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La fête de Notre-Dame de Lourdes vue par les nouveaux responsables du sanctuaire international

 

Entretien avec Mgr Micas, évêque de Tarbes et Lourdes

 . Mgr Jean-Marc Micas, ce 11 février 2023 marque le dixième anniversaire de la renonciation du Pape Benoît XVI. Selon vous pourquoi a-t-il choisi la fête de Notre-Dame de Lourdes pour poser ce geste historique d’humilité et qu’est-ce que cela révèle de la place de cette fête mariale dans l’histoire de l’Eglise?

. Je ne sais évidemment pas pourquoi le Pape Benoit XVI a choisi la fête de Notre Dame de Lourdes pour annoncer sa renonciation à sa charge il y a 10 ans, mais je ne pense pas que ce soit par pure coïncidence ou commodité ! Le 11 février a été choisi par saint Jean-Paul II pour être la Journée mondiale des malades. Le Saint-Père a-t-il voulu nous dire qu’il était malade, ou que l’Église était malade ? Dieu seul le sait ! En tout cas, il est clair que la fête de Notre Dame de Lourdes le 11 février est une date désormais entrée dans l’histoire. Saint Jean-Paul II lui a donné une signification profonde en lien avec le message de Lourdes : la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres, aux petits, aux malades, et ils témoignent de l’Espérance que donne la foi ; Benoit XVI l’a choisie pour annoncer qu’il allait se retirer « du monde », pour se consacrer à la prière pour l’Église et pour son successeur. Au fond, c’est ce que Bernadette a fait après avoir accompli sa mission à Lourdes, en se retirant à Nevers dans le silence d’un cloître pour se consacrer à la prière et au service des malades à l’infirmerie.

. Comment le sanctuaire de Lourdes a-t-il fait mémoire de Benoît XVI au moment de sa mort et dans les jours qui suivirent, et quelles sont les initiatives que vous prendrez afin de valoriser sa pensée et ses écrits, notamment son enseignement lumineux donné à Lourdes lors de son inoubliable pèlerinage pour le 150ème anniversaire des apparitions? 

. Le Sanctuaire de Lourdes se souvient avec émotion du pèlerinage du Saint-Père en septembre 2008. Benoit XVI y avait présidé plusieurs moments très forts, à l’occasion du 150e anniversaire des apparitions. Après l’annonce de sa disparition, le nom du pape émérite était mentionné à toutes les messes du Sanctuaire, au Memento des défunts. La radio catholique du diocèse lui a consacré de nombreuses heures, pour retracer sa vie, son ministère, son enseignement si riche, son pèlerinage à Lourdes. Le jour de ses funérailles, j’ai présidé une messe à la basilique du Rosaire pour rendre grâces à Dieu de nous avoir donné Benoit XVI au moment où l’Église entrait dans une nouvelle étape de son histoire. Il a eu un ministère attentif à la Vérité de l’Évangile et la cohérence à laquelle les chrétiens sont appelés : dans leur foi, dans leur vie personnelle, dans leur vie ecclésiale, dans la liturgie, dans la pureté des mœurs. Il a courageusement engagé l’Église dans un processus ou « amour et vérité » doivent se rencontrer. Nous avons rendu grâces de cela au cours de cette messe. J’avais demandé à Monseigneur Jacques Perrier, évêque émérite de Lourdes qui avait accueilli Benoit XVI en 2008 de prêcher au cours de cette messe. A ce jour, rien de particulier n’est spécifiquement prévu au niveau du Sanctuaire pour mettre en valeur l’enseignement du Pape Benoit XVI, sinon la mise en évidence de nombre de ses livres dans la Librairie de la Grotte, et l’encouragement à pratiquer l’évangile, ce qui est la meilleure manière de mettre en valeur l’enseignement des papes !

. Le 11 février est devenu la Journée mondiale des personnes malades, par la volonté de saint Jean-Paul II. Dans le cadre de votre action pastorale, quel relief souhaitez-vous donner à cette Journée mondiale, à l’heure où en France une indécente proposition de loi sur l’euthanasie semble faire peu de cas de la vie humaine?   

