Dans la continuité de son voyage à Abu Dhabi début février – et du Document sur la Fraternité humaine signée, à cette occasion, avec l’imam d’Al-Azhar – le Pape François était au Maroc durant les deux derniers jours du mois de mars.
Le Saint-Père a voulu promouvoir le dialogue interreligieux dans ce pays qui constitue un pont naturel entre l’Afrique et l’Europe, huit cents ans après la rencontre historique entre saint François d’Assise et le Sultan al-Malik al-Kamil. « Cet évènement prophétique manifeste que le courage de la rencontre et de la main tendue est un chemin de paix et d’harmonie pour l’humanité, là où l’extrémisme et la haine sont des facteurs de division et de destruction », a-t-il souligné devant le roi Mohammed VI qui l’accueillait. « Je souhaite redire la nécessité d’unir nos efforts, pour donner une nouvelle impulsion à la construction d’un monde plus solidaire, plus engagé dans l’effort honnête, courageux et indispensable d’un dialogue respectueux des richesses et des spécificités de chaque peuple et de chaque personne », ajouta le successeur de Pierre, insistant une nouvelle fois sur la nécessité de bâtir des ponts entre les hommes.
Le souverain marocain venait de rappeler la concomitance de cette visite pontificale avec le mois de Rajab, période sainte pour l’islam, durant laquelle les musulmans fuyant les persécutions quittèrent la Mecque et trouvèrent refuge auprès du Négus, le roi chrétien d’Abyssinie, descendant du roi Salomon et de la reine de Saba. « Il s’agissait là du premier acte d’accueil et de connaissance mutuelle entre religions musulmane et chrétienne. Et c’est aussi cet acte de connaissance mutuelle, inscrit dans la postérité que nous commémorons aujourd’hui », fit remarquer le roi.
Pendant la rencontre privée au Palais royal de Rabat, Mohammed VI et François signèrent un appel commun reconnaissant l’unicité et la sacralité de Jérusalem. « Nous pensons important de préserver la Ville sainte de Jérusalem, Al Qods Acharif, comme patrimoine commun de l’humanité et, par-dessus tout pour les fidèles des trois religions monothéistes, comme lieu de rencontre et symbole de coexistence pacifique, où se cultivent le respect réciproque et le dialogue », déclarent-ils, désireux que « dans la Ville sainte soient garantis la pleine liberté d’accès aux fidèles des trois religions monothéistes et le droit de chacune d’y exercer son propre culte ».
Le Pape a successivement échangé avec des migrants et visité un centre social rural, partageant des moments de fraternité et de prière avec la petite communauté catholique locale, l’encourageant à faire grandir la culture de la miséricorde, « une culture dans laquelle personne ne regarde l’autre avec indifférence ni ne détourne le regard quand il voit sa souffrance (cf. Lettre apostolique Misericordia et misera, n. 20) ». « Continuez auprès des petits et des pauvres, de ceux qui sont exclus, abandonnés et ignorés, continuez à être des signes de l’accolade et du cœur du Père.. », leur lança-t-il notamment, tandis que Mgr Cristóbal López Romero, archevêque de Rabat, le remerciait en l’assurant que la petite Église locale présente au Maroc veut être « un pont entre musulmans et chrétiens, entre le nord et le sud, entre l’Europe et l’Afrique »…
Symbole de cet engagement au service de l’espérance, Frère Jean-Pierre, religieux trappiste rescapé de la communauté de Tibhirine, vit au monastère Notre-Dame de l’Atlas, à Midelt, au Maroc. Dimanche 31 mars, le Pape s’inclina devant ce religieux très âgé, et lui embrassa la main avec un profond respect, comme pour nous indiquer par ce geste l’unique chemin du renouveau de l’Eglise : vivre l’Evangile simplement et donner sa vie par amour.