Tandis qu’une trêve fragile en Ukaine vient d’être acquise à la rencontre de Minsk, grâce surtout à la médiation de la chancelière allemande, Angela Merkel, l’armée américaine s’apprête à former les soldats ukrainiens qui sont en conflit avec les séparatistes prorusses. La situation s’aggrave en réalité, et le spectre d’une guerre opposant plusieurs grandes nations se rapproche, la menace nucléaire faisant craindre le pire pour les populations. Dans ce climat mondial tendu, plus de 160 cardinaux du monde entier sont présents au “consistoire” cette semaine à Rome, autour du Pape François, cherchant avec lui à simplifier le fonctionnement de l’Eglise pour faciliter la transmission du message d’espérance que le Christ lui a confié. François veut en effet que la réforme de la Curie romaine soit exemplaire pour le renouveau spirituel de l’Eglise universelle, au service de la famille humaine. Il s’agit de favoriser partout un témoignage chrétien plus authentique, dans un monde en crise, peut-être au bord d’une catastrophe apocalyptique. Mercredi 11 février, à l’audience générale, le Pape, avec gravité, s’est approché de la statue de Notre-Dame de Lourdes pour la toucher, comme si il lui demandait d’intercéder en suscitant – avec le Saint Esprit, guide de l’Eglise – des initiatives fraternelles et solidaires soutenues par des personnalités évangéliques et désintéressées.
Réuni en début de semaine, le fameux C9, ce conseil des cardinaux créé par le Pape, prépare une réorganisation en regroupant des dicastères, avec un pôle chargé de la santé, de la charité et de la promotion de la paix, et d’autre part un pôle consacré aux laïcs et à la famille. Ces deux nouvelles grandes congrégations mettront en valeur l’importance de l’engagement pour la justice et la place centrale des baptisés dans l’Eglise, conformément à ce qu’avait prévu le Concile Vatican II.
Malgré la résistance de ceux qui restent attachés à une forme de pouvoir ecclésiastique sans rapport avec l’enseignement de Jésus, la réforme voulue par le dernier conclave devrait être codifiée officiellement en 2016. « Nous voulons une Eglise de la liberté, de la miséricorde, de l’espérance et de la consolation, qui aide les gens à sanctifier le quotidien », résume en substance Edoardo Menichelli, l’archevêque d’Ancône, un des vingt nouveaux cardinaux qui reçoivent la pourpre samedi 14 février. La nomination de ce pasteur de terrain, dont le diocèse est proche de Lorette – où est vénérée la petite maison de Marie, apportée de Terre Sainte au Moyen Âge – marque la volonté du Pape d’en finir avec les privilèges mondains liés à certains sièges épiscopaux. De grands diocèses, notamment italiens, n’ont en effet toujours pas de cardinal à leur tête.
Les mêmes qui auraient détesté François d’Assise au XIIème siècle font un faux procès au Pape François, relayés par les ennemis de l’Eglise dont ils sont plus ou moins consciemment les laquais. N’oublient-ils pas que la couleur rouge de la barrette cardinalice évoque la participation actuelle des martyrs aux souffrances du Christ pour son corps qui est l’Eglise? Le catéchisme de l’Eglise catholique (n°675-677) enseigne que, à la fin du monde, l’Eglise sera à l’image de son Maître crucifié, faible et méprisée. Cette « Passion de l’Eglise » accompagne le triomphe de Dieu sur la révolte du mal. Les cardinaux sont appelés à en être les premiers témoins, pour nous entraîner à suivre le Seigneur dans sa mort et sa Résurrection (Apocalypse 19, 1-9), seul horizon après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe.
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Sans doute, chacun de nous, aura toujours beaucoup de mal à passer par ce “…il fallait bien…” de l’Evangile ? Pourtant, n’est-ce pas sur l’Obscurité que peut se lever la Lumière dans toutes ses couleurs ?
`Le disciple n’est pas au-dessus du Maître`…