Jésus dans l’Evangile (Matthieu 23), ayant des paroles très dures au sujet des scribes et des pharisiens hypocrites, pleure sur Jérusalem « qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés ». « Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu! », constate-t-il. Après son voyage au Chili et au Pérou, je me demande si le Pape ne partage pas un peu les mêmes sentiments que le Christ, attristé par l’acharnement injuste dont il est la cible.
Pendant une semaine, au rythme d’un marathon de la foi, le Saint-Père est allé à la rencontre des plus pauvres, comme notamment ces femmes détenues à la prison de Santiago, posant partout des actes de miséricorde et semant l’espérance avec une générosité inlassable. Malgré la puissance de l’enthousiasme populaire et l’évident succès de ce voyage pontifical, des forces se sont à nouveau déchaînées pour mettre en difficulté François, en particulier à propos de paroles et de gestes volontairement mal interprétés.
Dans l’avion du retour, face aux journalistes, il a ainsi dû s’excuser pour des mots qui auraient peiné les victimes de prêtres pédophiles, et se justifier d’avoir célébré un mariage en plein vol. Les deux questions semblent à priori éloignées l’une de l’autre, mais en réalité elles se rejoignent car dans l’un et l’autre cas c’est la grande liberté intérieure d’un pape prophète qui est mise en cause.
Confronté à des accusateurs de l’évêque d’Osorno, au Chili, « coupable » d’avoir été dans sa jeunesse l’ami d’un prêtre qui fut un prédateur sexuel, le Souverain pontife avait affirmé jeudi dernier n’avoir « aucune preuve contre lui », provoquant du même coup un tollé médiatique. « Le jour où on m’apportera une preuve contre Mgr Barros, alors on verra », avait-il osé préciser… « Je dois présenter mes excuses parce que le mot preuve a blessé », a cru devoir dire le Pape, après que le cardinal Sean O’Malley, président de la Commission pour la protection des mineurs, ait regretté publiquement que ces paroles « relèguent les victimes dans un exil discrédité ». Cependant comment François pourrait-il condamner un évêque sans éléments ou sans certitude morale, ne commettrait-il pas un déni de justice ? Le courage de résister aux pressions des calomniateurs n’est-il pas tout à son honneur, même si cela lui coûte cher en termes de popularité, ce qui est plutôt bon signe?
J’admire quoi qu’il en soit la liberté avec laquelle le Saint-Père répond à ses inquisiteurs : courageusement il ne se soumet pas aux ennemis de l’Eglise qui utilisent depuis des années les affaires de pédophilie pour disqualifier son enseignement, faisant feu de tout bois afin d’étouffer sa voix prophétique qui gêne certains intérêts aussi bien au plan social que politique.
Sa liberté s’est exercée aussi lors de la célébration d’un mariage en plein vol, au-dessus du Chili, entre une hôtesse de l’air et un steward. « Notre mariage sera très significatif pour tous les couples du monde qui ne se sont pas mariés. Cela aidera et encouragera les personnes à se marier. Nous sommes du diocèse du ciel », ont commenté les deux époux, qui étaient mariés civilement depuis une dizaine d’années.
Le concert des esprits chagrins et des scribes de service a jugé légère la manière dont François avait procédé. Il lui a fallu expliquer humblement que les époux étaient préparés et qu’il avait pris le temps de bien les interroger, discernant la grâce de Dieu déjà à l’œuvre dans la vie de ce couple.
Comprendra-t-on finalement que le Pape essaie de libérer ce qui « entrave toutes les initiatives que l’Esprit peut insuffler parmi nous », comme il l’a dit le 16 janvier aux évêques du Chili ? « Non au cléricalisme et aux mondes idéalisés qui ne rentrent que dans nos schémas mais qui ne touchent la vie de personne », a-t-il aussi martelé, prêchant d’exemple pour un accueil rempli de charité, désireux de débarrasser l’Eglise de sa bureaucratie cléricale.
Il est libre François, comme l’énonce le canon 331 du Code de droit canonique : « L’Évêque de l’Église de Rome, en qui demeure la charge que le Seigneur a donnée d’une manière singulière à Pierre, premier des Apôtres, et qui doit être transmise à ses successeurs, est le chef du Collège des Évêques, Vicaire du Christ et Pasteur de l’Église tout entière sur cette terre; c’est pourquoi il possède dans l’Église, en vertu de sa charge, le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel qu’il peut toujours exercer librement ».
Enfin, au-delà de ces polémiques stériles entretenues par des hypocrites, je crois que nous devrions méditer en regardant l’image distribuée par le Pape au journalistes lors du vol aller qui les menait en Amérique latine : la tristesse d’un enfant après le bombardement atomique de Nagasaki ne nous bouleverse-t-elle pas ? Avons-nous conscience de l’urgence des temps ? Nous sommes peut-être à la veille de la plus tragique catastrophe nucléaire où des millions de personnes perdront la vie, nous-mêmes aussi. Ne serait-il pas l’heure de chercher à imiter le Christ, à le laisser nous rejoindre au plus vite, dans la prière, dans les sacrements et dans l’amour de nos frères, au lieu de lapider les prophètes et de tuer ceux qui nous sont envoyés ?
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Merci François,
Oui il est vraiment URGENT de laisser le Christ vivre en nous dans toute sa plénitude,pour que tous unis en lui,nous puissions le faire connaître, pour bâtir ensemble, son Royaume d’amour ,de justice et de Paix !
JEAN 4 -23.” Mais l’heure approche, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le PÈRE en ESPRIT et en VÉRITÉ ; ce sont de tels adorateurs que le PÈRE demande.”
En grande communion de prières,avec notre Saint Père un vrai envoyé de Dieu pour notre temps ,et pour lequel nous devons infiniment rendre grâce !