
« La fraternité, c’est la vie ! » (Pape Léon XIV lors du Jubilé des Pauvres)
« La fraternité est très importante », a dit le Pape Léon XIV aux 1500 pèlerins de Fratello, venus de France, réunis devant la reproduction de la grotte de Lourdes dans les jardins du Vatican, le dimanche 16 novembre dernier, pour la Journée mondiale des pauvres. « La fraternité, oui, c’est la vie! », a-t-il ajouté en français.
« Pape Léon, nous t’aimons », criaient d’un seul cœur ces personnes en difficulté sociale venues partager le repas ensemble, sur l’esplanade où la grotte est située, heureux de cette visite surprise du Saint-Père. Il a rejoint ensuite la salle Paul VI, où l’attendaient d’autres invités, déshérités et nécessiteux du diocèse de Rome.
« Nous ne pouvions pas tous entrer dans la salle Paul VI, c’est pourquoi notre groupe Fratello a eu l’autorisation d’organiser un banquet dans les jardins du Vatican, près de la grotte qui rappelle la rencontre de la Vierge avec Bernadette, pauvre parmi les pauvres », explique Fatima Lucarini, une des volontaires, membre de l’équipe d’organisation de cet évènement extraordinaire.
Fratello est un réseau international au service de l’Église qui organise et suscite des rencontres festives et priantes avec les plus démunis. Ce sont ses fondateurs, Etienne Villemain et Alix Montagne, tous deux laïcs, respectivement mariés et parents, qui ont donné en 2014 au Pape François l’idée de lancer la « Journée mondiale des pauvres ». Ils firent en effet à l’époque cette proposition au Saint-Père lors d’une audience générale à Rome, tandis qu’ils accompagnaient 200 personnes de la rue dans la Ville éternelle.
En novembre 2016, Fratello réunit à Rome 3 500 personnes de 23 pays pour trois jours de rencontres et de prière, ponctués par une audience avec le Pape, et le 20 novembre de cette même année, lors de la clôture du Jubilé de la Miséricorde, François instaura la Journée mondiale des pauvres par sa Lettre apostolique Misericordia et Misera, célébrée chaque année le 33e dimanche du temps ordinaire. Le Pape écrivait alors : « Ce sera une journée qui aidera les communautés et chaque baptisé à réfléchir sur la manière dont la pauvreté est au cœur de l’Évangile et sur le fait que, tant que Lazare git à la porte de notre maison (cf. Lc 16,19-21), il ne pourra y avoir de justice ni de paix sociale. »
Dans cet esprit de solidarité, les pèlerins de Fratello ont voulu vivre cette démarche jubilaire à Rome en 2025, du 13 au 16 novembre, à travers les divers rendez-vous de partage et de prière proposés, spécialement une veillée mariale sur la place Saint-Pierre, le samedi 15 novembre, autour de la statue de Notre-Dame de Tendresse revêtue pour l’occasion d’un manteau de couleur arlequin, formé de losanges et de pièces multicolores symbolisant les communautés du monde entier qui l’ont invoquée.
Des reproductions de cette statue avaient précédemment voyagé à travers les cinq continents pour rencontrer les plus éprouvés, pour consoler les souffrants, prier avec eux et préparer ce Jubilé des Pauvres.
« La statue est allé dans les prisons, les hôpitaux, les camps de réfugiés, les rues. Elle a traversé le monde pour porter un message d’espérance et de paix à ceux qui en ont le plus besoin. Chaque communauté visitée a remis un morceau de tissu, symbole de sa prière. Ces tissus ont été cousus ensemble pour former le grand manteau porté par Notre-Dame de Tendresse lors de la grande procession à Rome », explique un père de famille africain, Gabriel, originaire du Togo, bénéficiaire de ces visites mariales, présent sur la place Saint-Pierre où il a d’ailleurs donné son témoignage publiquement.
« Notre-Dame de Tendresse, reflet de la compassion divine qui guérit sans bruit, est venue dans ma famille en souffrance et nous avons vécu une grâce miraculeuse, nous donnant la force d’affronter la maladie et de trouver la sérénité intérieure, elle nous a portés dans ses bras invisibles comme une mère relève ses enfants, pour que nous devenions à notre tour témoins de la tendresse de Dieu et de son amour », a-t-il exprimé devant les pèlerins rassemblés au coucher du soleil, place Saint-Pierre, avant la procession et la récitation du chapelet, derrière Notre-Dame de Tendresse, sous les fenêtres allumées du Palais apostolique.
D’autres personnes ont témoigné ce soir-là, par exemple Fabrice, libéré des addictions à l’alcool et à la drogue, grâce à la prière persévérante de ses amis de Fratello, et le lendemain tous ont participé à la messe pontificale dans la basilique Saint-Pierre, au cours de laquelle le Pape souligna que « la Vierge Marie, à travers son Magnificat, continue de nous rappeler les choix de Dieu et de se faire la voix de ceux qui n’ont pas de voix ».
« Qu’elle nous aide à entrer dans la nouvelle logique du Royaume, afin que l’amour de Dieu qui accueille, panse les blessures, pardonne, console et guérit se manifeste dans notre vie de chrétiens », conclue-t-il, avant d’aller retrouver les membres de Fratello près de la grotte de Massabielle au cœur du Vatican, présage d’un prochain voyage pontifical à Lourdes ?
François Vayne