La belle histoire de Notre-Dame du Ciel, « apparue » dans une décharge
Lors de son voyage apostolique en Mongolie, le Pape François, bénissant une statuette de « Notre-Dame du Ciel », a exalté l’exemple qu’offre la Vierge Marie à tous les baptisés, appelés à devenir, avec elle, disciples-missionnaires.
Sur le thème « Espérer ensemble », le 43ème voyage pontifical s’est déroulé à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, du 31 août, au 4 septembre, aux confins de la Chine, où le Pape Bergoglio rêve de se rendre un jour, sur les pas de son confrère jésuite Matteo Ricci. Formée de huit paroisses, réunie autour du plus jeune cardinal du monde, le Préfet Apostolique Giorgio Marengo (49 ans), avec une trentaine de prêtres, dont deux seulement d’origine mongole, et une quarantaine de religieuses, l’Eglise catholique en Mongolie (1500 baptisés environ de 22 nationalités), pauvre, minoritaire et marginale, rappelle la situation de la primitive Eglise en même temps qu’elle offre un modèle universel de renouveau évangélique et missionnaire.
Un des grands moments de cette visite à la petite communauté catholique locale fut la rencontre du Pape avec le clergé, les personnes consacrées et les agents pastoraux dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, où est vénérée une petite statue de l’Immaculée Conception, honorée sous le vocable de « Mère du Ciel ». Avant d’entrer dans la cathédrale, le Saint-Père a d’abord été symboliquement accueilli dans une « ger », maison traditionnelle mongole, par Tsetsege, une femme non chrétienne récemment baptisée, qui ramassa cette statuette dans une décharge, il y a une dizaine d’années, avant de la porter dans une paroisse, jusqu’à ce que le prophétique cardinal Marengo l’intronise comme sainte patronne de ce vaste pays…
Comme il est de coutume en Mongolie, François a reçu une écharpe de couleur bleue, une khata, représentant le ciel, en signe de bons auspices et d’hospitalité, avant de pénétrer dans la ger et de sentretenir avec Tsetsege, mère d’une dizaine d’enfants. Cette femme désormais très âgée lui a raconté comment le 5 juillet 2016, dans le district de Tarhan, alors qu’elle fouillait, comme tant de pauvres, parmi les déchets – de la même manière que le faisait en son temps Bernadette de Lourdes à la grotte de Massabielle – elle vit un emballage en tissu sortir des ordures déversées par le camion, avec à l’intérieur une sculpture en bois mesurant environ 60 cm et présentant les traits d’une “Belle Dame”. Elle sentit immédiatement qu’elle devait retirer la statue des ordures et la garder précieusement. Le chemin s’est poursuivi ainsi : elle en fit don à la paroisse locale et, prrogessivement, décida de demander le baptême.
Cette statuette mariale, “Notre-Dame du Ciel”, fut ensuite présentée au Pape dans la cathédrale, pour qu’il la bénisse. S’adressant à ses hôtes, le Saint-Père, a commenté en ces termes la découverte de la statue « apparue » dans un dépotoir : « Sans tache, préservée de tout péché, elle a voulu se faire proche au point d’être mêlée aux déchets de la société, de sorte que la pureté de la sainte Mère de Dieu a émergé de la saleté des ordures ».
À ce titre, il a tenu à l’indiquer comme modèle de l’évangélisation : « Regardons Marie qui, dans sa petitesse, est plus grande que les cieux, parce qu’elle a accueilli en elle Celui que les cieux et les hauteurs des cieux ne peuvent contenir (cf. 1 R 8, 27). Confions-nous à elle, en lui demandant un zèle renouvelé, un amour ardent qui ne se lasse pas de témoigner joyeusement de l’Évangile ».
Il a ainsi invité les catholiques de Mongolie, confrontés au petit nombre, à lever les yeux vers Marie, Celle qui est comme le Ciel qui contient le Soleil, déclarant : « Soyez rassurés, en voyant que la petitesse n’est pas un problème, mais un atout. Oui, Dieu aime la petitesse et aime accomplir de grandes choses à travers la petitesse, comme en témoigne Marie (cf. Lc 1, 48-49) ».
Le Pape a également évoqué l’intéressante tradition mongole de la suun dalai ijii, « la mère au coeur aussi grand qu’un océan de lait ». « Si, dans le récit de l’Histoire secrète des Mongols, une lumière descendue à travers l’ouverture supérieure de la ger féconde la mythique reine Alungoo, vous pouvez contempler dans la maternité de la Vierge Marie l’action de la lumière divine qui d’en haut accompagne chaque jour les avancées de votre Église », a fait remarquer François avant de bénir la petite statue, tandis que l’assemblée chantait avec émotion le Salve Regina. L’année Notre-Dame de Mongolie proclamée par le cardinal Marengo se terminera le 8 décembre 2023, en la fête de l’Immaculée Conception.
François Vayne