Pape marial et évangélisateur, Léon XIV est un don de Dieu pour l’Eglise universelle
« La mission est urgente » : il saura par exemple nous aider à trouver la force d’âme pour affronter courageusement les développements de l’intelligence artificielle, cette créature de l’humanité, sans cœur et sans conscience, incapable de nous enlever la liberté intérieure que donne la prière.
Pendant ces intenses journées historiques, de la mort du Pape François à l’élection du Pape Léon XIV, j’ai travaillé à faire des médiations avec les très nombreux journalistes présents à Rome, étant considéré comme un « régional de l’étape » par beaucoup d’entre eux. Il m’a été donné de collaborer aussi, plus directement, avec Le Figaro et avec KTO.
Bien sûr, nous attendions qu’un cardinal italien soit élu, comme cela semblait se dessiner, mais encore une fois l’Esprit Saint nous a surpris. J’avais pour ma part préparé quand même les portraits de trois cardinaux non italiens, dont celui de l’américain Robert Francis Prevost, que j’ai toujours admiré pour sa profonde humilité. Le Figaro publia mon texte dès l’annonce de l’élection, ce qui fut pour moi une grande satisfaction car au conclave précédent nous n’avions rien anticipé concernant Jorge Mario Bergoglio.
Présent au milieu des fidèles depuis 15h45 le jeudi 8 mai, place Saint-Pierre, presque au même endroit où j’étais lors de la messe des obsèques du Pape François, il ne m’a pas été possible de communiquer quand la fumée blanche s’est manifestée, car les réseaux étaient saturés. C’est donc comme simple chrétien que j’ai vécu ces heures inoubliables, sans pouvoir exercer mon métier de journaliste, ayant cependant la joie de découvrir, après mon retour chez moi le soir, que mon article « prémonitoire » avait été mis en ligne sur le site du plus grand quotidien de France juste après que le nom du cardinal choisi pour être le 267ème Pape ait été révélé au monde depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre.
Pendant la longue attente, sous un soleil printanier, nous avions contemplé une famille de goélands, sur le toit de la chapelle Sixtine – un couple et son attendrissant poussin – qui exprimait la communion cosmique de tout le créé avec l’évènement surnaturel en cours, un peu comme les animaux de la mangeoire à Bethléem. Quand la fumée blanche est apparue, les cris de fête ont fusé de toute part dans la foule, transformant la multitude rassemblée en un océan de joie indescriptible.
Le soir qui avait précédé, au coucher du soleil, après la fermeture des portes de la chapelle Sixtine où les cardinaux devaient voter, l’ambiance sur la place Saint-Pierre et alentour avait déjà déjà une dimension eschatologique, un peu comme si l’humanité attendait le retour du Christ, la parousie. Le Pape qui nous serait envoyé, en ce temps d’apocalypse planétaire, allait vraiment représenter le Messie qui ouvre aux êtres humains les portes du Paradis, les entraînant avec lui à vivre dans une lumière d’éternité par la grâce de la Parole divine incarnée aujourd’hui.
« Que la paix soit avec vous tous ! », dit Léon XIV, qui retenait ses larmes en nous regardant depuis le balcon de la basilique, désireux que ce salut de paix entre dans notre cœur, atteigne nos familles, toutes les personnes, où qu’elles se trouvent, tous les peuples, toute la terre. Cette paix du Christ ressuscité, venue de Dieu qui nous aime tous inconditionnellement , il la qualifia de « paix désarmée et désarmante, humble et persévérante ».
« Le mal ne prévaudra pas ! Nous sommes tous entre les mains de Dieu. Alors, sans crainte, unis main dans la main avec Dieu et entre nous, allons de l’avant », poursuivit-il, se présentant comme « un fils de saint Augustin » et rappelant les mots célèbres du grand évêque d’Hippone que j’ai appris à aimer au cours de ma jeunesse algérienne : « Avec vous, je suis chrétien, et pour vous, je suis évêque ». « Nous devons chercher ensemble comment être une Église missionnaire, une Église qui construit les ponts, le dialogue, toujours prête à accueillir comme cette place avec les bras ouverts. Tous, tous ceux qui ont besoin de notre charité, de notre présence, de dialogue et d’amour », ajouta-t-il, avant de rendre hommage à la Vierge – en ce jour de la Supplique à Notre-Dame de Pompéi – lui demandant son intercession à travers un Ave Maria que nous avons repris tous en chœur, ce Je vous salue Marie que j’avais tant espéré qu’il nous propose de prier ensemble, comme je l’avais confié à ma voisine brésilienne sur la place, Cristiane, au moment de la fumée blanche.
Recueillis, nous avons reçu sa première bénédiction apostolique Urbi et orbi, après qu’il ait invoqué notamment saint Michel, l’ange du combat spirituel, en ce jour anniversaire de son apparition au Mont Gargan (8 mai 492), dans la région italienne des Pouilles.
Dès ce soir-là, Léon XIV me donna l’impression de réaliser une heureuse synthèse entre Jean-Paul II, Benoît XVI et François, tout à la fois évangélisateur, spirituel et prophétique. J’ai aimé qu’il revête les habits liturgiques prévus pour le Pape, qu’il respecte avec dignité la tradition de l’Eglise sans chercher à se distinguer ni à séduire, revitalisant cette tradition par son expérience missionnaire, afin que l’Evangile puisse rejoindre la culture actuelle et la transformer de l’intérieur au service de la personne humaine qui est image de Dieu.
