Repartons d’Assise

Le Jubilé des Pauvres avec Léon XIV, à la grotte de Lourdes dans les jardins du Vatican
17 novembre 2025

Le pontificat de Léon XIV commence maintenant, après les six premiers mois au cours desquels il a poursuivi et achevé ce que son prédécesseur avait initié, signant notamment l’exhortation apostolique Dilexi te, sur l’amour envers les pauvres, ou la note doctrinale sur certains titres attribués à la Vierge Marie, qui n’étaient pas complètement de son cru.

Quel est l’horizon qu’il trace ? Lors de son premier voyage hors de Rome et de ses environs, le 20 novembre, dans la basilique Sainte-Marie-des-Anges à Assise, rencontrant les évêques italiens réunis en assemblée plénière, il a donné en exemple la « foi intrépide et persévérante » de saint François et de ses frères, modèles pour une Eglise de « style synodal » dont le choix convaincu de fraternité est ancré dans une longue tradition.

« Ensemble, en effet, ils ont partagé les différentes étapes de leur chemin; ensemble, ils se sont rendus auprès du Pape Innocent III; ensemble, année après année, ils ont perfectionné et enrichi le texte initial qui avait été présenté au Souverain Pontife, composé, selon Thomas de Celano, «surtout de passages du saint Evangile» (1 Cel 32: FF 372) », a-t-il rappelé, souhaitant qu’à la lumière de leur témoignage l’Eglise trouve aujourd’hui « la force de faire des choix inspirés par une foi authentique ».

Ces choix authentiques se dessineront lors du prochain consistoire extraordinaire des cardinaux, qu’il a convoqué début janvier, désireux de ne pas gouverner de façon autocratique mais dans une concertation effective et respectueuse avec ceux qui l’ont élu le 8 mai dernier.

Léon XIV est le pape de la paix, d’abord à l’intérieur de l’Eglise, où il veut servir l’unité, et bien sûr au plan universel, dans un contexte de plus en plus inquiétant, notamment pour l’Europe – de l’Atlantique à l’Oural – dont plusieurs nations risquent d’être dévastées par un conflit atomique.

Cette paix qu’il invoqua sur nous dès ses premiers mots au balcon de la basilique Saint-Pierre – « la paix soit avec vous tous ! » -, comment la recevoir et la transmettre? « Le cœur humain doit se disposer à la paix et, dans la méditation, il s’ouvre ; dans la prière, il sort de lui-même. Revenir en soi-même pour sortir de soi-même », indiqua-t-il durant la rencontre interreligieuse de prière pour la paix, en présence de représentants de diverses confessions, au Colisée, le 28 octobre dernier.

J’ai personnellement suivi cet évènement romain attentivement, ayant eu la grâce de débuter mon métier de journaliste à Assise à l’occasion de la première de ces rencontres, il y a 39 ans, le 27 octobre 1986, alors que j’avais à peine 24 ans.

« La prière est un mouvement de l’esprit, une ouverture du cœur. Il ne s’agit pas de mots hurlés, de comportements ostentatoires, de slogans religieux utilisés contre les créatures de Dieu. Nous croyons que la prière change l’histoire des peuples », a dit encore Léon XIV au Colisée, faisant mémoire de ce jour inoubliable, gravé dans mon coeur, où saint Jean-Paul II invita les chefs religieux du monde entier à Assise pour prier pour la paix : « plus jamais les uns contre les autres, mais les uns à côté des autres ».

« Aujourd’hui, le monde semble avoir pris la direction opposée, mais nous repartons d’Assise, de cette conscience de notre tâche commune, de cette responsabilité de paix », exhorta-il avec la douce détermination qui le caractérise, soulignant que « la prière dans « l’esprit d’Assise » repose sur la base solide exprimée par la déclaration Nostra aetate du Concile Vatican II (datée du 28 octobre 1965), c’est-à-dire sur le renouveau des relations entre l’Église catholique et les religions ».

« Avec la force de la prière, les mains nues levées vers le ciel et les mains ouvertes vers les autres, nous devons faire en sorte que cette période de l’histoire marquée par la guerre et la tyrannie de la force s’achève rapidement et qu’une nouvelle histoire commence. Nous ne pouvons accepter que cette période se prolonge, qu’elle façonne la mentalité des peuples, que nous nous habituions à la guerre comme compagne habituelle de l’histoire humaine. Assez ! C’est le cri des pauvres et le cri de la terre. C’en est assez ! Seigneur, écoute notre cri ! », lança-t-il prophétiquement.

« La culture de la réconciliation vaincra l’actuelle mondialisation de l’impuissance, qui semble nous dire qu’une autre histoire est impossible ». « Il faut oser la paix ! Et si le monde reste sourd à cet appel, nous sommes certains que Dieu entendra notre prière et la plainte de tant de personnes qui souffrent. Car Dieu veut un monde sans guerre. Il nous libérera de ce mal ! ».

Forts de cet enseignement pontifical plein d’amour et de force, marchons sans plus attendre avec l’humble Léon XIV sur ce chemin permanent de réconciliation !

François Vayne

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