« Maintenir la communion avec le Pape…, coûte que coûte! »

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Un an après son difficile voyage au Chili, tournant du pontificat – marqué par la controverse autour d’un évêque accusé de complicité dans une affaire d’abus sexuels – le Pape François est en Amérique centrale, au Panama, pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), du 22 au 27 janvier. Il ira notamment à la rencontre de jeunes malades du Sida et doit présider une liturgie pénitentielle dans une prison pour mineurs. Son action pastorale évoque pour nous la phrase de Bernanos dans son Journal d’un curé de campagne : « Béni soit celui qui a préservé du désespoir un cœur d’enfant ».

Après le Synode sur la jeunesse en octobre dernier, l’Eglise catholique continue de tisser des liens de confiance avec les nouvelles générations, malgré le discrédit qui la frappe en raison de multiples crimes de pédophilie commis très majoritairement sur des jeunes garçons par des prêtres déviants ayant pour la plupart délaissé la prière, la Liturgie des heures – l’Office divin – et la discipline ecclésiastique.

« Chaque fois que la parole de l’Evangile dérange ou devient un témoignage gênant, de nombreuses voix tentent de la faire taire en signalant les péchés et les incohérences des membres de l’Eglise et, plus encore, de ses pasteurs », faisait récemment remarquer le Saint-Père, début janvier, dans sa lettre aux évêques des Etats Unis d’Amérique du Nord. S’adressant avec fermeté à un épiscopat désuni face aux scandales de pédophilie, il a plaidé pour « le climat du dialogue » en citant saint Paul VI, les appelant au discernement et à la « conversion missionnaire », considérant que « la blessure portée à la crédibilité de l’Eglise ne peut pas être résolue par des décrets ou en créant de nouvelles commissions ». Constatant qu’il existe « un tissu vital qui a été endommagé », il considère que les évêques sont appelés à le restaurer « comme des artisans », par la transformation d’un état d’esprit, d’une manière de prier et d’être en relation, plus que par une nouvelle organisation administrative dans « l’entreprise de l’évangélisation ».

« Sans la fraternité que Jésus-Christ nous a offerte, nos efforts pour un monde plus juste s’essoufflent, et même les meilleurs projets risquent de devenir des structures sans âme », avait-il déjà souligné plus généralement dans son message urbi et orbi, à Noël dernier.

C’est dans un tel esprit de fraternité qu’il voudrait que les présidents des conférences épiscopales du monde entier, convoqués par lui, se retrouveront à Rome du 21 au 24 février pour affronter le fléau des abus, voir ensemble comment garantir un milieu sûr aux enfants et réfléchir aux procédures à appliquer face aux dénonciations. Les médias internationaux couvriront massivement l’événement. Ils ont en effet prévu de donner un écho exceptionnel à ce sommet que les adversaires idéologiques et politiques de François voudraient détourner contre lui, faisant indirectement cause commune avec ceux qui cherchent depuis une dizaine d’années à organiser un « procès de Nuremberg » de l’Eglise catholique, accusant ses plus hauts responsables de « crime contre l’humanité ». Au Vatican, après la démission surprise du directeur de la Salle de presse et de son adjointe, le 31 décembre, une équipe de communication renouvelée – très unie autour de Jorje Mario Bergoglio, âgé de 82 ans – se prépare à cette rencontre historique, consacrée à la protection des mineurs.

La crise est terrible, comme le cardinal Walter Kasper vient de le confier dans un entretien à la télévision allemande, affirmant que les ennemis du Pape utilisent la pédophilie pour le faire démissionner. « Les détracteurs de l’actuel pontificat veulent un conclave qui tourne en leur faveur de manière à obtenir un résultat qui permettre de s’adapter à leurs idées », a dit en substance le théologien allemand et ancien président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, considéré comme ayant été un des grands électeurs de François en 2013, membre du « groupe de Saint-Gall », cercle réformateur secret révélé par le cardinal Godfried Danneels, qui en faisait partie.

