Le culte marial est profondément enraciné dans une France politiquement laïque
« Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! » (Isaïe, 40 , 9)
Le Figaro, le plus ancien quotidien de France, est le premier journal national français. Fondé en 1826, il doit son nom au personnage de l’écrivain Beaumarchais dont il a fait sienne la fameuse réplique: « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » (Le Mariage de Figaro). En plus d’un hebdomadaire à grand tirage, Le Figaro Magazine, qui accompagne le quotidien chaque week-end, le groupe Figaro publie des hors-séries sur des sujets variés, souvent à tonalité historique. Récemment c’est un très beau numéro spécial intitulé Marie, celle qui a dit oui, de 162 pages, qui a été réalisé par l’équipe du journaliste Michel De Jaeghere, directeur des Figaro Hors-Série qu’il a créés en 2001.
« Nous avions collaboré avec les dominicains de l’Ecole biblique de Jérusalem, notamment pour un numéro sur Jésus, paru il y a deux ans. Ce partenariat nous a inspiré d’élaborer ensuite ensemble un hors-série sur Marie, ce qui fut une expérience intérieure très profonde, qui a conduit les membres de mon équipe de rédaction à s’interroger sur l’essentiel, en particulier lors de la longue recherche iconographique », raconte Michel De Jaeghere. Il rappelle qu’en France 50% des habitants, 32 millions, font encore baptiser leurs enfants dans l’Eglise catholique et qu’il existe « une dichotomie entre l’élite politico-médiatique antireligieuse et le peuple ». Ainsi par exemple les maires de France, à l’écoute de leurs administrés, continuent à présenter des crèches de Noël dans les lieux publics malgré les pressions d’une idéologie laïque gouvernementale qui cherche à les interdire. « Dans un contexte où l’Eglise catholique est très affaiblie au plan institutionnel à la suite de scandales largement orchestrés, la Vierge Marie reste très aimée des français et les sanctuaires mariaux sont comme des oasis dans le désert de la sécularisation », constate en substance Michel De Jaeghere. Il considère que la source culturelle chrétienne continue de couler en France, mais de façon souterraine, parce que « les gens sont tétanisés par la propagande laïciste et n’osent plus déclarer leur foi publiquement ».
En couverture du hors-série sur Marie, il a choisi une statue médiévale de la Vierge, qui était au couvent dominicain de Toulouse avant d’être dérobée pendant la Révolution française. « Majestueuse, sans aucune mièvrerie, elle se trouve désormais au musée des beaux-arts de Toulouse et représente bien la jeunesse de Marie ainsi que son autorité royale », commente-t-il, en précisant que chaque article thématique du numéro est illustré par des œuvres d’un même peintre, souvent italien, tel que Giotto ou Raphaël, avec une prédominance pour les artistes de la Renaissance. Parcourir la vie de Marie de façon méditative est sans doute la dimension la plus touchante de ce hors-série dont le Père Renaud Silly, 45 ans, du couvent dominicain de Toulouse, est le principal artisan. Il a non seulement écrit mais proposé les différents auteurs à l’équipe du Figaro Hors-Série. « L’Eglise sera mariale ou ne sera pas », déclare le Père Silly, qui a vécu longtemps à Jérusalem, soulignant que « la seule gloire à laquelle Marie nous fait aspirer c’est la gloire du Ciel ».
« Nous avons voulu montré que la Vierge transcende les frontières et parle à toute l’humanité, y compris aux non-chrétiens, elle est une mère qui rassemble », ajoute ce religieux dominicain, faisant référence à l’apostolat marial de l’islamologue catholique français Louis Massignon dans la relation d’amitié avec les musulmans. Le Père Silly voit en Marie la « messagère de Sion » celle décrite dans la Bible (Isaïe 40, 9) qui est aux avant-postes de l’évangélisation à travers ses apparitions auxquelles ce numéro très spécial consacre de très belles pages.
Avec ce hors-série du Figaro, Marie, celle qui a dit oui, nous répète qu’un oui, notre oui, peut faire des miracles.
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« L’icône de l’humanité appelée à être Eglise »
Le mystère de la Vierge Marie nous est conté, sur un papier brillant qui renforce les couleurs, à travers les 162 pages merveilleusement illustrées de ce Figaro Hors-série. La présentation photographique de la piété mariale dans le monde – par exemple à Marseille avec la « Bonne Mère » – est accompagnée de textes de poètes français tels que Baudelaire, Péguy ou encore d’Apollinaire. Des reproductions de tableaux de peintres italiens, comme Raphaël, le Caravage, Veronese, Tisi dit il Garòfalo et Botticelli, éclairent le récit de la vie de la Vierge, avant une très belle méditation sur la fille de Sion et Israël, écrite par un dominicain qui étudie à l’université hébraïque de Jérusalem. Ce numéro nous entraîne aussi vers les sites de Terre Sainte au caractère marial, puis propose de réfléchir sur le « féminisme chrétien », nous invitant à reconnaître en Marie « l’icône de l’humanité appelée à être Eglise », autrement dit toute l’humanité devant Dieu.
Le thème de la Vierge à l’enfant dans la peinture et la sculpture est également développé, avec de nombreuses références à l’Écriture sainte. De plus, les apparitions de la Vierge sont décrites longuement, des origines à nos jours, ainsi que l’histoire et la signification du dogme de l’Immaculée Conception, représenté lumineusement par la peinture du Greco. La plus célèbre de toutes les prières, le Je vous salue Marie, est mis à l’honneur, avec d’autres prières à la Vierge, notamment le Salve Regina, qui donnent à la publication la dimension d’un livre liturgique.
Les mystères du Rosaire, Marie dans le livre de l’Apocalypse, ainsi que la Vierge dans la polyphonie biblique, enrichissent aussi cet exceptionnel Figaro Hors-série, où il ne manque que l’aspect important du dialogue interreligieux qui se noue autour de Marie, en particulier avec les croyants de l’islam, très attachés à la mère de Jésus, Myriam, qu’ils aiment et respectent. Cette absence criante révèle un malaise idéologique par rapport à la présence de six millions de musulmans en France, qui n’attendent pourtant qu’une main tendue amicale pour mieux s’intégrer, surtout de la part des fidèles de l’Eglise catholique.
François Vayne
1 Comment
Merci pour cet article qui met en lumière la richesse de notre presse et la beauté du mystère mariale de l’Eglise.
“L’Eglise sera mariale ou ne sera pas” résonne en cet aujourd’hui qui nous invite à nous laisser guider par la main de Marie.