« Ce n’est pas juste d’identifier l’islam avec la violence, ce n’est pas vrai de dire que l’islam est terroriste », a insisté le Saint-Père auprès des journalistes dans l’avion qui le ramenait à Rome, le 31 juillet, considérant que le dialogue interreligieux porte partout ses fruits pendant ce Jubilé de la Miséricorde, et qu’on peut vivre ensemble.
Il a expliqué d’une part que la violence existe aussi parmi les catholiques comme en témoigne tous les jours la presse relatant les faits divers, et que d’autre part toutes les religions sont confrontées à des petits groupes fondamentalistes, mais que les croyants dans leur grande majorité sont artisans de paix. « Le terrorisme croît quand il n’y a pas d’autre option », a-t-il constaté, désignant la responsabilité d’une société européenne qui laisse les jeunes sans idéal, sans travail, livrés à la drogue et à l’alcool, tentés alors de se laisser embrigader. Et François - même si « cela peut être dangereux » - a voulu poser les bonnes questions autour du « premier terrorisme » qui selon lui consiste à mettre le « dieu argent » au centre dans l’économie mondiale, à la place de l’homme et de la femme, chefs d’œuvre de la Création…
S’envolant vers Cracovie au lendemain de la mort du Père Jacques Hamel, il avait d’emblée souligné clairement que la guerre actuelle est une guerre d’intérêts pour l’argent et la domination des peuples, et non de religion. Retour ligne automatique Ses mots, et les trois jours qu’il a passés avec les jeunes en Pologne, sont décisifs pour « l’âme du monde ».
Un des très beaux moments de son séjour polonais aura été sa prière pour les familles des victimes du terrorisme dans l’église Saint François d’Assise, à Cracovie, où il a aussi invoqué l’Esprit Saint pour la conversion des criminels endoctrinés, s’adressant ainsi adressé à Dieu : « Touche le cœur des terroristes, afin qu’ils reconnaissent le mal de leurs actions et retournent sur le chemin de la paix et du bien, du respect de la vie et de la dignité de tout homme ».
Aux jeunes le Pape n’a cessé de présenter comme vocation « l’aventure de construire des ponts et d’abattre des murs de séparation », comme lors de la célébration d’accueil au Parc Jordan à Blonia. « Pontife » - qui fait des ponts, étymologiquement - il les a invités à former « un grand pont fraternel » en se donnant la main au cours de la veillée du samedi soir sur le Campus Misericordiae, un « pont modèle », pour « que ce pont humain soit semence de nombreux autres ».
« Cohabiter dans la diversité, dans le dialogue, en partageant la multi culturalité », était au cœur de son message pour « parcourir les routes de la fraternité ». « Dieu vient ouvrir tout ce qui t’enferme… Jésus t’appelle à laisse ton empreinte dans la vie, une empreinte qui marque l’histoire, une empreinte qui marque ton histoire et l’histoire de beaucoup, à abandonner les routes de la séparation, de la division, du non-sens », a lancé François à chacun, indiquant que « notre réponse à ce monde en guerre à un nom : elle s’appelle fraternité, elle s’appelle communion ».
L’image de ce pont humain et fraternel pourrait illustrer sans doute à elle seule l’évènement de ces JMJ qui furent comme une Pentecôte d’espérance sur notre monde paralysé par la peur et la fermeture, un jardin de joie et d’amitié, une source de force intérieure, une bénédiction du Ciel non seulement pour les participants mais aussi pour tous ceux qui ont pu vivre ces moments à travers les retransmissions audiovisuelles assurées notamment via internet par Radio Vatican.
Des mots forts resteront dans le cœur des JMJistes, comme lorsque, pendant le Chemin de Croix au Parc Blonia, le Pape les a encouragés à s’engager auprès de leurs frères et sœurs éprouvés à qui Jésus s’identifie : « Si quelqu’un, qui se dit chrétien, ne vit pas pour servir, sa vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Par sa vie, il renie Jésus Christ… Le Seigneur veut que vous soyez un signe de son amour miséricordieux pour notre temps ! ».
Au cours de la messe de clôture, au Campus Misericordiae, il a renouvelé cet appel à répondre généreusement « oui » à Dieu : « Ne vous laissez pas anesthésier l’âme, mais visez l’objectif du bel amour, qui demande aussi le renoncement, et un « non » fort au doping du succès à tout prix et à la drogue de penser seulement à soi et à ses propres aises ».
Leur confiant une boussole sur ces routes de la fraternité, il les a exhortés à faire grandir la mémoire bonne et à laisser tomber la mauvaise, celle qui tient le regard de l’esprit et du cœur fixé avec obsession sur le mal, surtout celui commis par les autres. « Penser négatif signifie ne pas reconnaître notre identité la plus vraie : c’est comme se tourner d’un autre côté tandis que Dieu veut poser mon regard sur moi, c’est vouloir éteindre le rêve qu’il nourrit pour moi », a-t-il expliqué avec la sagesse de l’ancien, notant que « s’attacher à la tristesse n’est pas digne de notre stature spirituelle, c’est même un virus qui infecte et bloque tout, qui ferme toute porte, qui empêche de relancer la vie, de recommencer ». Il s’agit au contraire d’imiter la mémoire fidèle de Dieu et de conserver le bien que nous avons reçu...
Puisque « c’est le temps d’aimer et d’être aimés », adoptons la prière que François a proposé aux jeunes de dire chaque matin : « Seigneur, je te remercie parce que tu m’aimes ; je suis sûr que tu m’aimes, fais-moi aimer ma vie ! ».