Nous venons de vivre un des grands moments de ce pontificat, le 8 septembre, fête de la Nativité de Marie. François a expressément choisi cette date pour publier la réforme du « procès matrimonial » par laquelle il rend plus accessibles et rapides les nullités de mariage. Les deux lettres apostoliques qui décrivent cette réforme ont été signées le 15 août, fête de l’Assomption de la Vierge, et entreront en vigueur de manière effective pour la fête de l’Immaculée Conception. La Mère de Dieu, « Marie qui défait les nœuds » chère au cœur de ce pape, semble bien présider au changement qui va libérer spirituellement de nombreuses personnes blessées par un divorce.Si le mariage est indissoluble aux yeux de l’Eglise, en fidélité à l’Evangile, il peut en revanche ne pas avoir eu de consistance sacramentelle au départ, pour des raisons que seul un tribunal ecclésiastique est habilité à apprécier, moyennant un temps certain et de l’argent. Une commission avait été créée par François en décembre 2014 afin de réfléchir à une simplification des longues procédures où les divorcés renonçaient le plus souvent à s’aventurer.
Après le premier synode extraordinaire sur la famille, où les évêques du monde ont demandé cette évolution, le pape a pris ses responsabilités, le successeur de Pierre a parlé : il n’y aura qu’une sentence au lieu de deux dans les procès de nullité, l’évêque du diocèse aura personnellement pleine juridiction par rapport à ces situations de détresse morale, et la gratuité sera assurée à tous dans la mesure du possible.
Les catholiques qui ont connu un échec matrimonial, et se sont trouvés mis à l’écart des sacrements de l’Eglise en cas de convivance ou de remariage civil, voient leur souffrance prise en compte, généralement désireux de pouvoir vivre à nouveau pleinement en communion avec le Christ.
La reconnaissance de nullité d’un mariage religieux était en effet devenue pour beaucoup inenvisageable en raison des délais qui s’imposaient, et du prix à payer, y compris psychologique quand tardait la seconde sentence d’appel, ou qu’elle n’était pas conforme à la première.
L’Eglise catholique perdait des fidèles, notamment de rite oriental, qui se convertissaient à l’orthodoxie afin de se remarier plus facilement religieusement.
Des procès brefs, ouverts aux masses
François a donc signé deux Motu Proprio, dont l’un concerne spécifiquement les catholiques d’Orient, dans lesquels il demande aux évêques de jouer leur rôle de « médecin » – vraie mission du juge au regard de la loi d’amour évangélique – reprenant à ce sujet une expression patristique de saint Basile de Césarée, père de l’Eglise du IVème siècle, vénéré par les catholiques et les orthodoxes.
« L’évêque devient unique juge en ce qui concerne les nullités », précise Mgr Luis Francisco Ladaria Ferrer, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui souligne la volonté du pape de favoriser « des procès brefs, ouverts aux masses ».
Au nom de « l’amour gratuit du Christ », il s’agit d’une réponse efficace aux personnes qui attendent justice, s’étant par exemple engagées trop jeunes dans les liens du mariage, manquant alors de maturité, cause très répandue parmi les « nullités ». Toutes les causes en cours bénéficieront des nouvelles règles canoniques à partir du 8 décembre prochain.
Les évêques qui s’apprêtent à participer au second synode sur la famille, dans moins d’un mois, devrons continuer à débattre de l’accès aux sacrements pour les divorcés remariés qui n’ont pas obtenu la reconnaissance de nullité d’un mariage précédemment contracté. Ils n’auront plus d’échappatoire car le pape leur a pour ainsi dire « couper l’herbe sous le pied ». D’une confrontation entre deux logiques – celle de l’idéalisme doctrinal et celle du pragmatisme de la miséricorde – surgira les solutions surprenantes suscitées par l’Esprit Saint.
Ceux qui craignent un schisme sur le thème de la morale matrimoniale, comprendront-ils que le véritable schisme est celui qui, en pratique, éloigne le peuple d’une doctrine de l’Eglise apparaissant parfois comme coupée de la réalité ?
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Bonjour François. Une dame de ma famille, ayant un lien très proche avec moi, aurait bien aimé vivre ce moment important de l’Église. Mariée en 1957, elle a découvert que son mari était homosexuel dès le voyage de noces. Très malheureuse dans ce mariage, elle a demandé sa nullité vers la fin des années 60 et n’avait pu l’obtenir (le conjoint bloquait aussi la procédure par peur que la vérité soit révélée). Rendons grâce à l’Esprit Saint qui permettra aux couples, dont les rêves ont été brisés, d’espérer de nouveau et d’avoir une seconde vie. Alleluia! Sylvie