Les martyrs éclairent pour nous le sens de la croix. Un officier français, Arnaud Beltrame, vient d’offrir sa vie héroïquement pour sauver celle d’une personne prise en otage par un terroriste. Le prêtre qui le préparait au mariage religieux a pu lui conférer les derniers sacrements à l’hôpital, avant son décès, le 24 mars. Le sang de ce baptisé fidèle laïc se mêle mystérieusement à celui du Père Jacques Hamel, assassiné il y a moins de deux ans. Ils révèlent et actualisent le mystère du Christ pour que chacun de nous aille vers ses plaies, et puisse voir Jésus, de l’intérieur.
Nous sommes ici loin des gros titres de la presse internationale où l’Eglise catholique apparaît divisée, comme après la démission retentissante de Mgr Dario Viganò, préfet du Secrétariat pour la Communication, faisant suite à la manipulation d’une lettre du pape émérite, Benoît XVI. De telles informations en occultent d’autres, qui manifestent la fécondité du témoignage chrétien au service d'un monde uni. Ainsi, par exemple aussi, la prochaine béatification des 19 martyrs d’Algérie - issus de huit congrégations religieuses - pourrait-elle être davantage mise en lumière au service de l’amitié islamo-chrétienne.
Le gouvernement algérien a récemment donné son accord pour que l’événement ait lieu probablement à Oran, peut-être au mois de septembre, sous la présidence d’une des plus hautes autorités de l’Eglise, le Pape ou le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat. Mgr Henri Teissier, archevêque émérite d’Alger, a récemment évoqué cette perspective à Rome, lors d’une conférence à l’Institut Pontifical d’Études Arabes et d’Islamologie (PISAI), présentant le message des victimes innocentes du terrorisme, qui ont donné leur vie en fidélité à l’appel de Dieu, à l'Eglise, et à un peuple. « Cette triple fidélité honore toutes les fidélités de ceux qui ont continué leur travail malgré les menaces générales et le danger permanent », a-t-il souligné, qualifiant les futurs bienheureux de « témoins d’une fraternité sans frontières ».
La célébration de béatification prévue en Algérie cet été pourra donc rassembler, dans un même hommage, toutes les victimes du terrorisme, dans l’esprit de celle du 7 mai 2000 à Rome, au Colisée, qui avait fait mémoire des martyrs du XXème siècle, parmi lesquels notamment les sept moines de Tibhirine.
Ce sera l’occasion pour nous tous de redécouvrir à quel point la lutte en douceur contre la folie du mal est d’ordre intérieur, spirituel. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit », dit Jésus pour expliquer la signification de sa mort et de sa résurrection. « Ce dynamisme du grain de blé, accompli en Jésus, doit aussi se réaliser en nous, ses disciples : nous sommes appelés à faire nôtre cette loi pascale de perdre notre vie pour la recevoir nouvelle et éternelle » faisait remarquer le Pape François après la la prière de l’angélus, le dimanche 18 mars dernier, indiquant que « perdre sa vie signifie moins penser à soi-même, à ses intérêts personnels, et savoir voir et répondre aux besoins de notre prochain, spécialement des laissés-pour-compte ».
Durant la Semaine Sainte dans laquelle nous entrons, demandons-nous selon la proposition du Saint-Père : « Comment est-ce que je regarde le crucifix? Comme une œuvre d’art, pour voir s’il est beau ou pas beau ? Ou je regarde à l’intérieur, est-ce que j’entre dans les plaies de Jésus jusqu’à son cœur? ».
Les martyrs d’Algérie comme de France, de Charles de Foucauld à Arnaud Beltrame en passant par les moines de l'Atlas, nous font voir Jésus de l’intérieur, entrer dans ses plaies et contempler l’amour de son cœur pour tous.
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Durant la semaine Sainte, comment regarder le crucifix au delà de la croix ? Ne faut-il pas se dire que c’est Jésus qui nous sauve ! A nous d’accepter d’être rachetés par Son immense sacrifice……..St Jean disait aux élus : “ils ont lavé leurs vêtements dans le Sang de l’Agneau !”Apoc,7,14
Bonne semaine Sainte et marchons vers la résurrection