Après sa troisième hospitalisation en moins de deux ans, le Pape François, 86 ans, a repris normalement ses activités le 16 juin, fort de la prière du peuple de Dieu qui invoque la protection de la Vierge Marie pour lui. « Toujours en vie », répond-t-il en souriant à qui lui demande comment il se sent, malgré ses problèmes de hanche, ses douleurs au genou, l’infection respiratoire dont il a souffert et les suites de ses opérations à l’intestin. Il sera au Portugal du 2 au 6 août, à l’occasion des 37e Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Lisbonne, puis en Mongolie pour un voyage apostolique du 31 août au 4 septembre. Un déplacement est ensuite prévu à Marseille, le 23 septembre, à l’occasion d’une Rencontre des maires et évêques de Méditerranée, journée au cours de laquelle il rencontrera les fidèles français dans l’enceinte du stade Vélodrome, immense arène populaire de la cité phocéenne.
Acceptant l’invitation des autorités civiles et ecclésiales du Portugal pour les JMJ, le François profitera de sa présence à Lisbonne début août pour aller se recueillir au sanctuaire marial de Fatima le 5 août. “Il vient prier Notre-Dame de Fatima. Il m’a dit, d’ailleurs, que c’est déjà une tradition qu’à l’occasion d’une Journée Mondiale de la Jeunesse, le Saint-Père aille prier dans un sanctuaire dédié à Notre-Dame, ce qui est particulièrement symbolique pour le lieu où se déroulent les Journées », a déclaré l’évêque de Leira-Fatima, Mgr José Ornelas Carvalho. La prière aux intentions du Saint-Père ne cesse pas à Fatima, et c’est en quelque sorte la Vierge elle-même qui l’accueillera, le jour de la fête de Notre-Dame des Neiges qui fait mémoire de la dédicace de Sainte-Marie-Majeure, la plus ancienne basilique mariale de Rome et de l’Occident.
Ce pèlerinage du Pape aura lieu quelques jours après que le sanctuaire portugais ait rappelé au monde les mots plus que jamais actuels de la Vierge aux trois petits enfants de Fatima – les pastoureaux Lucie, Jacinthe et François – le 13 juillet 1917 : « Je veux que vous continuiez à dire le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre ». C’est aussi ce jour-là qu’elle demanda la consécration de la Russie à son Cœur immaculé, acte spirituel solennel que François a réalisé de nouveau et à son tour le 25 mars 2022, y associant bien sûr l’Ukraine, berceau de la Russie depuis le baptême du prince Vladimir de Kiev, en 988.
La Vierge attend aussi François en Mongolie, au coeur de l’été, représentée par une statue de l’Immaculée-Conception, découverte il y a une dizaine d’années dans une décharge d’ordures par une femme non chrétienne, mère de onze enfants, et intronisée dans la cathédrale d’Oulan-Bator il y a un an. Le cardinal Marengo, préfet apostolique d’Oulan-Bator, âgé de 49 ans, a choisi de la déplacer dans la capitale du pays pour qu’elle soit mieux connue et vénérée par tous , alors que les quelque 1400 fidèles mongols viennent de célébrer 30 ans de présence de l’Église catholique dans ce lointain pays d’Asie qui a une double frontière avec la Chine et la Russie…
D’une hauteur de 62 cm, elle a été revêtue de morceaux de tissu envoyés par les fidèles, liés à une phrase ou à une prière et cousus ensemble pour former son manteau. Cette Vierge des pauvres symbolise bien les périphéries évoquées par le cardinal Jorge Mario Bergoglio lors des échanges entre cardinaux avant le conclave de 2013 : « L’Église est appelée à sortir d’elle-même et à aller vers les périphéries, pas seulement géographiques, mais également celles de l’existence, celles du mystère du péché, de la souffrance, de l’injustice, celles de l’ignorance et de l’absence de foi, celles de la pensée, celles de toutes les formes de misère ». Ces périphéries sont aussi des espaces où se vivent des expériences discrètes et authentiques, porteuses d’une espérance cachée dans le silence, comme jadis à Nazareth et à Bethléem…
Une quinzaine de jours après être rentré des périphéries asiatiques, le Saint-Père sera reçu dans par les chefs des Églises de la Méditerranée réunis sous le regard protecteur de Notre-Dame de la Garde, surnommée la “Bonne Mère”, dont la statue domine Marseille, sur une colline, face à la mer. Ce sera un grand honneur pour cette ville qui en France a mauvaise réputation, comme le Chicago des années 1930, de recevoir pour la première fois dans son histoire le successeur de Pierre. « Avant, c’était aux plus lointains de se déplacer à Rome, non sans crainte, parfois. Désormais c’est Rome qui va à leur rencontre », confie une source vaticane. Juchée sur le dôme de la grande basilique inaugurée en 1864, Notre-Dame de la Garde, consolatrice des affligés, protectrice des marins, des missionnaires, apparaît bien comme la mère de tous les lointains, vers lesquels elle tourne son regarde avec amour, notamment vers ces migrants qui par centaines de milliers s’embarquent sur des canots de fortune depuis les côtes africaines en quête d’un avenir meilleur.
Ainsi, la Vierge des pauvres et des petits attend le Vicaire du Christ au cours des trois prochaines étapes de son pèlerinage planétaire commencé il y a dix ans, l’été 2013, sur l’île de Lampedusa et au sanctuaire de Notre-Dame de Bonaria.
François Vayne