Tandis qu’une certaine confusion idéologique règne dans l’Eglise – d’aucuns rêvant de renverser la table pour faire du neuf en ignorant l’ancien, de façon irréaliste, pendant que d’autres s’accrochent au passé avec rigidité et fanatisme – tournons nos yeux vers l’essentiel en compagnie du futur bienheureux Henri Planchat (https://www.nouvellecite.fr/librairie/avec-le-coeur-et-le-regard-du-pere-henri-planchat/). Il a su vivre son sacerdoce en communauté avec des baptisés, à cause de l’Evangile, désignant un chemin de sainteté très actuel à la fois pour les prêtres et pour nous tous. Son intercession est active et féconde, invoquons-le avec foi!
Voici quelques mots d’introduction au livre que je lui consacre :
Un jeune prêtre, Paul, à qui j’avais proposé de lire le manuscrit de cet ouvrage, m’a écrit : « Je viens d’achever la lecture de votre texte sur le Père Henri Planchat. Quelle figure ! J’ignorais son existence et je vous suis très reconnaissant de me l’avoir fait connaitre. Ce pasteur a une vie trépidante. Ami des jeunes et des pauvres, c’est un exemple très parlant pour les prêtres en particulier mais aussi pour tout chrétien qui cherche la sainteté véritable. Ses consignes aux premiers-communiants, qu’il est contraint d’abandonner pour subir le martyre, sont essentielles et bien concrètes. Quelle grâce ont eu ces enfants ainsi préparés par un saint ! Son imitation de Jésus est à toutes les pages. La spiritualité de former le Christ en nous et d’attirer le monde à Lui par nos œuvres est simple à comprendre et à mettre en pratique. De plus, la complémentarité de nos états de vie est salutaire pour l’Eglise de notre temps ».
Tout est dit ou presque : ces mots de notre ami Paul résument bien l’essentiel des quarante-huit années de vie d’Henri Planchat. Elles auraient pu à elles seules soutenir sa cause en béatification pour l’héroïcité de ses vertus, dont la fleur la plus belle est assurément son admirable charité pleine de tendresse, de compassion et de miséricorde. La sainteté de vie de ce prêtre des pauvres est lumineuse : son cœur amoureux a ramené à la foi des centaines de familles, a fait sortir de la misère des milliers d’enfants, de jeunes apprentis, d’analphabètes, provenant souvent des bas-fonds de Charonne et de Grenelle, ces quartiers de Paris où il a exercé son ministère.
Cependant Dieu a voulu encore davantage du premier prêtre des Religieux de Saint-Vincent-de-Paul… Il l’a choisi pour donner le témoignage le plus haut de l’amour et de la fidélité, par l’acceptation du sacrifice de sa propre vie entre les mains du Père éternel, comme le grain jeté en terre porte du fruit, pour le salut du monde. Le berger qui portait sur lui l’odeur des brebis – selon l’image souvent utilisée par le Pape François – a subi le même sort que le Christ, et il s’est préparé à cette offrande totale par l’accueil d’une vocation que nul ne peut désirer si elle ne lui a pas été donnée.
Ainsi, pour rejoindre le cœur du Père Planchat, il est nécessaire d’aller plus loin que ce qu’il a fait, au-delà de ses œuvres et de sa charité inventive. Dès le début des Constitutions des Religieux de Saint-Vincent-de-Paul, le fondateur, Jean-Léon Le Prevost, énonce : « La première œuvre et l’essentiel affaire chez nous, c’est d’aimer Dieu. Cette charité pour Dieu doit inspirer toute notre vie de consacré. Elle doit faire de nous des hommes de l’absolu, du vrai et du pur amour ».
Si le Père Planchat est admirable par ses œuvres et sa lutte contre l’injustice, en acceptant la violence du martyre, en s’abandonnant à Dieu, il nous aide à voir l’invisible avec les yeux de son cœur, avec son regard surnaturel. À sa suite, nous pouvons nous aussi marcher sur ce chemin d’humilité, en témoins de la charité, et refléter un amour qui n’a pas de frontières.