Au cours de la célébration pénitentielle « 24 heures pour le Seigneur », vendredi 13 mars, le Pape nous a fait une surprise : à l’occasion des deux ans de son élection comme évêque de Rome, il a annoncé l’ouverture, le 8 décembre prochain, solennité de l’Immaculée Conception, d’un Jubilé extraordinaire consacré à la Miséricorde divine. Il se déroulera jusqu’au 20 novembre 2016, dimanche du Christ Roi. Pour ma part très enthousiaste et profondément heureux qu’un tel Jubilé nous soit offert, je trouve merveilleux que nous ayons la chance d’être invités à un pareil rendez-vous, avec dix ans d’avance. Un Jubilé n’a lieu en effet normalement que tous les vingt-cinq ans et le prochain n’était prévu que pour 2025… François, le pape « della fine del mondo » – selon sa propre expression publique du 13 mars 2013 – n’a pas de temps à perdre, ni à nous faire perdre, ayant en plus le sentiment que son pontificat sera bref, comme il l’a confié récemment à mon excellente consœur mexicaine, Valentina Alazraki. L’évènement voulu par François, dont la nouvelle nous surprend en même temps qu’elle nous enchante, suivra le Synode des évêques sur la famille, et marquera le 50ème anniversaire de la clôture du Concile Vatican II. Pour bien comprendre le sens de ce que nous allons vivre, allons lire le nouvel ouvrage du cardinal Walter Kasper intitulé Le Pape François, la révolution de la tendresse et de l’amour (pour le moment en italien aux éditions Queriniana). L’auteur, grand inspirateur de ce pontificat, analyse en quoi le mot Miséricorde en est la parole clé. À la lumière de la devise épiscopale de Jorge Mario Bergoglio – Miserando atque eligendo, signifiant en substance « me regardant avec les yeux de sa miséricorde, il m’a choisi » – le théologien Kasper nous guide aux racines de la spiritualité du pape actuel, indiquant comme repère essentiel le discours du bienheureux Paul VI lors de la dernière session du Concile Vatican II, le 7 décembre 1965, au cours duquel il donna le Samaritain miséricordieux comme modèle pour le renouveau de l’Eglise. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6, 36) : il va donc nous falloir revenir chacun personnellement à cet appel du Christ qui est un commandement, et vivre en conséquence, collectivement, comme peuple missionnaire de l’amour et de la tendresse de Dieu.
Il est « inexplicable » cet amour de Dieu, disait François à la messe du matin, lundi dernier. « C’est quelque chose qu’aucun théologien ne peut expliquer. On peut seulement le ressentir et pleurer de joie » commentait le Pape, s’appuyant sur l’Evangile du jour qui décrivait la guérison du fils de l’officier royal. Cet homme a cru que Jésus avait le pouvoir de changer la santé de son fils et s’est mis en chemin. La foi consiste à « créer un espace pour cet amour » qui est puissance de Dieu, ajoutait François, lumineusement : « c’est le pouvoir de quelqu’un qui m’aime, qui est amoureux de moi et qui veut partager la joie avec moi ». « C’est cela la foi, croire – concluait-il – faire de la place au Seigneur pour qu’Il vienne et me change ».
Nous en ferons d’abord l’expérience dans le sacrement de la réconciliation, au cœur même de toutes nos déchirures, à l’occasion de l’Année Sainte de la Miséricorde, pour en devenir ensuite les humbles et joyeux témoins. Dans la grande persécution que la sainte Église romaine est en train de subir du Pakistan au Nigéria en passant par la Lybie, la Syrie, et l’Irak, le successeur de Pierre fait paître ses brebis à travers de nombreuses tribulations. Puisse ce Jubilé « apporter le réconfort à chaque homme et à chaque femme de notre temps », comme François le souhaite en rappelant que « Dieu pardonne tout, pardonne toujours » (homélie du 13 mars 2015).
Confions dès à présent avec lui cette Année à Marie, Mère de la Miséricorde, « afin qu’elle tourne vers nous son regard et qu’elle veille sur notre chemin : notre chemin pénitentiel, notre chemin avec le cœur ouvert, pendant un an, pour recevoir l’indulgence de Dieu, pour recevoir la miséricorde de Dieu ».
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Que notre Pape soit béni en abondance pour cette sainte annonce! Entre autres, j’y vois la grâce divine d’un langage commun avec nos frères musulmans,et celle d’une communion possible urgente avec tous les croyants de la terre au service de l’humanité toute entière. Mille mercis pour tes articles. Marie