Tandis que nous sommes en pleine période de carême catholique, l’épidémie de coronavirus qui affole le monde entier depuis décembre dernier a déjà touché plus de 100 000 personnes, faisant pour l’instant près de 4000 morts. L’ambiance est surréaliste, le temps est comme suspendu, plus aucun projet à court ou moyen terme n’a d’importance…
Les autorités italiennes viennent de mettre en quarantaine le nord du pays, où la maladie s’est largement propagée, interdisant à quinze millions d’habitants de sortir des zones délimitées de Lombardie et de Vénétie. Partout en Italie des mesures de prévention sont prises, comme par exemple l’obligation de se tenir à un mètre de distance des autres dans l’espace public. De plus la conférence épiscopale italienne a annoncé qu’il n’y aurait plus aucune messe dans les paroisses jusqu’au 3 avril…
Le Pape François lui-même a décidé d’interrompre la participation des fidèles aux messes matinales qu’il célèbre à la Maison Sainte-Marthe et, ce dimanche, il a récité la prière de l’angélus en streaming, depuis la Bibliothèque apostolique, se disant proche spirituellement des personnes qui souffrent de cette épidémie et de ceux qui en prennent soin. « Je m’unis à mes frères évêques pour encourager les fidèles à vivre ce moment difficile avec la force de la foi, la certitude de l’espérance et la ferveur de la charité », a-t-il ajouté, précisant que « le temps de Carême nous aide tous à donner uns sens évangélique à ce moment d’épreuve et de douleur ».
L’audience générale du mercredi 11 mars se déroulera également en vidéo. Ce sera une journée de jeûne et de prière pour l’Italie et le monde, à l’initiative du diocèse de Rome, premier acte d’un chemin d’intercession qui nous conduira au triduum pascal. Ainsi, paradoxalement, alors que notre humanité apeurée redécouvre sa vulnérabilité, le coronavirus nous rapproche les uns des autres en profondeur : nous sommes tous en effet embarqués dans la même aventure collective de salut public, responsables réciproquement, appelés à respecter des règles de comportement et à faire des sacrifices par amour des personnes les plus à risque.
La globalisation heureuse basée sur les lois du marché s’effondre au bénéfice d’une fraternité humaine sans frontières. Prenant conscience de notre fragilité, nous laissons de côté la frénésie de la consommation qui condamne la planète pour retrouver l’essentiel.
« Le Seigneur nous accorde un temps favorable pour nous préparer à célébrer avec un cœur renouvelé le grand Mystère de la mort et de la résurrection de Jésus, pierre angulaire de la vie chrétienne personnelle et communautaire », comme dit le Saint-Père dans son message de Carême signé avant l’épidémie. Nous gagnerions à le lire attentivement. « Le fait que le Seigneur nous offre, une fois de plus, un temps favorable pour notre conversion, ne doit jamais être tenu pour acquis. Cette nouvelle opportunité devrait éveiller en nous un sentiment de gratitude et nous secouer de notre torpeur. Malgré la présence, parfois dramatique, du mal dans nos vies ainsi que dans la vie de l’Église et du monde, cet espace offert pour un changement de cap exprime la volonté tenace de Dieu de ne pas interrompre le dialogue du salut avec nous », ajoute-t-il encore, fort à propos.
Saisissons donc la possibilité qui se présente de prier davantage, c’est-à-dire d’entrer dans un dialogue cœur à cœur, d’ami à ami, avec Dieu. « La prière peut prendre différentes formes, mais ce qui compte vraiment aux yeux de Dieu, c’est qu’elle creuse en nous jusqu’à réussir à entamer la dureté de notre cœur, afin de le convertir toujours plus à lui et à sa volonté » (Message du Saint-Père pour le Carême 2020).
Je vous invite donc, chers lecteurs, à rejoindre la « chaîne » de prière qui débute mercredi prochain, au sanctuaire romain du Divin Amour, et durera jusqu’au mercredi de la Semaine Sainte. Invoquons la Vierge Marie en faveur des malades et de leurs familles, des membres du personnel soignant et des autorités chargées de prendre les décisions importantes. Puissions donner un « sens évangélique » de cette épidémie ; fixer le regard du cœur sur le Mystère pascal et entendre l’appel à nous laisser réconcilier avec Dieu.
1 Comment
Union de prière avec le monde!
Merci pour ce beau texte!