Rendez-vous à Sarajevo, Jérusalem de l’Occident

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L’honneur d’un ambassadeur
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Comme nous l’avons vu en la fête de Notre-Dame de Fatima, le 13 mai dernier, avec l’annonce de la reconnaissance de l’Etat de Palestine par le Saint-Siège, le Pape refuse courageusement de se laisser enfermer dans une logique de guerre, malgré le poids des lobbies et les manipulations de la propagande en vogue. Il évite en effet le piège médiatique tendu à grande échelle par ceux qui cherchent à entraîner les catholiques dans un combat islamophobe qui n’est pas le leur. Le prochain voyage de François, le 6 juin à Sarajevo, « Jérusalem de l’Occident » – le second d’un pape après saint Jean-Paul II en 1997 – s’inscrit dans cette dynamique de paix et de réconciliation qui renvoie la théorie du « choc des civilisations » au rayon brocante. Il n’a pas voulu de protection particulière et utilisera dans ses déplacements la jeep qui lui sert habituellement lors des audiences générales sur la place Saint-Pierre.« Bienheureux les ouvriers de paix, parce qu’ils seront appelés fils de Dieu », proclame Jésus dans l’Evangile de Matthieu (5,9) : le message du Pape en Bosnie-Herzégovine fera à nouveau retentir cet appel à construire des ponts de réconciliation, notamment entre chrétiens et musulmans. Aujourd’hui d’ailleurs la Bosnie-Herzégovine est dirigée en alternance par un musulman, un orthodoxe serbe et un catholique croate, dans le cadre d’une présidence à trois qui est un véritable modèle pour le monde. C’est ce modèle de convivance pacifique que François veut mettre en valeur durant ce voyage d’un jour, accompagné par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pour le dialogue interreligieux, et par le cardinal Kurt Kock, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Dans une société multiculturelle et multiethnique il soulignera que « la communauté chrétienne est appelée à s’ouvrir, à refléter dans le monde la lumière de l’Évangile », qu’elle ne peut rester « fermée sur ses nobles traditions » et doit « sortir de son enclos » pour élargir la présence de l’Église « au-delà du périmètre liturgique », comme il l’a dit aux six évêques de Bosnie-Herzégovine en visite ad limina apostolorum, le 16 mars dernier au Vatican.

Sur les pas de saint Jean-Paul II pour honorer la Reine de la Paix

Souvenons-nous des paroles prononcées par Jean-Paul II le 8 septembre 1994, lors de la messe qu’il présidait à Castel Gandolfo, retransmise en direct à la télévision et à la radio pour les habitants de Sarajevo, ville meurtrie où il n’avait pas pu se rendre en raison de la guerre qui y sévissait encore : « Demandons à la Vierge Marie que puisse surgir pour votre terre le jour de la pleine réconciliation et de la paix. Reine de la Paix, prie pour nous ! ». Reine de la Paix : c’est ainsi que se présente la Vierge Marie qui apparaît à 150 kilomètres de Sarajevo, dans le village de Medjugorje, depuis juin 1981. Ces apparitions, qui constitueraient de l’avis de saint Jean-Paul II « la continuation et l’accomplissement de Fatima », ont fait l’objet d’une longue enquête. La commission, dirigée par le cardinal Camillo Ruini, a remis le dossier à la Congrégation pour la doctrine de la foi et une décision est attendue depuis plusieurs mois. Le Pape en parlera-t-il ? Saluera-t-il les voyants ? Il est certain en tout cas que dans le contexte actuel de « troisième guerre mondiale disséminée en petits morceaux un peu partout », selon les termes de François, cette étape du pontificat a déjà une dimension prophétique. Invoquons saint Jean-Paul II, le premier pape « martyr vivant », et la Reine de la Paix, pour le succès de ce rendez-vous historique. De toute façon, quoiqu’il arrive, l’actuel successeur de Pierre vit pour toujours dans le cœur de l’humanité, dont il est devenu comme la conscience et qui – laissant les puissants désemparés – entend sa voix au plus profond d’elle-même.

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