La Vierge Immaculée est Reine de la Corse

La résurrection de Notre-Dame : transmettre et espérer!
8 décembre 2024

Entretien avec le cardinal Dominique Mamberti

. Eminence, quelle expérience personnelle avez-vous de la dévotion à Notre-Dame de la Miséricorde, patronne d’Ajaccio? 

Notre Dame de la Miséricorde est la patronne d’Ajaccio et sa fête, le 18 mars, est l’un des événements majeurs du calendrier de la ville, avec une grande participation de la population. Cette fête commence par une veillée de prière le soir qui précède et se poursuit le lendemain matin par une messe dans la cathédrale, à laquelle participent les autorités civiles, en particulier celles de la municipalité. Elle se termine par une procession dans les rues du centre ville dans l’après-midi. Les gens désignent la Vierge Marie par le surnom de « a Madonnuccia ». Une statue est placée à l’entrée de la vieille ville, avec l’inscription « Posuerunt me Custodem », près de laquelle le Saint-Père va s’arrêter ce 15 décembre. Une chapelle lui est dédiée dans la cathédrale, une autre statue se trouve à l’entrée du cimetière et une autre encore dans la chapelle de l’hôpital, qui porte le nom d’« Hôpital de Notre-Dame de la Miséricorde ».

. Quelle est en quelques mots l’histoire de cette dévotion mariale et peut-on dire qu’elle rayonne plus largement, depuis la Corse, sur toute la Méditerranée? 

Il s’agit de Notre-Dame de la Miséricorde de Savone, apparue à Antonio Botta en 1536, qui s’est ensuite étendue à d’autres parties des domaines de la République de Gênes et en particulier à Ajaccio. En 1656, les autorités municipales décidèrent de consacrer la ville à Notre-Dame de la Miséricorde, afin qu’elle protège la population de la peste qui sévissait alors à Gênes. En 1660, le vœu fut solennellement renouvelé entre les mains de l’évêque et, depuis lors, la ville est fêtée le 18 mars.

. Le Pape a choisi d’aller à Ajaccio pour participer à un colloque sur la dévotion populaire. Est-ce une forme de message qu’il adresse à la République française laïque qui oublie ou nie les racines chrétiennes de la France? Quoiqu’il en soit, quel est le rôle de la dévotion populaire aujourd’hui par rapport à l’évangélisation des pays d’Europe sécularisés? 

Le culte à Notre-Dame de la Miséricorde est spécifique à Ajaccio, mais de nombreuses églises sont dédiées à la Vierge Marie dans toute la Corse, et la fête de la Nativité de Marie est l’occasion de deux des plus importants pèlerinages traditionnels : à Casamaccioli, au centre de l’île – « a Santa di u Niolu »- et à Lavasina, dans le Cap Corse. Lors de la proclamation de l’indépendance de Gênes par Giacinto Paoli, le père de Pasquale Paoli, en 1735, la Consulta déclara la Vierge Immaculée Reine de la Corse et décréta que le drapeau porterait l’image de la Vierge Immaculée avec l’inscription « Monstra Te esse Matrem ». Au fil des siècles, la dévotion à la Vierge s’est également répandue grâce aux religieux franciscains, qui ont entretenu de nombreux couvents en Corse. La présence des franciscains sur l’île remonte au XIIIe siècle. La visite du pape François est un signe de l’importance qu’il accorde à la religiosité populaire – il parle souvent du « santo pueblo fiel de Dios » – comme moyen d’évangélisation. Il s’agit aussi d’un témoignage de proximité avec la Corse, qui n’avait encore jamais reçu la visite d’un pape.

Propos recueillis par François Vayne pour l’hebdomadaire italien Maria con te

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