Certains parmi vous, chers lecteurs de ce blog, me font remarquer que je n’ai rien écrit depuis le 16 avril, fête de la naissance au Ciel de sainte Bernadette. J’étais bien occupé à d’autres tâches, notamment dans le cadre du 110ème anniversaire de l’association UNITALSI, qui accompagne des milliers de personnes malades à Lourdes chaque année. L’UNITALSI, qui est présente dans tous les diocèses italiens, et au-delà aussi désormais, accueille dans ses différentes sections les reliques de sainte Bernadette au cours de cette Année de la foi, en coordination avec l’abbé Jean-François Duhar, le jeune curé de Lourdes nommé audacieusement à ce poste avancé par Mgr Jacques Perrier, le grand évêque, aujourd’hui « émérite », qui fit venir deux papes à Massabielle en 2004 et 2008…
Invité à Rome par Salvatore Pagliuca, le président de l’UNITALSI, l’abbé Duhar a pu rencontrer mercredi dernier le pape François, à la fin de l’audience générale. Il lui a offert de l’eau de Lourdes, une icône de la Vierge Marie peinte à son intention, et un DVD du spectacle de Robert Hossein intitulé « Une femme nommée Marie ». Le Saint-Père aime Lourdes et espère y venir, ayant déjà été invité avec déférence par le maire de la Cité mariale, Jean-Pierre Artiganave, mais il ira bien sûr à Assise d’abord… « Il demande que l’on prie beaucoup pour lui ; son écoute, sa présence, m’ont bouleversé », confie le curé de la paroisse où sainte Bernadette fut baptisée. En attendant le pèlerinage du pape François sur le territoire de la paroisse de Lourdes, il n’est pas impossible que le spectacle de Robert Hossein donné à Lourdes le 13 août 2011 soit présenté gratuitement place Saint-Pierre, pour tous les pauvres de Rome, à l’initiative de l’UNITALSI. Ainsi vont les évènements, car Lourdes rayonne aujourd’hui de plus en plus « hors-les-murs », dans la dynamique de l’Eglise universelle qui ne connaît pas de frontières. Les paroles du pape à l’audience du 24 avril, où était donc présent le curé de Lourdes, résonnent en syntonie avec le message transmis par Bernadette : « Le fait de penser au Jugement dernier devrait nous stimuler à mieux vivre notre quotidien, en apprenant chaque jour à reconnaître Dieu présent dans les pauvres et les petits, en travaillant pour le bien et en étant vigilants dans la prière et dans l’amour ».
Il y avait une foule immense, comme à chaque audience depuis l’élection du 13 mars : du jamais vu selon les habitants de Rome. « D’habitude une telle foule se rassemble à la mort du pape, ou pour la fumée blanche d’un conclave, mais pas chaque mercredi de cette façon », témoigne Luigi, un professeur dont la route pour aller travailler croise tous les matins les abords de la place Saint-Pierre. Les enseignements du pape sont suivis parce qu’ils s’accordent parfaitement à ses gestes. Lors d’une précédente audience il nous encourageait à appeler Dieu « papa », à la suite du Christ qui disait avec confiance « abba » dans sa langue, et quelques jours plus tard, en la fête de saint Georges, son saint patron, François indiquait que nous devons considérer vraiment l’Eglise comme notre mère, citant à cet égard le « grand Paul VI » auquel d’ailleurs il fait penser par sa simplicité et son refus obstiné des honneurs ecclésiastiques. Pour lui, comme il le répète, l’Evangile doit être annoncé par le témoignage d’humilité, de service, de charité, d’amour fraternel, plus que par les paroles.
Dimanche 28 avril il confirme 44 jeunes du monde entier, participants à un rassemblement de plusieurs milliers de pèlerins, des confirmants pour la plupart venus avec leurs familles, premier grand évènement organisé à Rome pour l’Année de la foi. La confirmation est en effet le sacrement qui exprime la pleine et libre décision d’adhérer à la foi catholique après le baptême reçu souvent dans l’enfance. Le dimanche suivant, 5 mai, ce sont les membres des confréries qui se retrouveront autour du pape, manifestant le rôle important de la piété populaire pour le service de la nouvelle évangélisation. Entre temps Benoît XVI sera peut-être revenu de Castel Gandolfo, le 1er mai dit-on, en la fête de saint Joseph artisan, pour emménager dans le monastère situé au cœur du Vatican, où il souhaite mener le combat de la prière jusqu’au bout, pour soutenir l’action purificatrice de son successeur.
Cette action destinée à régénérer l’Eglise est lancée, avec la création d’une commission de huit cardinaux des cinq continents, officialisée le 13 avril dernier, chargée de préparer la réforme de la curie romaine. Premier objectif : la transparence. « L’Eglise n’est pas une ONG, l’Eglise est une histoire d’amour », a dit le pape à l’homélie du 24 avril, pendant la messe qu’il célèbre à 7h du matin dans la résidence Santa Marta, où il réside depuis le début du conclave. Les employés de la banque du Vatican étaient là, médusés d’entendre que l’IOR n’est pas nécessaire et que l’Eglise n’est pas une entreprise. Le pape les a rassurés, en leur expliquant que l’important est de ne pas donner la première place à l’organisation administrative dans les choses de Dieu, même si elle a sa place pour « aider » l’Eglise dans sa mission pastorale… « L’Eglise n’est-elle pas, contrairement au monde du business, le lieu par excellence où expérimenter la Providence du Père ? », commente Anne-Marie, une ancienne lectrice de la revue Lourdes Magazine, supprimée pour des raisons prétendument économiques. Décidément l’exemple du pape risque de contrarier de nombreux apprentis « managers » qui ont confondu la maison de Dieu avec une maison de commerce, et l’on peut s’attendre à un grand vent évangélique dans les Eglises locales, selon ce que présage l’élection récente du nouveau président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, un pasteur plein d’humanité et d’humilité, selon le cœur du pape François.
Le monde politique est également touché par l’exemple du pape, comme le montre le président italien Giogio Napolitano, qui a fait le choix de l’unité pour sauver son pays en proie au conflit des ambitions, nommant premier ministre Enrico Letta, dans une perspective d’union nationale face à la crise qui désespère le pays. L’un des ministres du nouveau gouvernement, celui des transports, Maurizio Lupi, est proche de l’Eglise catholique (il a été formé dans le mouvement Communion et Libération), et devrait en particulier favoriser la survie des trains de malades vers Lourdes, très menacés par la logique du profit qui guide certaines compagnies ferroviaires nationales. L’UNITALSI est bien décidée à poursuivre son œuvre en faveur de trains de pèlerinages, en lien avec les responsables politiques italiens et européens. Le président de cette association a d’ores et déjà convié par lettre le pape François à faire tout ou partie du voyage en train avec les personnes malades ou handicapées, au départ de la gare du Vatican, là aussi pour donner l’exemple…