Passeports pour le paradis

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SS. Papa Francesco - Pranco con i poveri19-11-2017@Servizio Fotografico - L'Osservatore Romano

Aujourd’hui nous étions très nombreux sur la place Saint-Pierre, à l’heure de l’angélus, pour prier avec le Pape François en cette première Journée mondiale des pauvres. L’initiative est née comme un signe concret de l’Année sainte extraordinaire de la Miséricorde, afin d’aider chacun à prendre conscience qu’il ne peut y avoir de justice ni de paix sociale tant que Lazare gît à la porte de notre maison, selon ce qu’expliquait le Saint-Père dans sa lettre apostolique Misericordia et misera, citant l’Evangile de saint Luc (16, 19-21). Cette Journée mondiale est donc un appel pressant à ne pas détourner notre regard des nouvelles formes de pauvreté qui empêchent les personnes de vivre dignement.

L’idée d’un tel rendez-vous annuel est venue de la suggestion faite au Pape par un jeune Français, Etienne Villemain, âgé de 40 ans, marié et père de trois enfants. Cela s’est passé au mois de novembre 2016, lors du pèlerinage de quatre mille personnes en situation de précarité, à Rome, intitulé Fratello, du nom de l’association fondée par ce jeune laïc qui en 2006 décida, avec quelques amis, de vivre l’Evangile de l’espérance aux côtés des gens de la rue.

J’avais pour ma part expérimenté une telle aspiration lorsque j’étais étudiant en droit à Aix-en-Provence, participant à l’organisation d’une fête pour les clochards de la ville en présence de l’archevêque, Mgr Bernard Panafieu, grand témoin de la bonté du Père céleste qui vient de s’éteindre dans la paix. Nous avions choisi le 16 avril 1983, centenaire de la mort de saint Benoît Labre, le « Vagabond de Dieu », comme date de ce rassemblement qui a marqué ma jeunesse et mes engagements futurs, y compris actuellement en tant que volontaire pour distribuer régulièrement des repas aux plus déshérités dans une gare de Rome. Désormais la Journée mondiale des pauvres pourra sans doute fédérer toutes nos inspirations de service concret rendu aux exclus de notre société.

« Personne ne peut penser être inutile, personne ne peut se dire si pauvre au point de ne pas pouvoir donner quelque chose aux autres », a souligné le Pape ce matin, lors de la messe de cette première Journée mondiale des pauvres, dans la basilique Saint-Pierre, avant le repas qu’il allait partager dans la salle Paul VI avec des milliers de personnes en difficulté sociale.

Il a insisté pendant son homélie sur le terrible péché d’omission, l’indifférence, qui consiste à ne pas faire le bien, parce que « ne rien faire de mal ne suffit pas »…  « Dieu n’est pas un contrôleur à la recherche de billets non compostés, il est un Père à la recherche d’enfants à qui confier ses biens et ses projets. Et c’est triste quand le Père de l’amour ne reçoit pas une réponse généreuse d’amour de ses enfants qui se limitent à respecter les règles, à s’acquitter des commandements, comme des salariés dans la maison du Père (cf. Luc 15, 17) », précisa avec clarté François, nous invitant au « risque par amour » et à mettre en jeu notre vie pour les autres.

« Dans le pauvre, Jésus frappe à la porte de notre cœur et, assoiffé, nous demande de l’amour. Lorsque nous vainquons l’indifférence et qu’au nom de Jésus nous nous dépensons pour ses frères plus petits, nous sommes ses amis bons et fidèles, avec lesquels il aime s’entretenir », ajouta-t-il, mettant en relation ces mots du Seigneur prononcés à chaque messe, « Ceci est mon corps » (Matthieu 26, 26), avec l’affamé et le malade, l’étranger et le prisonnier, le pauvre et l’abandonné, celui qui souffre sans aide et celui qui est dans le besoin, en précisant bien que « sur leur visage nous pouvons imaginer imprimé son visage ».

« Ils sont nos passeports pour le paradis » , lança-t-il, martelant que « pour nous c’est un devoir évangélique de prendre soin d’eux, qui sont notre véritable richesse, et de le faire non seulement en donnant du pain, mais aussi en rompant avec eux le pain de la Parole ». « Ce que nous investissons dans l’amour demeure, le reste s’évanouit », conclua le Pape, nous laissant devant un choix décisif : « vivre pour avoir sur terre ou donner pour gagner le ciel ».

1 Comment

  1. Madeleine dit :

    Merci de relayer ces belles nouvelles qui contribuent à nous faire un coeur nouveau.
    Madeleine

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