« Le chemin de la sainteté n’est pas fermé, il est universel, c’est un appel pour nous tous »

Saint Charles de Foucauld : un modèle pour la réforme de l’Eglise
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La canonisation de Charles de Foucauld : un message de fraternité offert au monde entier  

Le Pape François a canonisé le « Frère universel », l’offrant ainsi davantage comme référence à tous les catholiques du monde. L’événement tant attendu s’est déroulé sous un soleil radieux, à Rome, le 15 mai dernier, en présence notamment de l’archevêque d’Alger et de plusieurs milliers de fidèles venus de tous les continents.

La place Saint-Pierre était comble depuis tôt le matin, les pèlerins ayant convergé dès l’aube vers le lieu de la célébration pour trouver une place et participer à la messe au cours de laquelle dix nouveaux saints furent proclamés, quatre femmes et six hommes, dont Charles de Foucauld, le plus médiatisé du groupe.

« Dans l’Eglise j’ai rencontré de belles personnes », disait à qui voulait l’entendre le miraculé dont le témoignage a permis la canonisation du Frère universel. Ce jeune charpentier, accidenté en 2016, qui fut sauvé par l’intercession de Charles de Foucauld, bien que non baptisé et incroyant, avait tenu à être présent à Rome, plein de gratitude pour le cadeau de la santé mystérieusement reçu.

Mêlées humblement à la foule, certaines personnalités manifestaient l’attrait exercé aujourd’hui par le charisme du nouveau saint, comme par exemple Gad Elmaleh, un comédien français non chrétien originaire d’Afrique du Nord. « Je suis venu parce que pour nous tous, musulmans, juifs, chrétiens, Charles est notre frère ! », confiait-il avec simplicité, exprimant la conviction d’un grand nombre de personnes fascinées par la vie de ce « marabout » du désert qui avait choisi d’être bon et d’aimer gratuitement les autres, sans jamais faire passer ses propres intérêts en premier.

« Mon apostolat doit-être celui de la bonté », disait cet artisan du dialogue islamo-chrétien, qui tissa en permanence des relations d’amitié, comme à Tamanrasset avec Moussa Ag Amastan, chef d’une tribu locale. Fort de son expérience de l’Evangile vécu, il ne pensait plus à convertir mais à aimer. « Je suis certain que le bon Dieu accueillera au ciel ceux qui furent bons et honnêtes sans qu’ils soient catholiques romains », considérait-t-il à propos des musulmans qui l’entouraient, sans arrière-pensée de prosélytisme.

« Je veux habituer tous les habitants à me regarder comme leur frère », écrivait-il à sa cousine Marie de Bondy, s’exerçant à se soumettre à la volonté divine. Cette spiritualité de l’abandon confiant à Dieu s’approfondit progressivement dans son ermitage de l’Assekrem, quand il fut sauvé de la famine par des Touaregs qui lui apportèrent du lait de brebis, en 1908. Tué à l’âge de 58 ans par des pillards venus de Lybie, le 1er décembre 1916, sa mort évoque la parabole évangélique du grain de blé qui tombe en terre, l’offrande de sa vie ayant porté beaucoup de fruit.

Comme François d’Assise le fut en son temps, Charles de Foucauld est désormais pour toute l’Eglise catholique le modèle d’un retour à l’Evangile, réforme qui commence à travers le témoignage de chaque baptisé comme le Pape l’a souligné durant l’homélie de la canonisation.

« Dans l’obscurité et les tempêtes de la vie, c’est cela l’essentiel : Dieu nous aime », a d’abord fait remarquer le Saint-Père, précisant que notre identité humaine est d’être aimés de Dieu. « C’est notre force : aimés de Dieu », insista-t-il, avant d’expliquer que la sainteté n’est pas un objectif inaccessible, qu’elle est à rechercher et à embrasser « dans le quotidien, dans la poussière de la rue, dans les efforts de la vie concrète » et, comme le disait Thérèse d’Avila à ses sœurs, « parmi les casseroles de la cuisine ».

« Nous pouvons faire des choix et accomplir des gestes d’amour dans chaque situation et avec chaque frère et sœur que nous rencontrons, parce que nous sommes aimés et que nous avons la force d’aimer. De même que je suis aimé, je peux aimer », a insisté François, invitant chacun à se demander concrètement : « Qu’est-ce que je fais pour les autres ? ».

« Nos compagnons de route, canonisés aujourd’hui, ont vécu la sainteté de cette manière : ils se sont dépensés pour l’Évangile, ils ont découvert une joie sans comparaison et ils sont devenus des reflets lumineux du Seigneur dans l’histoire », notait aussi le Pape, ajoutant que « le chemin de la sainteté n’est pas fermé », qu’il est universel et constitue « un appel pour nous tous ».

« Chacun de nous est appelé à la sainteté, à une sainteté unique et non reproductible… La photocopie de la sainteté n’existe pas, la sainteté est originale, elle est la mienne, la tienne, celle de chacun de nous », rappelait-il encore, nous proposant d’être attentifs de façon personnelle au plan d’amour de Dieu.

Après la messe, dans les rues de Rome, les pèlerins échangeaient entre eux au sujet de ces heures historiques vécues ensemble sur la place Saint-Pierre. Avec les membres de la grande famille foucauldienne, ils  se sont retrouvés le soir dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale du diocèse de Rome, autour du cardinal Angelo De Donatis, Vicaire du Pape, pour une veillée d’action de grâce et de remerciements animée par la communauté amicale du chœur et orchestre Fideles et Amati.

« Charles de Foucauld nous apprend à nous cacher à tout regard qui ne soit pas l’amour de Dieu », résumait avec émotion l’artiste Fatima Lucarini, qui lors de cette soirée incarnait Marie de Bondy, dont l’influence spirituelle a été essentielle sur le cheminement intérieur du futur saint. Concluant cette journée de lumière, le cardinal De Donatis, lançait avec douceur à l’intention des pèlerins rassemblés ce soir-là : « Au fond, le message de cette canonisation c’est que nous sommes aimés pour aimer à notre tour ».

François Vayne

 

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