Depuis le « J’accuse » de l’ancien nonce apostolique aux Etats Unis, Mgr Carlo Maria Vigano, lancé l’été dernier à propos des protections hiérarchiques dont aurait bénéficié l’ex-cardinal abuseur Theodore McCarrik, l’Eglise catholique est empêtrée dans des contradictions internes, des divisions, qui affaiblissent sa mission et démoralisent ses membres, surtout les plus petits.

Le grand rendez-vous de février motivé par le drame de la pédophilie sera certainement une étape essentielle sur « la route de la purification » – selon l’expression du Pape lors de ses vœux à la Curie romaine – afin de chercher à « transformer les erreurs commises en opportunité pour éliminer ce fléau non seulement du corps de l’Eglise mais aussi de la société ». « Aidons la Sainte Mère Eglise dans sa tâche difficile, à savoir celle de reconnaître les cas vrais, en les distinguant des faux, les accusations des calomnies, les rancœurs des insinuations, les rumeurs des diffamations », a souligné François. « C’est une tâche assez difficile dans la mesure où les vrais coupables savent se cacher soigneusement au point que beaucoup de femmes, de mères et de sœurs n’arrivent pas à les découvrir chez les personnes les plus proches : maris, parrains, grands-parents, oncles, frères, voisins, enseignants… », ajoutait-il devant la Curie, soucieux d’élargir le débat.

La focalisation médiatique sur les seuls comportements de certains prêtres du clergé catholique romain est en effet une forme d’iniquité. Le procès spectacle infligé au cardinal Philippe Barbarin à Lyon, qui s’accompagne en France par la sortie en salles, le 20 février, du film « Grâce à Dieu », à charge contre l’Eglise, illustrent l’actuelle tyrannie de la transparence qui croît réparer une injustice par une autre injustice. Et est-ce une solution de publier les noms de tous les prêtres visés par des accusations de pédophilie, non jugés, décédés parfois depuis longtemps, comme les jésuites américains viennent de le faire en ce qui concerne leurs confrères religieux ? Des prêtres jeunes se sont suicidés parce que la présomption d’innocence et les droits à la défense dans l’Eglise n’ont pas été respectés. Les évêques trop souvent veulent se prémunir contre le soupçon d’avoir couvert des faits criminels, mais quelle procédure pénale ecclésiale cohérente est appliquée face à une suspicion d’infraction sexuelle ? Espérons que des réponses concrètes seront apportées sur le terrain par les évêques au retour de Rome, à la suite du sommet sur la protection des mineurs prévu dans un mois, autour du Pape François.

Tandis que souffle ce vent de tempête sur l’Eglise que d’aucuns veulent détruire, au début de la seconde partie du pontificat, quel est pour nous le cap à suivre ? Dimanche dernier nous étions dans la paroisse romaine dédiée à saint Lin, qui fut le deuxième évêque de Rome juste après le martyr de l’apôtre Pierre. Le cardinal Angelo Becciu y prenait possession de l’église dont il est titulaire, entouré de membres sa famille venus de Sardaigne, d’amis proches, de collaborateurs du Vatican et d’un grand nombre de fidèles de ce quartier populaire. Au cours de l’homélie, durant la messe, il nous a encouragés à « maintenir la communion avec le Pape…, coûte que coûte! », à être « signes d’unité », à favoriser l’esprit de famille au plan universel et à témoigner de notre amour réciproque en vivant fraternellement l’Evangile que la Vierge Marie nous enseigne à mettre en pratique. Il n’y a pas d’autre chemin pour un catholique que cette fidélité inconditionnelle au Pape et à la Parole de Dieu.

1 Comment

  1. Turlan Delannoy Thérèse dit :

    Merci François de nous éclairer sur ce qui se passe dans l’Eglise et particulièrement par rapport au Pape François pour lequel je prie tous les jours lors de mon Chapelet Marial quotidien. Je prie bien sûr aussi pour la purification de l’Eglise.
    En Communion fraternelle en Christ avec Marie. Thérèse Turlan Delannoy

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