Le Pape en Haute Mésopotamie, aux côtés des chrétiens persécutés
Des pétales de fleurs recouvraient la voiture blindée du Pape, signe de la joie immense du peuple qui l’accueillait à Mossoul, ce dimanche, dans un climat de fête. Nous n’oublierons pas les images bouleversantes de François au milieu des ruines de cette ville qui fut la « capitale » des diables au drapeau noir, ces miliciens fanatisés de Daesh qui détruisaient tout sur leur passage.
Là, près de l’antique Ninive, en Haute Mésopotamie, au nord de l’Irak, François a voulu prier pour toutes les victimes de la guerre et des conflits armés. « Comme il est cruel que ce pays, berceau de civilisations, ait été frappé par une tempête aussi inhumaine, avec d’antiques lieux de culte détruits et des milliers et des milliers de personnes – musulmanes, chrétiennes, yézidies et autres – déplacées de force ou tuées ! », s’est-il exclamé, rappelant la véritable identité de cette ville, celle de « la coexistence harmonieuse entre des personnes d’origines et de cultures différentes ».
Il a souligné combien « la diminution tragique des disciples du Christ, ici et dans tout le Moyen-Orient, est un dommage incalculable », considérant qu’un tissu culturel et religieux riche de diversité est affaibli par la perte de n’importe lequel de ses membres. « Comme dans un de vos tapis artistiques, un petit fil arraché peut endommager l’ensemble », expliqua poétiquement le successeur de Pierre, avant d’invoquer le Dieu Tout-Puissant en faveur des victimes mais également de leurs bourreaux : « Nous te confions ceux dont la vie terrestre a été écourtée par la main violente de leurs frères, et nous t’implorons aussi pour tous ceux qui ont fait du mal à leurs frères et à leurs sœurs : qu’ils se repentent, touchés par la puissance de ta miséricorde ».
Le voyage s’est poursuivi ensuite jusqu’à Qaraqosh, à une trentaine de kilomètres au sud de Mossoul, cité assyrienne millénaire dont la grande majorité des habitants est de religion catholique syriaque. Tombée aux mains des djihadistes sunnites de « l’Etat islamique », le 6 août 2014, Qaraqosh, saccagée et vidée de sa population, ne fut libérée qu’en octobre 2016, lors de la bataille de Mossoul.
Pour ma part, je pensais en vivant ces moments, en direct avec le Pape, à un ami dominicain de Marseille mort récemment, le Père Jean-Marie Mérigoux, irakien de cœur, qui a souvent témoigné de la vitalité de la communauté catholique de Qaraqosh à laquelle il était resté très attaché. Quelle joie a du être la sienne, au Ciel, dans la communion des saints, voyant renaître cette ville chrétienne réunie autour du Vicaire du Christ ! « Du ciel, les saints veillent sur nous : invoquons-les et ne nous lassons pas de demander leur intercession », a d’ailleurs dit le Saint-Père, s’adressant aux familles chrétiennes rassemblées dans l’église de l’Immaculée Conception, encourageant toute la communauté à ne pas perdre l’espérance.
« Lorsque j’arrivais avec l’hélicoptère, j’ai vu la statue de la Vierge Marie sur cette église de l’Immaculée Conception, et je lui ai confié la renaissance de cette ville », a-t-il ajouté, confiant avoir attendu avec impatience ce moment. « La Vierge non seulement nous protège d’en haut, mais elle descend vers nous avec une tendresse maternelle. Sa représentation a été ici blessée et bafouée, mais le visage de la Mère de Dieu continue à nous regarder avec tendresse », insista François.
« Notre rencontre montre que le terrorisme et la mort n’ont jamais le dernier mot. Le dernier mot appartient à Dieu et à son Fils, vainqueur du péché et de la mort. Même au milieu des dévastations du terrorisme et de la guerre, nous pouvons voir, avec les yeux de la foi, le triomphe de la vie sur la mort », déclara encore le Pape, faisant remarquer que la diversité culturelle et religieuse des habitants de Quaraqosh « montre quelque chose de la beauté que votre région offre pour l’avenir ».
« Le moment est venu de reconstruire et de recommencer, en se confiant à la grâce de Dieu qui guide le destin de tout homme et de tous les peuples », a-t-il conclu, invitant l’Eglise qui est en Irak à ne pas se décourager de pardonner, même si la route vers une pleine guérison peut-être encore longue : « Le pardon est nécessaire pour demeurer dans l’amour, pour demeurer chrétien ».
Ce 33ème voyage apostolique de François s’est terminé par une messe à Erbil, dans le Kurdistan irakien, qui a vu la participation de très nombreux réfugiés de la plaine de Ninive, appelés à retourner progressivement chez eux. « Le Seigneur nous promet que, par la puissance de sa Résurrection, il peut nous relever, nous et nos communautés, des ruines causées par l’injustice, par la division, et par la haine. C’est la promesse que nous célébrons dans cette Eucharistie », affirma le Pape lors de cette dernière célébration, en attestant aux yeux du monde entier que « l’Eglise en Irak est vivante ».
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Merci cher François pour vos publications qui mettent en valeur les points importants de cette visite apostolique historique du Saint Père et qui revêt une importance particulière aux chrétiens irakiens et à tous les chrétiens du Moyen Orient cette terre meurtrie par tant de souffrance, de haine et d’injustice. La présence du Pape François vient mettre du baume sur les blessures et raviver l’espérance dans les cœurs. Puisse son message d’amour et de paix être écouté ! 🙏 🙏