« Si tu veux me servir sois simple, et que tes actions répondent à tes paroles. » (Notre-Dame de Pellevoisin à Estelle Faguette, le 19 février 1876)

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Rencontre avec le Frère Laurent Flichy, recteur du sanctuaire de Pellevoisin

Les apparitions mariales à Pellevoisin, au centre de la France, dans l’Indre, seraient survenues quinze fois, du 14 février au 8 décembre 1876, à une femme de 33 ans gravement malade, Estelle Faguette, qui fut guérie par l’intercession de la Vierge. Le vendredi 30 août dernier, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a confirmé la dévotion mariale qui s’exprime depuis près de 150 ans au sanctuaire de Pellevoisin, par un “nihil obstat” qui ne vaut pas pour autant reconnaissance des apparitions. La procédure, entamée en 2021 avec la création d’une commission théologique pluridisciplinaire, a donc ainsi porté ses fruits. Mgr Jérôme Beau, archevêque de Bourges, présidera une messe d’action de grâce sur l’esplanade du sanctuaire le dimanche 22 septembre. Dans la perspective de cette célébration, le Frère Laurent Flichy (61 ans), prêtre de la Congrégation Saint-Jean et Recteur du sanctuaire, a répondu à mes questions sur ces apparitions qui me sont chères depuis que j’ai reçu le scapulaire du Sacré-Coeur à Pellevoisin, il y a près de 20 ans déjà.

. La rue du Bac à Paris, La Salette, Lourdes, Pontmain, Pellevoisin, la France est-elle privilégiée par Marie ?

Il est à noter que la Vierge Marie a visité cinq fois la France après le traumatisme de la Révolution athée et antichrétienne de 1789, interpellant indirectement cinq régimes politiques différents, lors de cinq moments sociopolitiques compliqués. Nous pouvons y voir comme un encouragement à se réapproprier la pureté de notre baptême sans aucune nostalgie du passé. Cinq moments clés de sa liturgie relient les cinq actes de ces épiphanies mariales : la profession de foi en la proximité agissante de Dieu par l’intercession de l’Immaculée (1830 – médaille de la Rue du Bac à Paris), la contrition et le renoncement au péché (1846 – larmes de La Salette), le bain de régénérescence (1858 – source de Lourdes), la lumière du Christ reçue par la prière personnelle, en famille et en paroisse (1871 – une nuit à Pontmain), enfin le scapulaire du Sacré-Cœur, en signe de protection pour témoigner d’une vie sainte conforme à l’Evangile, tel un rappel de la robe baptismale (1876 à Pellevoisin).

. Comment expliquez-vous le récent et tardif « nihil obstat » de Rome aux apparitions mariales de Pellevoisin ? Cette déclaration va-t-elle changer quelque chose pastoralement au sanctuaire?

Le pape François a souvent exprimé que le Magistère de l’Eglise se devait d’être attentif au sensus fidei du peuple chrétien. Nous venons de vivre un très beau moment ecclésial dans ce sens : les fidèles, guidés par des passeurs locaux, encouragés par les papes, ont grandi paisiblement dans leur vie spirituelle en s’appuyant sur le chemin d’Estelle. Aujourd’hui, après presque 150 ans, le magistère de l’Eglise, éclairé par les théologiens, psychologues et historiens, confirme la fécondité de cette expérience spirituelle. Notre sanctuaire diocésain français est appelé à servir au delà de ses particularités, selon les mots du décret du Dicastère romain : « Tous y trouveront un chemin de simplicité spirituelle, de confiance et d’amour, susceptible de faire beaucoup de bien ». Le ministère de Pierre garantit et accompagne la catholicité de notre vie de disciples du Seigneur que ces « épiphanies » mariales encouragent, dans la dynamique des paroles de Marie désignant son Fils à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ».

. Comment résumeriez-vous le cycle des apparitions dont Estelle Faguette a bénéficié et le message qu’elle a été appelée à transmettre?

