Mirjana, qui dit voir régulièrement la Vierge depuis le 24 juin 1981 – fête de saint Jean-Baptiste – était interviewée en direct de Medjugorje le 2 juin, jour férié en Italie, sur la chaîne publique de télévision RAI1. Elle se serait entretenue le matin même avec la Mère de Dieu, en présence de milliers de pèlerins, dans son village de Bosnie Herzégovine, près de Sarajevo. Plusieurs millions de téléspectateurs ont écouté la voyante durant de longues minutes, en ce jour qui marque l’anniversaire de la naissance de la République italienne. Pourrait-on imaginer en France une telle transmission le 14 juillet sur France 2 ? La laïcité à la française empêche évidemment d’envisager cela pour le moment, préférant les divertissements abrutissants qui dessèchent le peuple, et jettent des jeunes désespérés dans les bras d’extrémistes radicaux. Avec humilité, de façon équilibrée, Mirjana a transmis le message de celle qui se présenterait à elle comme la Reine de la Paix : un appel à la conversion des cœurs, seule manière de changer le monde. Elle a souligné la beauté éternelle de Marie, l’expliquant simplement « parce qu’elle aime ». En regardant l’émission je pensais aux nombreuses apparitions mariales qui jalonnent notre histoire humaine, à cette inlassable prévenance de notre Mère qui veut qu’aucun de ses enfants ne se perde.
Ces derniers jours j’ai découvert, pendant un voyage à Chioggia – réplique miniature de Venise – qu’elle est apparue aux portes de cette ville le 24 juin 1508, là aussi en la fête de saint Jean-Baptiste, comme à Medjugorje, de l’autre côté de la mer Adriatique. Pourquoi a-t-elle choisi cette date ? Sans doute pour que nous unissions nos voix à son Magnificat, ce cantique d’espérance qui lui fut inspiré juste après l’Annonciation, lors de sa visite à sa cousine Elisabeth, enceinte du Précurseur qui venait de tressaillir à l’approche de la Mère du Sauveur. Une invitation à reconnaître et à accueillir nous aussi le don de Dieu, pour en être témoins aujourd’hui dans un sourire à chaque personne rencontrée.
À Baldissera Zalon, ce jardinier de Chioggia auquel elle s’est montré, la Vierge a demandé « la conversion des cœurs », avant de s’en aller dans une barque, portant son Fils vers d’autres rives. Les reliques du tronc où s’est assise la « Madonna della Navicella », tenant son Fils dans ses bras comme à la descente de la Croix, sont vénérées dans l’église Saint-Jacques de Chioggia, et les pèlerins peuvent toujours y recevoir l’indulgence plénière perpétuelle. Dans la tour Saint-André toute proche, la plus ancienne horloge du monde, datant des années 1300, semble nous rappeler qu’il est plus que jamais l’heure d’aimer. Selon ce que le Pape François disait lundi, pendant la messe qu’il célébrait à la Maison Sainte-Marthe, à l’approche de son voyage à Sarajevo prévu ce samedi 6 juin : « La voie de notre rédemption est une route pleine d’échecs, y compris le dernier, celui de la Croix, qui est un scandale. Mais cette Croix est justement la manifestation que l’amour est vainqueur ». Vécu avec Marie, l’échec apparent du rêve de Dieu se révèle être en réalité la victoire de l’amour.