
Légat du Pape, le cardinal Pietro Parolin représentera Léon XIV à Pompéi ce 13 novembre, à l’occasion du 150ème anniversaire de l’arrivée du tableau de Notre-Dame du Rosaire vénéré dans le sanctuaire fondé par saint Bartolo Longo, « bienfaiteur de l’humanité ».
« Aujourd’hui, c’est le jour de la Supplique à Notre-Dame de Pompéi. Notre Mère Marie veut toujours marcher avec nous, être proche de nous, nous aider par son intercession et son amour », avait souligné Léon XIV lors de sa première bénédiction Urbi et Orbi, le jeudi 8 mai 2025 en fin d’après-midi, depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, juste après son élection comme Pasteur universel. « Je voudrais donc prier avec vous. Prions ensemble pour cette nouvelle mission, pour toute l’Église, pour la paix dans le monde et demandons cette grâce spéciale à Marie, notre Mère », ajoutait-il, avant de nous proposer de réciter ensemble la prière de l’Ave Maria, en mondovision…
Le nouveau pontificat est ainsi marqué par la protection de la Vierge du Rosaire vénérée au sanctuaire marial de Pompéi, où dans la matinée du 8 mai dernier les fidèles rassemblés avaient demandé l’intercession de la Mère de l’Eglise en faveur des cardinaux réunis en conclave, invités à cette démarche spirituelle par le cardinal Giovanni Battista Re (91 ans), Doyen du Sacré Collège, qui présidait la célébration de la messe et la récitation de la supplique.
En attendant d’aller probablement à Pompéi le 8 mai 2026, pour rendre grâce un an après son élection sur le trône de Pierre, Léon XIV a décidé d’envoyer comme légat pontifical le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat, jeudi 13 novembre, à l’occasion du 150ème anniversaire de l’arrivée du tableau de Notre-Dame du Rosaire.
Dans une lettre signée en la fête de Notre-Dame du Rosaire, le 7 octobre, et rendue publique samedi 8 novembre, six mois après son élection, il décrit le sanctuaire de Pompéi comme un « rempart érigé pour la promotion et la défense de la paix », saluant le travail réalisé par son fondateur, saint Bartolo Longo, Chevalier de l’Ordre du Saint-Sépulcre, qu’il a canonisé le 19 octobre dernier, le qualifiant ce jour-là de « bienfaiteur de l’humanité » en raison des grandes œuvres de charité qu’il a suscitées et qui entourent toujours aujourd’hui le sanctuaire.
Le Pape demande à son légat d’encourager les pèlerins présents « afin que, dans ce temple de la foi et de la charité, édifié par le travail humain, continue à se développer l’âme christologique et contemplative du Rosaire », citant à ce propos la lettre apostolique de saint Jean-Paul II, Rosarium Virginis Mariae, où Bartolo Longo est donné en modèle de laïc priant qui a su mettre l’Evangile en pratique, soutenu à l’époque par le « Pape du Rosaire », Léon XIII.
« Le bienheureux Bartolo Longo eut un charisme spécial, celui de véritable apôtre du Rosaire », rappelait saint Jean-Paul II dans cette lettre apostolique, en octobre 2002. « Son chemin de sainteté s’appuie sur une inspiration entendue au plus profond de son cœur: « Qui propage le Rosaire est sauvé! ». À partir de là, il s’est senti appelé à construire à Pompéi un sanctuaire dédié à la Vierge du Saint Rosaire près des ruines de l’antique cité tout juste pénétrée par l’annonce évangélique avant d’être ensevelie en 79 par l’éruption du Vésuve et de renaître de ses cendres des siècles plus tard, comme témoignage des lumières et des ombres de la civilisation classique » (Rosarium Virginis Mariae, n°8).
Dix ans après le pèlerinage du Pape François à Pompéi (25 mars 2015), proposant de redécouvrir le Rosaire en contemplant la vie du Sauveur avec le regard de Marie, le cardinal Parolin fera certainement remarquer que le Jubilé du tableau de la Vierge de Pompéi coïncide avec l’Année Jubilaire 2025, centrée sur l’espérance qu’est Jésus lui-même, et avec les 1700 ans du Concile de Nicée (325), qui a mis en évidence le mystère divino-humain du Christ.
Cette espérance invincible offerte à l’humanité est illustrée par l’histoire de l’arrivée du tableau marial dans la vallée alors désolée de Pompéi, au soir du 13 novembre 1875. En effet, c’est sur un chariot de fumier que la toile a humblement voyagé depuis Naples, où Bartolo Longo l’avait reçue d’une religieuse d’un couvent local sur indication de son confesseur. Le charretier Angelo Tortora, chargé du transport, ne pouvait imaginer que ce cadre fragile d’un mètre de large sur un mètre vingt de haut deviendrait le cœur battant de la nouvelle cité mariale. Représentant la Vierge Marie tenant l’Enfant Jésus dans ses bras, avec à ses pieds saint Dominique et sainte Catherine de Sienne à qui elle transmet le Rosaire, la peinture – restaurée puis exposée à la vénération le 13 février 1876 – fut à l’origine d’une extraordinaire histoire de foi et de renaissance, suggérant à chaque personne que sur le fumier de sa vie peuvent pousser de très belles fleurs…
En fidélité à cette aventure divine, Mgr Tommaso Caputo, l’archevêque- Prélat de Pompéi, a inauguré une pinacothèque mariale quelques jours avant le 150ème anniversaire de l’arrivée du tableau, galerie d’art abritant notamment « La Déposition » du peintre Andrea Mantegna (1431-1506), bouleversante représentation du Christ mort, miraculeusement retrouvée et restaurée grâce au concours des Musées du Vatican.
« Toute l’histoire de la nouvelle Pompéi a débuté avec une peinture que Bartolo Longo voulut porter au milieu des paysans de cette vallée. C’était une image à restaurer, de même que cette œuvre a été récupérée après des années d’oubli », notait publiquement Mgr Caputo, indiquant « une similitude entre notre temps et celui de Bartolo Longo », et faisant remarquer le détail important du chapelet autour de la main droite de Marie Madeleine qui apparaît dans le tableau de Mantegna, comme un appel à la prière… « La Vierge est dans l’ombre, témoin de l’espérance qui est la plus humble des trois vertus théologales » ajoutait avec une profonde sensibilité spirituelle la directrice des Musées du Vatican, Barbara Jatta. La Vierge, dans l’ombre, est aussi la plus proche du cœur du Christ.
François Vayne