« Je suis très préoccupé et peiné par l’escalade des tensions en Terre Sainte et au Moyen-Orient, et par la spirale de violence qui éloigne toujours plus de la voie de la paix, du dialogue et des négociations », a dit le Pape François lors de l’audience générale de ce 16 mai, à Rome, tandis que des dizaines de manifestants civils palestiniens viennent d’être tués dans la bande de Gaza, à la frontière avec Israël, à moins de 80 kilomètres de Jérusalem. Ils revendiquaient simplement le droit à retourner sur leurs terres, d’où leurs familles ont été chassées en 1948, lors de la création de l’Etat d’Israël.
« J’exprime ma grande douleur pour les morts et les blessés, et je suis proche, avec la prière et l’affection, de tous ceux qui souffrent. Je rappelle que l’usage de la violence ne mène jamais à la paix. La guerre appelle la guerre, la violence appelle la violence. J’invite toutes les parties en cause et la communauté internationale à renouveler l’engagement pour que prévalent le dialogue, la justice et la paix», a ajouté le Saint-Père dans son appel, proposant aux fidèles présents sur la place Saint-Pierre d’invoquer Marie, Reine de la paix, en récitant avec eux la prière du Je vous salue Marie. Il a de plus voulu adresser aux musulmans ses vœux cordiaux pour le mois de Ramadan qui commence, souhaitant « que ce temps privilégié de prière et de jeûne aide à cheminer sur la voie de Dieu, qui est la voie de la paix ».
Dans le même élan spirituel pour conquérir la paix, Mgr Pierbattista Pizzaballa, Administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem, a appelé à une veillée de prière samedi 19 mai 2018, dans l’église Saint-Etienne du Couvent dominicain. « Nous devons vraiment prier l’Esprit de changer nos cœurs pour mieux comprendre Sa volonté et nous donner la force de continuer à travailler pour la justice et la paix ! », écrit l’archevêque dans son message, touché de la gravité d’une « énième explosion de haine et de violence, qui saigne une fois de plus dans toute la Terre Sainte ». Il nous invite tous à « consacrer une journée de prière et de jeûne pour la paix à Jérusalem » en vue de la Pentecôte, fêtée dimanche prochain.
La prière semble être un dernier recours pour pacifier les cœurs, devant le naufrage du processus de négociations, engagé dans les années 90, entre Palestiniens et Israéliens.
Depuis le 30 mars dernier un mouvement pacifique, la « marche du grand retour », a voulu commémorer la Nakba, la « catastrophe » en arabe, que fut le déplacement forcé de 700 000 Palestiniens il y a 70 ans. Les forces israéliennes ont réprimé de manière injustifiable cette protestation populaire, causant 3000 blessés et plus d’une centaine de morts en six semaines, spécialement le 14 mai, anniversaire de la création de l’Etat d’Israël. Ce jour-là restera ainsi dans l’histoire un véritable « lundi noir », marqué par l’inauguration de la nouvelle ambassade américaine transférée de Tel Aviv Jérusalem, en contradiction avec le droit international. « Du sang sur l’ambassade américaine », titrait par exemple l’Avvenire, le grand quotidien des évêques italiens, résumant parfaitement la situation tragique qui résulte de l’injustice faite aux Palestiniens.
Israël, qui contrôle 90% du territoire de l’ancienne Palestine, pense avoir annexé définitivement Jérusalem et refuse la solution de deux Etats, cependant 6,6 millions d’Arabes vivent là aussi, face à 6,6 millions de Juifs. A l’heure où l’ordre libéral mis en place en 1945 vacille sous les coups de boutoir de la Chine qui s’apprête à enterrer la suprématie du dollar, la marginalisation des Palestiniens ne pourra pas durer : l’hégémonie américaine, comme le soutien aveugle des Etats Unis à la colonisation des territoires palestiniens, auront une fin.
Il est donc plus que temps de mettre fin « le plus tôt possible » au siège imposé à près de deux millions de Palestiniens dans la Bande de Gaza, comme le demande ce mercredi l’Assemblée des évêques catholiques de Terre Sainte – représentants des Eglises latine, grecque melkite, arménienne, maronite, chaldéenne et syro-catholique – faisant référence aussi à la nécessité, réclamée avec insistance par le Saint-Siège, de faire de Jérusalem « une ville ouverte à tous les peuples, le cœur religieux des trois religions monothéistes », en évitant toute mesure unilatérale qui puisse altérer la Ville sainte car « aucun motif ne peut empêcher à la ville d’être à la fois la capitale d’Israël et de la Palestine», précisent-ils, plaidant pour « la négociation et le respect réciproque ».