Que retenir du récent voyage de François en Campagnie? J’ai aimé sa prière devant le tombeau du bienheureux Bartolo Longo, apôtre du Rosaire, dans le sanctuaire marial que ce Chevalier du Saint-Sépulcre fit construire près des ruines de l’antique Pompéi dévastée par une éruption du Vésuve. Bartolo Longo, laïc converti, passé par le spiritisme, créa des orphelinats et des instituts scolaires, manifestant la fécondité sociale de la foi chrétienne et sa puissance d’amour. Fort de ce patronage spirituel, le Pape a exhorté la population de la région à réagir face à la criminalité, rappelant que pour un chrétien le mal n’a jamais le dernier mot.« Un printemps d’espérance » a justement titré l’Osservatore Romano de dimanche 22 mars, au lendemain de la visite du Pape à Pompei et à Naples, dans l’enfer de « Gomorra ». Sa rencontre avec les enfants du quartier très défavorisé de Scampia, dans la banlieue napolitaine, a marqué les esprits, quand les petits l’ont assailli et entouré, comme Jésus dans l’Evangile. Sa capacité unique à entrer en relation a encore touché les cœurs en profondeur, bien au-delà des mots, favorisant le bien qui ne fait pas de bruit.
« Si l’espérance tu ne la vois pas, trouve-la en toi » , pourrait-on résumer en cherchant à synthétiser le message délivré aux habitants les plus pauvres de cette ville italienne sinistrée par un chômage et une corruption endémiques, sans doute depuis le pillage dont elle a fait l’objet par les brigands envieux venus du nord, lors de la destruction du royaume des Bourbons, en 1861. Après l’annexion sanglante et forcée au nouvel État italien, l’économie florissante des Deux-Siciles fut en effet anéantie au profit des Piémontais, ce qui provoqua un désastre économique sans précédent, dont le sud a encore du mal à se relever. La révolte fut il est vrai sauvagement réprimée.
S’exprimant en dialecte local, François, venu encourager les descendants des victimes de ce vol en bande organisée, a béni les jeunes, les anciens, les familles, en invoquant la Vierge avec ces mots pleins d’affection : « Ca ’a Maronna v’accumpagne ! » (« Que la Madonne vous accompagne! »). Comme pour confirmer l’impact de cette visite riche de promesses, le sang coagulé de saint Janvier s’est liquéfié quand le Pape a tenu entre ses mains le précieux reliquaire, en présence de l’archevêque, des prêtres et d’une multitude de fidèles, dans la cathédrale de Naples où ce prodige ne s’était réalisé ni avec Jean-Paul II ni avec Benoît XVI. Le peuple n’a pas tardé à interpréter cela, y voyant un appui céleste au magistère réformateur et évangélique de François, « le pape qui parle avec le cœur » . Il a répété que celui qui dit du mal dans le dos de son prochain est un « terroriste » – « Chi chiacchiera è un terrorista » – et que ces comportements négatifs doivent être combattus, surtout dans l’Eglise : tout un programme pour chacun et pour tous.