« Le 19 septembre, cette année, nous célébrons le 178ème anniversaire de l’apparition de la Vierge au cœur des Alpes françaises, dans le diocèse de Grenoble, en Isère », dit le Père Gianmatteo Roggio, mariologue, membre de la congrégation des Missionnaires de Notre-Dame de La Salette, fondée au XIXème siècle par l’évêque de Grenoble pour diffuser le message céleste reçu par les deux voyants de l’époque, Mélanie et Maximin.
C’est le samedi 19 septembre 1846, à près de 2000 mètres d’altitude, que ces deux jeunes bergers de 14 et 11 ans – Mélanie Calvat et Maximin Giraud – ont aperçu une vive lumière. Ils se sont approché, et ont vu « dans cette lumière » une très belle Dame vêtue comme une servante, assise, le visage caché entre ses mains, coiffée d’une couronne fleurie de diverses couleurs, ayant une chaîne et un chapelet de roses sur les épaules. Elle se leva et, en pleurant, leur parla en utilisant des métaphores bibliques. Une croix étincelante était suspendue à son cou, où se tenait le Christ, vivant et éclatant de lumière. La Dame donna un secret à Maximin – qui serait relatif à Louis XVII, l’héritier légitime du trône de France – et un autre secret à Mélanie, transmis plus tard au Pape Pie IX alors aux prises avec une révolution qui l’obligera à fuir Rome. Elle annonça aussi la mort de l’archevêque de Paris, Mgr Darboy, homme-lige de Napoléon III, qui sera fusillé par les derniers communards en 1871, comme Maximin le lui avait prédit alors qu’il niait l’authenticité des apparitions de La Salette. Les grandes tribulations du monde et de l’Eglise sont mystérieusement annoncées à la Salette, depuis les conséquences empoisonnées du libéralisme et de ses injustices sociales dès le milieu du XIXème siècle, jusqu’aux abominables crimes pédophiles révélés dans le clergé au début du XXIème siècle, avec des milliers de prêtres significativement punis et des centaines réduits à l’état laïc. La crise « affreuse » à venir dans l’Eglise, les blasphèmes et la profanation du dimanche, sont en cause dans ce « secret », ainsi que les « faiseurs de miracles », et l’avènement de l’antéchrist qui « fera des prodiges »…
La Vierge Marie exprima le souhait que se rassemblent et s’organisent dans une œuvre portant son nom tous les « apôtres des derniers temps », « des hommes libres », pour travailler sur terre au règne de l’amour de Dieu, cet amour dont elle-même semblait « toute formée » selon les mots de Mélanie. Ayant transmis « la grande nouvelle », la Mère de Dieu traversa le ruisseau, exhorta les enfants à diffuser le message – « faites-le passer à tout mon peuple » – avant de gravir un raidillon et de disparaître dans la lumière.
Le lendemain de cette unique apparition les enfants furent invités à raconter l’évènement incroyable devant le curé et le maire du village, et leur témoignage sera jugé indubitable, ce qui conduira l’évêque du diocèse à reconnaître après enquête la vérité des faits surnaturels, en 1851, mettant l’accent dans son mandement sur l’appel à la réconciliation adressé par Notre-Dame de la Salette.
Lors du centenaire de cette « révélation », en 1946, Mgr Angelo Roncalli, le futur saint Jean XXIII alors Nonce apostolique à Paris, dira en résumant parfaitement l’actualité du message au regard de l’état du monde : « On travaille beaucoup pour la paix, mais il n’y aura pas de réconciliation entre les hommes sans la réconciliation avec Dieu, et celle-ci ne peut se réaliser sans la prière et la pénitence ».
« Avancez mes enfants, n’ayez pas peur », lança Marie à Mélanie et à Maximin. « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller la main de mon Fils, elle est si pesante que je ne peux plus la retenir. Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse. Et pour vous autres, vous n’en faites pas cas », ajouta-t-elle. Ce jour-là était la veille de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs, célébrée à l’époque le troisième dimanche de septembre. Le visage de Marie était inondé de larmes. Sur l’un des côtés de la croix qu’elle portait sur sa poitrine il y avait des tenailles, et de l’autre côté un marteau, comme une invitation symbolique à ôter les clous qui font souffrir le Christ.
Les bras levés de Jésus sur la Croix évoquent ceux de Moïse qui lui aussi les bras levés, en prière, apportait la victoire à son peuple, selon ce que nous enseigne le livre de l’Exode (17,12). « À La Salette, Marie soutient les bras de son Fils, avec une complète détermination : il ne s’agit donc pas de la menace d’une punition mais d’un appel à persévérer dans la prière, fidèlement, en rejetant les activités des ténèbres pour rejoindre « le combat de la lumière » (Paul aux Romains 13, 11-12) », explique, pour les lecteurs de Maria con te, le Père Gianmatteo Roggio, qui a beaucoup travaillé à approfondir le message marial délivré au sanctuaire de La Salette que visitent de nombreux groupes de pèlerins italiens venus de l’autre côté des Alpes.
Les jeunes bergers, Mélanie et Maximin, calomniés, ont beaucoup cherché leur chemin tout au long de leur vie. Ils ont eu un parcours assez déroutant. Injustement traités de menteurs par leurs détracteurs, ils n’ont cependant pas changé de cap, fidèles au souvenir des larmes de Marie. « Le péché est le seul mal qu’Elle voit sur la terre. Elle en mourrait de douleur si Dieu ne la soutenait », écrira Mélanie en 1878, exilée en Italie, avant de mourir dans la discrétion, en 1904 à Altamura, le jour de l’octave de l’Immaculée Conception. Elle fut pauvrement missionnaire en tant que simple baptisée, tandis que Maximin s’engagea avec générosité dans le bataillon des zouaves pontificaux en 1865, pour défendre la papauté, avant de retourner vivre dans son village de Corps, à 4km de La Salette. Il y est mort saintement en 1875, avant d’atteindre ses 40 ans, et son cœur se trouve dans le sanctuaire marial construit après l’apparition, promue au rang de basilique en 1879.
Mélanie et lui ont choisi à leur manière et avec leurs faiblesses de rejoindre les rangs de la résistance spirituelle, avec les « apôtres des derniers temps » décrits par saint Louis-Marie Grignion de Monfort dans son Traité de la Vraie Dévotion (TVD), découvert en 1842, ces personnes libres et généreuses, ces volontaires de Dieu que la Vierge de La Salette appelle à se lever dans tous les milieux pour porter la lumière de l’Evangile vécu. Au regard de la triste actualité du monde, le Père Gianmatteo Roggio commente en conclusion : « Que les dix rois de l’Antéchrist aient le dessein de gouverner le monde – comme il est écrit en détail dans le fameux secret de La Salette – nous n’y pouvons pas grand-chose, cependant si nous nous convertissons « les pierres et les rochers se changeront en blé, et les pommes de terre se trouveront ensemencées », comme Marie l’a promis à Mélanie et à Maximin, les assurant qu’au terme d’un temps d’épreuves Dieu règnera ».
François Vayne
1 Comment
Merci François, pour ce rappel du message de la Salette. En ce qui concerne l’Antéchrist, nous avons beau savoir qu il sera vaincu, in n’en reste pas moins que le monde vivra ( et à déjà commencé à vivre)des temps difficiles . Oui, il nous faut prier Marie.