 L’histoire a commencé avec une lettre d’une jeune femme malade, Estelle Faguette, déposée au pied d’une statue de Notre-Dame de Lourdes, dans laquelle elle demandait sa guérison. La Vierge lui répondit en apparaissant quinze fois, lui offrant la guérison de la part de son Fils lors de la cinquième apparition, le 19 février 1876. Suite à la lettre de supplique d’Estelle, la Vierge Marie lui fit parcourir des étapes : cinq rencontres pour la préparer à sa « guérison entière », et dix pour l’entraîner à sa mission de chrétienne. Un lien fort avec Lourdes existe, dans la mesure où le 3 juillet la Vierge dit à Estelle « Je suis venue terminer la fête », faisant référence à un évènement important dont la voyante alors ignorait tout : en effet ce jour-là à Lourdes la statue de la Vierge couronnée venait d’être inaugurée. Le sanctuaire de Pellevoisin célèbrera l’année prochaine le 150ème anniversaire de la guérison d’Estelle. « Confiance, Calme, Courage… Je t’ai choisie… je choisis les petits et les faibles pour ma gloire… fais tout tes efforts… sois simple… Je serai invisiblement près de toi…», a dit notamment Marie à Estelle. Ces paroles essentielles demeurent un appui pour vivre notre baptême dans ce monde agité et angoissant, sous la conduite maternelle de la Vierge, avec un cœur brûlant d’amour comme le sien, uni à celui du Christ. Cette union de leurs deux cœurs, Marie l’a signifiée le 9 septembre 1876, lors de la 9ème apparition, montrant à Estelle le scapulaire du Sacré Cœur qu’elle porte sur la poitrine, ce scapulaire qui deviendra le signe du renouveau spirituel intérieur vécu dans le sanctuaire par chaque pèlerin que la Miséricorde transforme.

. Qu’est devenue Estelle après les apparitions ?

De 32 ans à 86 ans, elle eut à souffrir beaucoup d’épreuves et de contradictions, cependant elle est restée humble et équilibrée, enracinée dans la foi. C’est Estelle elle-même qui a présenté le scapulaire du Sacré-Cœur diffusé à Pellevoisin au Pape Léon XIII en 1900. Elle a été reçue en 1912 avec bienveillance par le pape Pie X. Plus tard, en 1922, le Saint-Office établit que le scapulaire du Sacré-Cœur pourrait être donné autant à Pellevoisin qu’à Paray-le-Monial et Montmartre. Ce scapulaire s’est répandu  en Italie, Irlande, Angleterre, Autriche, Allemagne, Martinique, Etats-Unis, Chine, Philippines, Ceylan, Corée, Congo, Brésil… À 83 ans, au moment de son entrée dans le Tiers-Ordre dominicain sous le nom de Marguerite-Marie, Estelle témoigna sur un ex-voto : « Merci ma bonne Mère, pour ma vieillesse heureuse ». Trois ans plus tard, elle acheva son pèlerinage sur terre dans une entière fidélité à son appel, nous indiquant que la présence des chrétiens dans le monde doit être vécue sous le signe du service désintéressé des autres.

. Où en est la cause de béatification d’Estelle et quelles grâces ont déjà été obtenues par son intercession?

Mgr Jérôme Beau, notre évêque, a réuni une Commission pluridisciplinaire pour étudier l’histoire, le développement du sanctuaire et son rayonnement actuel. Les conclusions favorables à l’unanimité rendues en décembre dernier, ont permis de déposer un dossier au Dicastère pour la Doctrine de la Foi en janvier. La déclaration récente marque un tournant qui va permettre très certainement l’ouverture du procès diocésain concernant la sainteté d’Estelle. Elle est toujours restée cachée derrière la Vierge Marie, d’ailleurs les lettres des pèlerins sont adressées à la Mère de Miséricorde et pas à elle. Cependant de plus en plus de personnes découvrent en Estelle une figure d’Evangile, au delà des charismes extraordinaires dont elle a pu bénéficier en tant que voyante. C’est une femme d’origine modeste, restée célibataire, travailleuse, attentive aux besoins des autres, soucieuse d’accomplir la volonté de Dieu! Son prénom évoque le mot latin stella, c’est-à-dire l’étoile. Estelle nous guide vers la Mère de Miséricorde pour écouter de nouveau ce qu’elle dit, en particulier le 19 février 1876 : « Si tu veux me servir sois simple, et que tes actions répondent à tes paroles ». N’hésitons pas à demander à Estelle d’intercéder pour que nous mettions plus souvent en pratique l’Evangile, seule attitude qui peut transformer le monde autour de nous !

Propos recueillis par François Vayne

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