Le Père Federico Lombardi, directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, nous l’avait dit au lendemain de l’élection du nouveau pape : « Benoît XVI a certainement pris en compte lors de sa renonciation le fait que le successeur puisse initier son pontificat avec la Semaine sainte ». Oui, tout semble avoir contribué à faire de cette fête de Pâques le début de la « rénovation » de l’Eglise à laquelle nous assistons avec François, le pape d’une Eglise pauvre et pour les pauvres !
Son message d’amour s’adresse à chacun personnellement, chacun le reçoit en plein cœur. « Nous devons nous aider, l’un l’autre », a-t-il expliqué aux jeunes détenus visités le Jeudi saint, pour la célébration du lavement des pieds. Sur des sites traditionnalistes et bornés la légion d’horreur des abbés grimés se déchaîne contre lui, et c’est bon signe. Il a lavé les pieds à deux jeunes musulmans, vous vous rendez compte, et aussi à deux femmes ! En plus il refuse les « attributs » de sa charge, non seulement la croix en or massif mais également la mozette et les chaussures rouges, et il n’utilise pas les appartements pontificaux… Dans l’Eglise ses ennemis de l’intérieur l’accusent de « populisme » et de « démagogie », et ils craignent bientôt de voir le vent tourner en leur défaveur, car l’Esprit souffle, en effet… Le peuple pourtant ne s’y trompe pas : ce pape est un digne représentant du Christ qui s’est fait le serviteur de tous. Au soir du Vendredi saint, après le Chemin de croix au Colisée, François a répété ce qui deviendra probablement le leitmotiv de son pontificat : « Dieu ne condamne pas, lui ne fait qu’aimer et sauver ». « Si j’accueille son amour je suis sauvé, si je le refuse je suis condamné ». Les catholiques du Liban avaient spécialement animé la prière, au nom de tous les chrétiens persécutés dans le monde, victimes de logiques sectaires qui ignorent le don et la réciprocité. Le problème avec les idéologues de tout poil, c’est qu’ils refusent l’amour, ils veulent prendre ce qui les arrange, poser leurs conditions selon leurs intérêts, « négocier », mais sans relation possible ni échange vrai. Ils sont enfermés, fermés dans l’enfer de leurs idées, prisonniers du mal mental qui les ronge, comme autistes. Les intégristes prétendument « catholiques » ressemblent en cela aux islamistes. « Dieu a parlé, a répondu, et sa réponse est la Croix du Christ : une parole qui est amour, miséricorde, pardon », a souligné encore le pape au Colisée. « Marchons ensemble en portant dans le cœur cette parole d’amour et de pardon » : l’appel vaut largement pour ceux qui s’affolent d’une Eglise « bicéphale » en voyant l’image des deux papes à Castel Gandolfo, et qui ne comprennent rien à la présence de Jésus au milieu de ses apôtres, qui fait d’eux « une seule chose »…
Au fond le successeur de Benoît XVI nous invite à nous laisser rejoindre par le regard du Christ qui ne cherche pas nos yeux mais notre cœur, comme il l’a expliqué le Samedi saint, dans son vidéo-message à l’occasion de l’ostension extraordinaire du Saint-Suaire de Turin. « Le Visage du Suaire communique une grande paix ; ce corps torturé exprime une souveraine majesté. C’est comme s’il laissait transparaître une énergie contenue mais puissante, c’est comme s’il nous disait : aies confiance, ne perds pas l’espérance ; la force de l’amour de Dieu, la force du Ressuscité vainc tout ». C’est cet enseignement encore que le pape a développé durant la veillée pascale, dans la basilique Saint-Pierre, tandis que toutes les lumières venaient de s’allumer, signe de la victoire définitive de l’amour sur les ténèbres du mal et de la souffrance : « Demandons au Seigneur qu’il nous rende participants de sa Résurrection, qu’il nous ouvre à sa nouveauté qui transforme, aux surprises de Dieu qui sont si belles ; qu’il nous rende capables de le reconnaître comme le Vivant, vivant et agissant au milieu de nous ».
Le lendemain, dimanche de Pâques, après la messe place Saint-Pierre, sous un beau soleil – comme à chaque rendez-vous avec François – le pape prenait spontanément dans ses bras une personne avec un handicap, manifestant par ses gestes toute la profondeur de son magistère, provoquant beaucoup d’émotion parmi les fidèles, avant d’apparaître au balcon de la basilique pour la première bénédiction « urbi et orbi » depuis son élection il a une vingtaine de jours. « Voici l’invitation que j’adresse à tous », a-t-il lancé : « Laissons-nous renouveler par la miséricorde de Dieu, laissons-nous aimer par Jésus, laissons la puissance de son amour transformer aussi notre vie ; et devenons des instruments de cette miséricorde, des canaux à travers lesquels Dieu puisse irriguer la terre, garder toute la création et faire fleurir la justice et la paix ».
Les risques de guerre planent, avec la crise provoquée par les menaces nucléaires venues de Corée du Nord, et les tensions qui opposent la Chine aux Etats Unis d’Amérique, mais la joie du pape François se communique de proche en proche et libère l’humanité de la peur, comme dans un rayonnement universel de bonté, fruit de la grâce reçue dans les sacrements, particulièrement ceux du baptême et de l’Eucharistie. « Sans la grâce nous en pouvons rien faire », insistait-il par deux fois lundi, à l’Angélus, en revenant de s’être recueilli dans la nécropole vaticane, sur la tombe de l’apôtre Pierre. Mercredi il recevra en audience publique, notamment 6000 fidèles de Milan venus avec leur archevêque, prélude à de très nombreux pèlerinages auprès de François le Romain, en cette Année de la foi qui se clôturera dans huit mois seulement, le 25 novembre prochain, en la fête du Christ Roi.
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Demain, par tous moyens, nous serons présents à l’audience pour nous exposer à cette “irradiation” qui se propage en nous et entre nous, à partir du Pape François; qu’à notre tour, nous soyions les canaux de cette bienheureuse contagion autour de nous et, de proche en proche, dans tous les points du monde, pourquoi pas, jusqu’aux “abbés grimés” ?
La glace peut-elle toujours résister au Soleil ?
Catarina