Le pape a demandé qu’une famille de réfugiés soit accueillie dans chaque paroisse, communauté religieuse, monastère et sanctuaire d’Europe. Les deux paroisses du Vatican, celle de Saint-Pierre et celle de Sainte-Anne, le feront dans les prochains jours, a-t-il assuré. Il s’agit ainsi de poser partout « un geste concret en préparation de l’Année Sainte de la Miséricorde ». Cet appel lancé dimanche 6 septembre à l’heure de l’Angélus, devant la foule réunie place Saint-Pierre, offre une réponse au drame des migrants qui fuient le terrorisme et la guerre, spécialement au Moyen-Orient.Déjà, en octobre 2013, François avait suggéré qu’on ouvre les portes des monastères à ces personnes déshéritées qui sont « la chair du Christ », mais cette fois il s’adresse de manière explicite à tous les évêques du Vieux Continent, les qualifiant par avance de « vrais pasteurs ». L’un d’eux, le cardinal autrichien Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, s’était levé le premier, allant au-devant des réfugiés rejetés par le gouvernement hongrois, foule innombrable aux allures bibliques en marche vers une terre promise. Il avait célébré quelques jours plus tôt les obsèques de 71 migrants, dont plusieurs enfants, retrouvés morts étouffés dans un camion frigorifique qui les transportait à travers l’Autriche, invitant les conférences épiscopales d’Europe à unir leur voix pour secourir nos « frères humains » en exode.
La peur laisse place à la générosité
La photo largement médiatisée du cadavre d’un petit garçon syrien, Aylan Kurdi, noyé lors du naufrage de l’embarcation qui devait conduire sa famille en Grèce, provoqua début septembre le réveil de l’opinion publique européenne. Face au drame des migrants la peur laisse progressivement place à la générosité, grâce aussi à l’exemple de la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a ouvert les frontières de son pays par ailleurs confronté à une crise démographique sans précédent. Les Allemands ont même fait résonner l’hymne à la joie dans les rues de Munich à l’arrivée des réfugiés qui criaient « Allemagne, Allemagne » en pleurant d’émotion, après avoir parcouru plus de 3000 kilomètres pour arriver dans cette nation devenue aujourd’hui un modèle de solidarité. Les experts savent que ces personnes apporteront un plus à l’économie si elles sont formées, et sinon elles rempliront les tâches que les européens ne veulent plus accomplir. Au plan spirituel et religieux, beaucoup sont des chrétiens arabes ou africains, et leur apport sera précieux dans les églises locales, comme en témoignent les nombreux baptêmes de petits réfugiés célébrés ces dernières semaines dans les régions côtières en Italie, en particulier dans les Pouilles.
Une chance, contre toute attente
La tragédie humaine provoquée en grande partie par la politique américaine au Moyen-Orient rattrape il est vrai les gouvernements européens, drogués au pétrole, pour une bonne part complices d’avoir favorisé le wahhabisme, ce puritanisme islamique qui essaime depuis le Golfe Persique avec le soutien régional de ceux à qui la puissance iranienne chiite fait peur (1). Cependant à quelque chose malheur est bon, dit-on, et les « envahisseurs » qui débarquent en Europe seront probablement une chance, contre toute attente. Les côtoyant en Italie depuis deux ans, avec un groupe de volontaires qui propose des repas chauds dans une gare de Rome, voici ce que j’écrivais à leur intention fin août, au retour d’une soirée passée à les servir et à les écouter : « Bienvenue réfugiés, vous êtes la force de vie venue relayer les familles empêchées par l’idéologie du gender et le lobby homosexuel, la force de vie venue remplacer les enfants à naître que cette civilisation de la mort refuse, la force de vie venue raviver la jeunesse indolente et matérialiste qui n’a plus d’idéal. Bienvenue, réfugiés de tous pays, vous redonnez une âme à l’Europe ! ».
(1) Sanctuaire du wahhabisme prôné par les terroristes à l’action en Irak, en Syrie et en Lybie, l’Arabie Saoudite, gorgée de pétrodollars, n’abrite aucun réfugié, pas plus que les cinq autres Etats membres du Conseil de coopération du Golfe : les Emirats arabes unis, le Qatar, le Koweit, Bahreïn et Oman… En revanche le Liban et la Jordanie, pays ouverts où vivent de nombreux chrétiens arabes, accueillent des centaines de milliers de réfugiés.
1 Comment
Ces deux images nous poussent à une méditation très concrète. Elle seule, la Pieta, peut contenir et intervenir dans toutes les dimensions de la situation actuelle, elle seule nous montre comment continuer à croire à la vie en agissant tout en faisant face à la mort, en embrassant Lui qui est mort sûrs qu’Il est ressuscité. Ensemble sur cette route avec cette compagnie. Habib