« L’Evangile nous appelle à être proches de ceux qui sont pauvres et abandonnés pour leur donner une espérance concrète », dit le tweet du Pape en ce début de semaine. François met en pratique ce qu’il enseigne, notamment en allant par surprise vendredi dernier dans une maison de retraite à la périphérie de Rome, donnant l’exemple d’une charité active. Il accomplira de tels gestes tout au long du Jubilé de la Miséricorde, un vendredi par mois, selon ce qui avait été annoncé, avant Noël, lors de l’ouverture de la Porte Sainte dans un centre de secours aux défavorisés qu’anime la Caritas. Le Saint-Père veut favoriser partout le témoignage d’un amour infini qui se déverse sur le monde, la miséricorde, mot qui dans sa racine hébraïque évoque « une attitude de tendresse, comme celle d’une mère pour son enfant, prête à tout donner et à se donner elle-même… un amour viscéral », selon ce qu’il expliquait à l’audience générale mercredi dernier. « La miséricorde est une fête », résumait-il, rappelant encore que Dieu, comme le père de l’enfant prodigue, est toujours prêt à accueillir, à comprendre et à pardonner.
C’est le thème du très beau livre paru récemment en toutes les langues – « le nom de Dieu est miséricorde » – où le Pape fait part de son expérience au cours d’une conversation avec mon ami Andrea Tornielli, racontant à ce journaliste italien les miracles de la miséricorde dont il a été témoin au long de sa vie de prêtre et d’évêque. Le livre nous était présenté de façon originale il y a une semaine par l’acteur italien Roberto Benigni, un jeune prisonnier d’origine chinoise, Augustin, converti, et le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat, pour qui la miséricorde de Dieu « ouvre des portes et les maintient ouvertes », y compris dans les relations entre les peuples.
« Un rideau de fer existe à nouveau »
Pour approfondir encore ce mystère, qui a donc aussi une dimension politique, le prochain congrès européen sur la miséricorde se tiendra à Rome du 31 mars au 4 avril prochain, sous la présidence du cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne. Annonçant cet évènement devant la presse lundi 18 janvier, le cardinal Schönborn a déploré qu’un « rideau de fer existe à nouveau » en Europe, face au défi que représentent les réfugiés et les migrants, espérant une « parole commune » des évêques européens à ce propos.
Là aussi le Pape montre le chemin, comme dimanche dernier en priant avec 5000 migrants venus passer la Porte Sainte, ayant au milieu d’eux la croix de Lampedusa réalisée avec le bois d’un bateau de réfugiés. Les hosties utilisées pour la messe de ce « jubilé des migrants » avaient été fabriquées par des détenus du plus grand pénitencier italien, signe du besoin d’être sauvé par l’amour du Christ.
« Chaque personne est appelée à rencontrer le Seigneur comme époux de sa vie », soulignait le Pape à l’angélus, nous invitant à faire plus de place à Jésus au plus intime de notre cœur.
Dans l’après-midi de ce même jour il s’est rendu à la Synagogue de la capitale italienne, sur les pas de ses prédécesseurs Jean-Paul II et Benoît XVI, et il ira aussi bientôt de façon nouvelle à la Grande Mosquée de Rome, désireux de manifester la dimension interreligieuse de cette Année Sainte, parce que la valeur de la miséricorde dépasse les frontières de l’Eglise. « Elle est le lien avec le Judaïsme et l’Islam qui la considèrent comme un des attributs les plus significatifs de Dieu », note François dans la bulle d’indiction du Jubilé (n°23), souhaitant « que cette Année Jubilaire, vécue dans la miséricorde, nous rende plus ouverts au dialogue pour mieux nous connaître et nous comprendre ».