. Les personnes malades sont et ont toujours été au cœur du Message de Lourdes : la Bonne Nouvelle est confiée aux pauvres, aux petits comme sainte Bernadette, aux personnes en marge de la société, comme les bergers de Bethléem… Mon action pastorale à Lourdes vise à assurer que cette façon de voir et de faire de Dieu ne soit jamais trahie ni dénaturée. Aujourd’hui, dans notre monde sécularisé et matérialiste, visant l’efficacité, le rendement, la vitesse et l’enrichissement, les personnes fragiles, et en particulier les malades, sont choisies par Dieu pour confondre les sages et les intelligents, les « riches » aux yeux des hommes. C’est peut-être pour cela qu’elles « dérangent » tant ? A Lourdes, les malades occupent la 1ère place, dit-on. Je crois que c’est vrai. Il faut veiller à ce que ce soit toujours le cas, aujourd’hui, demain et toujours, car le Message de Lourdes est là, dans le creux de leurs mains. Le 11 février est traditionnellement consacré à l’organisation des « Journées de Lourdes ». Les Présidents d’Hospitalités, les Organisateurs de pèlerinages et beaucoup d’autres, du monde entier, se retrouvent à Lourdes pour des journées de travail, de rencontre, de prière. Avec le Recteur, nous voulons que ces travaux mettent toujours les personnes malades au cœur des préoccupations, des organisations, des décisions. Nous veillons à ce que Dieu qui nous parle à travers eux soit bien entendu de tous. Nous sommes convaincus que ce qui se passe ici à cette occasion peut aussi constituer un message pour les responsables de nos sociétés humaines.

Propos recueillis par François Vayne

 

Entretien avec le Père Michel Daubanes, recteur du sanctuaire

. Père Michel Daubanes, avant d’être recteur du sanctuaire, que représentait Lourdes pour vous ?

Le sanctuaire a toujours été très important pour moi, fondateur même. En participant en famille à des pèlerinages diocésains, je lui dois l’apprentissage de la prière. En m’engageant dans l’Hospitalité de mon diocèse puis de Notre-Dame de Lourdes, je lui dois la découverte de la beauté du service des malades, des plus petits. En vivant bien des rencontres et en participant à bien des célébrations, je lui dois la joie de croire. En lui accordant chaque année la première place, quelles que soient les autres sollicitations qui m’étaient faites, je lui dois ma vocation, mon désir d’être heureux, au service des autres, en Eglise.

. Nouveau recteur du sanctuaire de Lourdes, qu’avez-vous prévu d’original cette année, à l’occasion de la fête de Notre-Dame de Lourdes, anniversaire de la première apparition? Quel est le programme de cette grande fête ?

L’original en 2023, c’est de pouvoir vivre des Journées de Lourdes telles qu’on commençait à en perdre l’habitude, du fait de la pandémie ! C’est de lancer des invitations larges et de constater l’afflux des réponses. C’est de pouvoir goûter la joie de débuter une saison qui s’annonce prometteuse. Outre les temps de conférences, d’échanges, de réflexion, d’ateliers, nous avons voulu valoriser les gestes de piété que les pèlerins  effectuent en les vivant nous-mêmes, tous ensemble. Il s’agit du passage au rocher de Massabielle, du geste de l’eau aux piscines, du cierge aux chapelles des lumières qui ont été restaurées après l’incendie de juillet dernier et qui seront bénies pour l’occasion. Bien sûr, le thème d’année 2023 sera présenté. Les participants à ces Journées auront aussi la primeur de quelques projets, y compris de grande ampleur, puisqu’il s’agit de réfléchir à Lourdes 2030 ! Nous évoquerons les missions N.-D. de Lourdes et les voyages des reliques de Ste Bernadette. Évidemment, un large temps sera consacré à la prière, aux célébrations.

. Les directeurs de pèlerinages se réunissent traditionnellement à Lourdes le 11 février, notamment pour étudier le thème annuel de réflexion et de prière proposé aux pèlerins. Quel est ce thème, comment sera-t-il approfondi et en quoi peut-il être source d’évangélisation aux yeux du prêtre que vous êtes ?

