J’étais hier sur la place d’Espagne, au cœur de Rome, avec des milliers de personnes venues entourer le Pape François pour rendre hommage à l’Immaculée Conception, la femme enveloppée de soleil, couronnée d’étoiles et la lune sous ses pieds (Apocalypse 12). « Fille de Sion » comme l’appelle le Concile Vatican II (Lumen gentium 55), elle réalise la prophétie d’Isaïe annonçant la venue du Sauveur (62, 11) et personnifie le peuple de Dieu.
« Vierge immaculée, il y a 175 ans, à peu de distance d’ici, dans l’église de Sant’Andrea delle Fratte, tu as touché le cœur d’Alphonse Ratisbonne, qui jusqu’alors athée et ennemi de l’Église, est devenu chrétien. Tu t’es montrée à lui comme une Mère de grâce et de miséricorde. Accorde-nous aussi, spécialement dans l’épreuve et dans la tentation, de fixer le regard sur tes mains ouvertes, qui laissent descendre sur la terre les grâces du Seigneur, et de nous dépouiller de toute arrogance honteuse, pour nous reconnaître comme nous sommes vraiment : petits et pauvres pécheurs, mais toujours tes enfants », a dit le Saint-Père, adressant en notre nom une prière à Marie, la « Fille de Sion », devant sa statue fleurie de roses, le jour de sa fête, pour qu’elle bénisse le monde entier.
Cette allusion du successeur de Pierre à « l’arrogance honteuse » m’a fait notamment penser à la décision explosive prise l’avant-veille par Donald Trump : installer l’ambassade des Etats Unis à Jérusalem – non plus à Tel Aviv – et donc reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël. La concomitance de dates – la solennité de l’Immaculée Conception et ce viol de la diplomatie internationale – permet de rapprocher spirituellement les deux événements dans le cadre d’un grand combat apocalyptique où le sort de l’humanité est en jeu.
Rallumant le feu à Jérusalem sous l’influence de groupes fondamentalistes, le président américain accroît en effet les tensions au Moyen-Orient. Il provoque de nouvelles violences infernales, incontrôlables, dont les effets peuvent être très largement désastreux. L’Assemblée générale de l’ONU réaffirme depuis 1948 le principe de l’internationalisation de Jérusalem, et le Conseil de sécurité souligne qu’il ne reconnaîtra aucune modification aux frontières de 1967, y compris s’agissant de Jérusalem-Est, où se situe la Vieille Ville, peuplée de 300 000 Palestiniens mais annexée par Israël au mépris du droit.
Toute atteinte au statut de Jérusalem retentit au plan universel, touchant en particulier l’ensemble du monde arabo-musulman attaché à l’un des sanctuaires les plus anciens de l’islam, le Dôme du Rocher. Ainsi, vendredi 8 décembre, des manifestations se sont déroulées partout sur la terre, en défense des Palestiniens victimes de l’occupation, et déjà de nouvelles alliances stratégiques se dessinent, par exemple entre la Russie et la Turquie, pour résister au coup de force israélo-américain.
Les grands pays d’Europe appellent au respect des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et mettent en garde l’administration fédérale américaine qui prend le risque d’une dangereuse déstabilisation générale.
« Je veux adresser un appel afin que tous s’engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes des Nations Unies », avait lancé le Pape François lors de l’audience générale, mercredi dernier, précisant que « Jérusalem est une ville unique, sacrée pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, qui y vénèrent les Lieux Saints de leurs religions respectives, et a une vocation spéciale à la paix ».
Prions plus que jamais avec lui « pour que cette identité soit préservée et renforcée au bénéfice de la Terre Sainte, du Moyen-Orient et du monde entier, et que prévalent la sagesse et la prudence, pour éviter d’ajouter de nouveaux éléments de tension dans un panorama mondial déjà troublé et marqué par des conflits cruels et nombreux ».
Au lieu de viser à la possession même partagée de Jérusalem, qui deviendrait la capitale de deux Etats, Israël et la Palestine – comme cela est diplomatiquement proposé dans les instances internationales – ne pourrait-on pas imaginer un renoncement réciproque à la souveraineté idolâtre sur la ville trois fois sainte, lui accordant un statut de capitale interreligieuse, image de la « Jérusalem d’en haut » vers laquelle nous marchons ensemble ? Je trouve très belle cette idée, exposée en particulier par le rabbin David Meyer, et pour ma part je la relie intuitivement à l’attitude de la Vierge qui se présente les mains ouvertes, comme pour nous apprendre à lâcher prise en renonçant à l’arrogance…
S’il est vrai que des rosiers sont plantés près des vignes en Toscane, pour protéger le raisin des insectes, peut-être que les roses qui symbolisent la Vierge Marie évoquent son rôle protecteur vis-à-vis de l’humanité nouvelle que nous formons, nous qui sommes cette « vigne du Seigneur » sans cesse attaquée par l’ennemi dont l’Immaculée par son oui a déjà triomphé. Confions-lui le cœur de ceux qui nous gouvernent, afin qu’ils soient protégés des mauvaises influences et qu’en réglant avec justice la question de Jérusalem ils posent les bases futures d’une paix durable.
2 Comments
Et cela c’est à notre portée : confier le coeur de ceux qui nous gouvernent , qu’ils conduisent le monde à la vraie Paix.
David
Cher François
Merci pour ce texte qui exprime si bien la situation au Proche Orient.
” L’arrogance honteuse ” de certains dirigeants aveuglés par l’amour du pouvoir et de l’argent les a poussés à croire qu’ils sont les maîtres de la destinée des peuples.
Dans cet Orient déchiré par la violence et la haine préméditées par les dirigeants de certaines grandes puissances afin d’atteindre leurs objectifs géopolitiques, on fait payer depuis des années à des innocents le prix d’une guerre absurde, la guerre des autres sur leur terre.
Les Etats Unis en collaboration avec certains chefs d’états arabes ont créé des conflits, armé des groupes extrémistes et détruit des pays au nom d’une démocratie mensongère.
Des milliers de personnes ont perdu leurs vies et leurs biens, ils ont dû quitter leurs maisons et leur pays, dépouillés de tout !
Et aujourd’hui on s’attaque à Jérusalem, la ville Sainte !
Non et mille fois Non !
Jérusalem restera à jamais un lieu de prière pour tous les fidèles de toutes les communautés religieuses.
Il est temps que les dirigeants de ce monde se réveillent de leur léthargie et pointent du doigt la cause du mal. Une prise de conscience collective est demandée et une responsabilité s’impose afin d’arrêter cette mainmise sur la région du proche Orient et en particulier la Terre Sainte.
Des crises économiques furent créées au sein de chaque pays afin de distraire le peuple par des problèmes quotidiens et lui faire oublier tout ce qui se trame au niveau géopolitique dans la région.
On divise, on partage on crée des minorités car l’état d’Israël ne peut pas vivre entouré de pays forts.
Sur cette terre Sainte, foulée par Notre Seigneur Jésus Christ, Prince de la Paix, il est temps que cessent les massacres des innocents et que nos enfants puissent enfin vivre ensemble dans la paix !