Il saura par exemple nous aider à trouver la force d’âme pour affronter courageusement les développements de l’intelligence artificielle, cette créature de l’humanité, sans cœur et sans conscience, incapable de nous enlever la liberté intérieure que donne la prière.
J’ai suivi le lendemain la messe Pro Ecclesia qu’il présidait dans la chapelle Sixtine, attentif à son homélie qui résonna comme le programme du nouveau pontificat. Dans ses premiers mots en anglais il a décrit l’Eglise comme « une communauté d’amis de Jésus », expression qui indique bien l’esprit de famille qu’il entend faire régner autour de lui, à l’école de saint Augustin et des pères de l’Eglise latine.
Partant de la profession de foi de l’apôtre Pierre, « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant » (Mt 16, 16), il nous a tous invités à reconnaître en Jésus « un modèle d’humanité sainte que nous pouvons tous imiter, avec la promesse d’une destinée éternelle qui dépasse toutes nos limites et toutes nos capacités ».
Léon XIV a déclaré vouloir servir « tout le Corps mystique de l’Eglise, de sorte qu’elle soit toujours plus la ville placée sur la montagne (cf Ap 21, 10) , l’arche du salut qui navigue sur les flots de l’histoire, le phare qui éclaire les nuits du monde », et cela « non pas tant grâce à la magnificence de ses structures ou à la grandeur de ses constructions, mais à travers la sainteté de ses membres ».
Il a évoqué ensuite les « nombreux contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu intelligentes ; des contextes où on lui préfère d’autres certitudes, comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir », considérant que « la mission est urgente…, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d’autres blessures dont notre société souffre considérablement ».
Dénonçant « l’athéisme de fait » dans lequel vivent de nombreux baptisés qui n’ont pas un rapport personnel d’amitié avec le Christ, dans la prière, il a nous a encouragés à choisir « l’engagement d’un chemin quotidien de conversion ». Ce chemin, qu’il a pris lui-même, consiste – a-t-il expliqué – dans le fait de « disparaître pour que le Christ demeure », de « se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié, (cf Jn 3, 30) », de « se dépenser jusqu’au bout, pour que personne ne manque l’occasion de le connaître et de L’aimer ». Son émouvante citation de la célèbre expression de saint Ignace d’Antioche (cf. Lettre aux Romains, Prologue), mort martyr à Rome, pourra aider plus largement les baptisés que nous sommes à vivre leurs responsabilités dans l’annonce de l’Evangile par un témoignage de vie toujours plus humble et cohérent : « Conduit enchaîné vers cette ville, lieu de son sacrifice imminent, il écrivait aux chrétiens qui s’y trouvaient : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus mon corps » (Lettre aux Romains, IV, 1). Il faisait référence au fait d’être dévoré par les bêtes sauvages dans le cirque – et c’est ce qui arriva –, mais ses paroles renvoient de manière plus générale à un engagement inconditionnel pour quiconque exerce un ministère d’autorité dans l’Église ».
Samedi, au surlendemain de l’élection pontificale, l’éloquente devise du nouveau Pape était dévoilée : « En celui qui est un, soyons un ». Cette citation de saint Augustin, qui reprend le testament de Jésus (Jn 17, 21), indique l’unité des chrétiens comme condition essentielle pour que le monde croie… Sur les armoiries de Léon XIV, elles aussi présentées le même jour, se détachent un lys blanc sur fond bleu, symbole marial par excellence, ainsi que le Sacré-Cœur de Jésus transpercé, reposant sur l’Evangile, rappel du blason de l’Ordre contemplatif et apostolique de Saint Augustin auquel il appartient.
Voilà vraiment le grand Pape qu’il nous fallait, en ces temps qui sont les derniers.
Make Jesus Great Again!
François Vayne
5 Comments
Un si grand merci cher François pour ce texte et pour ces moments intenses. Quelle grâce du ciel que le Pape Léon XlV sa personnalité et son expérience. Normande pure laine comme tu le sais, nous sommes très touches car nous avons vu que sa grand mère maternelle était du Havre -comme nous ! J’ai une prédilection pour ses armes et sa devise. Mille vœux fervents Thérèse franque
Merci chère Thérèse pour ton commentaire enthousiaste. Oui, par ses racines Léon XIV rejoint notre histoire, la belle histoire de France, et nous rappelle à quel point elles sont vivantes. Puissions-nous être fidèles, malgré nos limites et sans nous laisser décourager par “l’accusateur”, à la vocation universelle de la Fille aînée de l’Eglise, en témoignant contre vents et marées du trésor spirituel qui nous a été confié. En communion vers le Ciel, François
Dans ces temps marqués par l’agitation, le relativisme et l’indifférence, les paroles du Saint-Père portent la tendresse du Christ. Elles réveillent les âmes qui veillent encore, et réconfortent celles qui doutent en silence.
Ce souffle me touche profondément. Il invite à une fidélité incarnée, au cœur même des secousses du monde.
Que le Seigneur soutienne Léon XIV dans sa mission de lumière. Et que nos cœurs restent ouverts à la Parole, même lorsqu’elle bouscule.
Merci François pour ce magnifique papier, si tu le souhaites, je peux t’envoyer le DVD du film ” Je m’appelle Bernadette” pour que tu l’offres , accompagné d’un mot de ta belle plume, à notre Pape Léon XIV . Bien confraternellement. Bernard Massas
Volontiers cher Bernard! De tout coeur avec toi dans la joie de cette élection.