. Ce thème se situe dans le prolongement de celui de 2022 : “Allez dire aux prêtres que l’on bâtisse ici une chapelle”. Il sera complété l’an prochain, avec la suite de la parole de la Vierge Marie à Bernadette le 2 mars 1858, lors de la 13ème apparition, avec “et que l’on y vienne en procession”. Ce thème me semble être d’une très grande actualité car il va nous inviter à réfléchir à l’Eglise. En ces temps où elle est parfois bien ballottée, interrogée, parfois critiquée, les pèlerins vont pouvoir s’interroger sur l’Eglise dans laquelle ils s’impliquent ou pas. A travers la chapelle, c’est bien de notre communauté chrétienne qu’il s’agit. Témoins de la foi, ouvriers de 2023, quelle construction voulons-nous poursuivre ? Ici à Lourdes, nous avons quelques idées sur la chapelle dans laquelle les malades sont au cœur. La réflexion s’annonce passionnante et décisive, la prière déterminante!

. Lors d’une conférence de presse à Rome, le 12 décembre dernier, liée à la rencontre internationale des journalistes catholiques à Lourdes qui s’est déroulée fin janvier, vous avez présenté vos priorités pour le sanctuaire, en particulier s’agissant des jeunes. Quel est votre plan pastoral pour Lourdes dans les années qui viennent ?

. Au risque de vous décevoir, je n’ai pas de grand plan pastoral déterminé ! Si ce n’est écouter les uns et les autres, connaître chaque personne engagée dans ce sanctuaire depuis plus ou moins longtemps et discerner avec les autres chapelains et les laïcs engagés dans la mission les voies à entreprendre pour annoncer l’Evangile à toutes les personnes qui se présentent aux portes du sanctuaire. Pèlerins organisés bien sûr, mais aussi individuels et parfois personnes éloignées de la foi. Les périphéries se présentent à nos portes : n’est-ce pas là le plus beau des défis que nous ayons à relever ? Ensuite, un certain nombre de travaux sont à entreprendre dans les années qui viennent, pour moderniser certains bâtiments, adapter certains lieux et répondre à des attentes nouvelles. Concernant les jeunes, un vaste programme de modernisation du Village des Jeunes est d’ores et déjà en cours. Et nous en accueillerons plus de 20 000 lors de leur passage vers les Journées Mondiales de la Jeunesse de Lisbonne au mois d’août.

. Ces dernières années le sanctuaire de Lourdes semble avoir souffert d’une sorte de dérive commerciale bien éloignée de “l’esprit de Bernadette”. La presse a abondamment évoqué ce problème quand le Pape François a souhaité redonner au sanctuaire un cap plus cohérent avec le message de Lourdes, par la nomination d’un Délégué apostolique. Le Saint-Père a ensuite procédé à la nomination d’un nouvel évêque, Mgr Micas. En tant que recteur nommé par ce nouvel évêque, que comptez-vous faire, avec les chapelains du sanctuaire, pour ramener l’esprit de Bernadette à Lourdes et permettre aux pèlerins de revenir nombreux, attirés par le bon parfum de l’Evangile vécu?

. Je ne veux pas rentrer dans le détail du passé, je suis résolument tourné vers l’avenir ! L.es responsables de l’époque ont dû faire face à des problématiques qui ne sont plus celles de 2023, et je les remercie grandement de les avoir résolues ! En ce qui me concerne, je mets l’accueil inconditionnel de tous, la place de l’humain au cœur de mes préoccupations. D’autre part, je ne négocierai jamais le fait que les petits et les pauvres soient au premier rang de nos assemblées et au centre de nos préoccupations pastorales. L’économique est au service de la pastorale, et non l’inverse !

Propos recueillis par François Vayne

1 Comment

  1. Gorius Elisabeth dit :

    Merci beaucoup pour cette très belle interview et la note d’espérance qui en émane.
    En communion par la prière spécialement demain avec Notre Dame de Lourdes et le 18 février pour la fête de ste Bernadette.
    Bien fraternellement,
    Elisabeth Gorius

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