à sa table, à ses paroles de vie éternelle! ».
Aller toujours à Jésus nous aidera à purifier nos choix des « incrustations mondaines » et de toute les peurs, soulignait-il encore.
Jésus « n’a point régné mais il a été humble, patient, saint devant Dieu, terrible aux démons, sans aucun péché » nous dit Pascal dans ses Pensées. Voilà le programme de tout baptisé que ce pontificat incomparable vient raviver.