Le message du Pape pour la Journée mondiale de la paix venait à peine d’être rendu public quand nous avons appris la mort d’un ministre palestinien, Ziad Abu Ein, malmené par des soldats israéliens selon des témoins. Il accompagnait un groupe venu pacifiquement planter des oliviers, en signe de protestation, sur un terrain confisqué à des familles au profit d’une nouvelle « colonie juive »… Le président palestinien, Abu Mazen, a décrété un deuil national de trois jours après ce drame. La tension continue donc de monter en Terre Sainte, alors que de plus en plus de parlements de l’Union européenne votent en faveur de la reconnaissance de l’Etat de Palestine, qui vient d’obtenir un siège d’observateur à la Cour pénale internationale, au grand dam du régime de Benyamin Netanyahou. La Cour pénale internationale est une juridiction permanente chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre… Malgré le détournement de l’attention des opinions publiques occidentales par des médias manipulés, la lumière sera un jour faite sur les massacres d’innocents commis l’été dernier à Gaza, comme c’est le cas aujourd’hui pour les tortures odieuses commises par la Cia au nom de la raison d’Etat. Le cycle destructeur de la vengeance alimente partout la haine et la violence. Lundi à Rome le Premier ministre israélien et le secrétaire d’Etat américain John Kerry reprendront les discussions en vue de débloquer les négociations qui visent à la fin de l’occupation des Territoires palestiniens. L’existence d’un Etat palestinien, fondé sur le respect du droit international, constitue sans doute la seule garantie durable pour la sécurité du territoire israélien et de sa population. Il y lieu de prier beaucoup afin que surgisse en ce sens une solution rapide, sans quoi l’insupportable injustice chaque jour plus manifeste risque de provoquer un embrasement mondial à partir du Proche-Orient, en servant de justification aux pires fanatismes. Nous sommes tous responsables de la paix du monde, là où nous sommes, et si petits que nous soyons, comme le Saint-Père le rappelle dans son message signé le 8 décembre, en référence à l’histoire de Caïn et Abel : « Savons-nous que Dieu demandera à chacun de nous « Qu’est-ce que tu as fait de ton frère ? » (Genèse 4, 9-10).
Une globalisation de la solidarité et de la fraternité
« La globalisation de l’indifférence, qui aujourd’hui pèse sur tant de nos frères et sœurs, demande que nous nous fassions tous artisans d’une globalisation de la solidarité et de la fraternité, qui puisse leur redonner courage sur le chemin… », précise François. Dans ce texte destiné à nous aider à prendre des résolutions nouvelles à l’occasion de la Journée mondiale de la paix, le 1er janvier prochain, le Pape a des mots très suggestifs où il invite à faire « quelque chose de positif », comme s’engager dans une association, ou simplement accomplir des gestes quotidiens « qui ont tant de valeur !», par exemple offrir un « bonjour » ou un sourire… « Un sourire peut changer une vie », dit-il en résumé et c’est pour l’essentiel ce que je voudrais retenir, d’autant qu’un sourire peut aussi changer la vie de celui qui le donne, en ouvrant son cœur à l’humanité de l’autre. Je me souviens de nos sourires de jeunes pèlerins qui transformaient les relations avec la milice communiste, au début des années 80, sur les routes du sanctuaire de Czestochowa, en Pologne. C’est aussi ce que les jeunes Français de la Manif pour tous ont voulu vivre face aux policiers parfois obligés d’obéir à des ordres iniques. Que Marie de Jérusalem, Notre-Dame de Palestine, Celle qui ne s’est pas laissée écraser par le mal mais qui l’a transformé en amour, nous apprenne à être partout les relais de son sourire qui désarme et console. Sachant que « le diable n’a aucun pouvoir sur elle », comme le Pape l’a rappelé place d’Espagne à Rome pour la récente fête de l’Immaculée Conception, implorons toujours avec confiance sa protection pour nous, pour nos familles, et pour le monde entier, spécialement pour la paix en Terre Sainte et dans tout le Moyen-Orient.