Chers lectrices et chers lecteurs, en ces jours qui nous conduisent vers la clôture du Jubilé de la Miséricorde, je voudrais méditer avec vous à partir des paroles de sagesse du Pape François, spécialement celles qu’il a prononcées lors de la messe avec les détenus, le 6 novembre, dans la basilique Saint-Pierre. Commentant en direct cette célébration pour les auditeurs de Radio Vatican, j’ai vu des larmes couler sur les visages des participants qui écoutaient l’homélie de l’humble évêque de Rome. La statue de la Vierge de la Merci, patronne des captifs, semblait elle aussi verser des pleurs de joie avec, aux bras, l’Enfant Jésus qui présentait à tous une chaîne rompue, comme la promesse d’un avenir qui commence aujourd’hui.
Face à la corruption qui menace toutes les organisations humaines, l’évêque de Rome considère qu’il n’y a pas de meilleur remède que « l’austérité prêchée par l’exemple ». C’est ce qu’il a dit aux représentants des populations exclues et défavorisées, participants de la troisième Rencontre mondiale des mouvements Populaires, début novembre, à travers un discours intense, prononcé en espagnol. « La valeur de l’exemple a plus de valeur que mille paroles, que mille « J’aime », que mille retweets, que mille vidéos sur Youtube… L’exemple d’une vie austère au service du prochain et le meilleur moyen pour promouvoir le bien commun », a-t-il insisté, après avoir dénoncé la « banqueroute de l’humanité » due à « l’impérialisme international de l’argent », véritable « terrorisme de base » où s’alimentent notamment le narco-terrorisme et le terrorisme d’Etat, sous couvert de fausses raisons ethniques ou religieuses…
Qu’il s’agisse du soin de la nature, de la question des migrants ou de celle des réfugiés, il a encouragé ces mouvements à promouvoir une alternative humaine à « la globalisation de l’indifférence » en mettant en pratique leur projet des trois T : terre, travail et toit, pour tous. Cette volonté de confier les clés d’un changement responsable aux plus petits, il l’a manifestera aussi en accueillant les sans-abri le 13 novembre, pour leur pèlerinage jubilaire, le dernier grand rendez-vous de l’Année Sainte de la Miséricorde – vécue comme une grande amnistie – avant sa clôture prévue bientôt, pour la fête du Christ Roi.
Ce dimanche, ce sont des centaines de détenus qui ont prié avec le Pape François, au cours d’une messe qu’il présidait dans la basilique Saint-Pierre, marquée par l’espérance d’un chemin nouveau. « Il n’y a pas d’endroit dans notre cœur qui ne puisse pas être atteint par l’amour de Dieu. Là où il y a une personne qui a commis une faute, là se fait encore plus présente la miséricorde du Père, pour susciter le repentir, le pardon, la réconciliation, la paix », leur a déclaré le successeur de Pierre.
« Une chose est ce que nous méritons pour le mal fait ; autre chose, en revanche, est le fait de ‘‘respirer’’ l’espérance, qui ne peut être étouffée par rien ni par personne. Notre cœur espère toujours le bien ; nous le devons à la miséricorde avec laquelle Dieu vient à notre rencontre sans jamais nous abandonner », a-t-il précisé devant 4000 personnes du monde des prisons, dont 1000 prisonniers parmi lesquels des jeunes mineurs et beaucoup d’anciens détenus avec leurs familles.
« Moi, je vous dis : chaque fois que j’entre dans une prison, je me demande : ‘‘Pourquoi eux et pas moi ?’’. Tous, nous pouvons commettre des fautes : tous ! D’une manière ou d’une autre, nous avons commis des fautes », a confié François, ayant souhaité personnellement ce jubilé particulier des prisonniers, prévoyant même dans sa « bulle d’indiction » que même la porte d’une cellule pouvait devenir Porte Sainte dans la mesure où le détenu priait sincèrement le Père des cieux en implorant sa grâce.
Dès le début de son pontificat il avait célébré la cène du Seigneur, le Jeudi saint, dans une prison romaine, la Casa del Marmo, réservée à des jeunes délinquants. Partout où il est passé, lors de ses voyages, il a visité les prisonniers, ainsi à Philadelphie aux Etats Unis, ou encore à Ciudad Juarez au Mexique. Il a téléphoné ces derniers mois à plusieurs condamnés à mort dans divers pays.
Ne s’agit-il pas plus largement, pour chacune et chacun de nous, de comprendre que la miséricorde de Dieu veut nous libérer de nos enfermements ? N’est-ce pas en effet à nous tous que le message s’adresse de façon plus pressante alors qu’approche la fin de ce Jubilé de la Miséricorde ? « On oublie que nous sommes tous pécheurs et que, souvent, nous sommes aussi des prisonniers sans nous en rendre compte », notait le Saint-Père, ajoutant que « lorsqu’on s’enferme dans ses propres préjugés, ou qu’on est esclave des idoles d’un faux bien-être, quand on s’emmure dans des schémas idéologiques ou qu’on absolutise les lois du marché qui écrasent les personnes, en réalité, on ne fait rien d’autre que de se mettre dans les murs étroits de la cellule de l’individualisme et de l’autosuffisance, privé de la vérité qui génère la liberté ».
« Montrer du doigt quelqu’un qui a commis une faute ne peut devenir un alibi pour cacher ses propres contradictions », rappelait-il, parce que « personne devant Dieu ne peut se considérer juste », selon ce que l’apôtre Paul expliquait aux Romains (2, 1-11) », mais en même temps « personne ne peut vivre sans la certitude de trouver le pardon ! ».
Commentant en direct cette célébration pour les auditeurs de Radio Vatican, j’ai vu des larmes couler sur les visages des participants qui écoutaient cette homélie, en contemplant la statue de la Vierge de la Merci, patronne des captifs, qui semblait elle aussi verser des pleurs de joie avec aux bras l’Enfant Jésus présentant une chaîne rompue.
« L’histoire qui commence aujourd’hui, et qui regarde l’avenir, est encore toute à écrire, avec la grâce de Dieu et avec votre responsabilité personnelle. En apprenant des erreurs du passé, on peut ouvrir un nouveau chapitre de la vie. Ne tombons pas dans la tentation de penser de ne pouvoir être pardonnés. Quelle que soit la chose, petite ou grande, que le cœur nous reproche, « Dieu est plus grand que notre cœur (1 Jean 3, 20) : nous devons uniquement nous confier à sa miséricorde ».
Puissent ces évènements jubilaires, éclairés par la sagesse et l’exemple du Pape, nous inspirer les décisions à prendre concrètement pour un changement dans notre vie, et donc dans le monde, afin que, victimes ou coupables sur le chemin de la réconciliation, nous devenions d’authentiques témoins et artisans de miséricorde.
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Merci pour ce bel article révélant que le chemin de l’amour peut-être pris par tous les cœurs! Car chacun est en attente du cœur de son cœur et que l’Amour Aime sans distinction. Soyons des défendeurs ardents de la Vérité et de l’Amour, soyons des combattants, plus que jamais, ne soyons pas tièdes et osons vivre de l’Amour