Ce vendredi j’ai eu la joie de revoir François, à son retour de Suisse, lors d’une audience accordée aux associations catholiques engagées auprès des Eglises d’Orient. Dans son discours improvisé, il a insisté sur le « péché d’incohérence », ce contre-témoignage scandaleux qui empêche l’Evangile de se propager quand des chrétiens – des ecclésiastiques en particulier – se replient de façon mesquine sur leurs intérêts partisans, provoquant la division. C’était aussi le thème développé hier à Genève par le Saint-Père, pour son 23ème voyage hors d’Italie, au cours duquel il a lancé un appel à la cohérence chrétienne. C’est la première fois qu’un pape se rendait spécialement en « pèlerinage », de manière spécifique, au Conseil œcuménique des Eglises (le COE), qui représente 345 Eglises dans le monde, regroupant toutes ensemble un demi-milliard (550 millions) de fidèles orthodoxes, anglicans et protestants.
Les préoccupations du COE, où l’Eglise catholique a un statut d’observateur, sont parfois devenues plus sociales que missionnaires. Le Saint-Père a donc saisi l’occasion du 70ème anniversaire de cette institution pour l’encourager à « un nouvel élan évangélisateur », considérant que « si le souffle missionnaire grandit, l’unité grandira aussi » afin que le monde croie, selon le désir exprimé par Jésus dans sa prière testament du Jeudi saint (Jean 17, 21). François a ainsi mis en garde par rapport à « un humanisme purement immanent, adaptable aux modes du moment », invitant les Eglises à revigorer leur pas, à « rejeter la mondanité » et à sortir de « la spirale diabolique des cloisonnements continuels » pour retrouver « le fort appel missionnaire » des origines.
Cette dizaine d’heures en terre helvétique laisse présager « l’éclosion d’un nouveau printemps œcuménique », où il s’agit – comme a dit le Pape – d’être du Seigneur plutôt que de droite ou de gauche, en dépassant le clivage stérile qui opposait « conservateurs » et « progressistes ». « Grande entreprise en pure perte », l’œcuménisme exige que nous acceptions de perdre nos prérogatives respectives pour laisser Dieu travailler au coeur de notre pauvreté enfin reconquise. « Cheminer dans l’Esprit signifie choisir avec une sainte obstination la voie de l’Evangile », a résumé l’évêque de Rome, avant de célébrer la messe à Genève, pour la communauté catholique de Suisse, proposant d’expérimenter « une amnistie générale » des fautes d’autrui, dans le but d’accélérer l’unité entre tous.
Pour vivre ce pardon personnel et collectif, « une belle radiographie du cœur » s’impose , de manière à voir si en nous se trouvent encore des obstacles, des « pierres à bouger », comme celle du matin de Pâques… « Le courage du silence et de la prière » nous permettra de demander au Père la force de pardonner, pour « nous redécouvrir frères après tant de siècles de controverses et de déchirures ». L’œcuménisme du sang versé par les martyrs chrétiens, dans les territoires bibliques, féconde mystérieusement cette marche commune vers l’unité qui n’a jamais été si près d’aboutir.
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Encore merci de relayer notre Saint Père de cette façon fidèle et synthétique , chaque fois que nous l’écoutons il nous entraîne à changer quelque chose dans notre manière d’être.
Andrée