Il y a une dizaine de jours, à la Salle de Presse du Saint-Siège, le directeur de la Civiltà Cattolica a présenté la version numérique de cette célèbre revue. Elle est depuis sa fondation dirigée par les jésuites dont la vocation religieuse se caractérise par un vœu spécial d’obéissance au pape. « Notre revue née il y a plus d’un siècle et demi se renouvelle en restant elle-même », explique le Père Antonio Spadaro, qui tient les rênes de cette véritable institution depuis quelques mois. Son équipe de rédacteurs jésuites est aussi une communauté, et les articles sont l’expression d’un travail muri spirituellement, dans le dialogue, en lien de coordination avec la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège. Depuis Pie IX, les textes étaient relus par les papes successifs avant publication, jusqu’à Jean XXIII qui confia cette mission à la Secrétairerie d’Etat, spécialement à la section pour les rapports avec les Etats. Parfois des idées de sujets à traiter sont suggérées par les services pontificaux, en vue d’un approfondissement intéressant toute l’Eglise. Ainsi, par le moyen de cette revue bimensuelle unique au monde, le Saint-Siège et les jésuites cherchent ensemble à décrypter les évènements à la lumière de l’Evangile. Désormais il est possible de consulter la Civiltà Cattolica sur iPhone, tablet, etc. Les éditions de la revue sont consultables gratuitement sur Google, sauf les cinq dernières années réservées aux abonnés. La dernière livraison, datée d’il y a à peine dix jours, nous offre une passionnante analyse théologique des premiers pas de François, le premier pape jésuite dans l’histoire de l’Eglise. « Pour ce pape la relation est fondamentale », remarque d’emblée le Père Spadaro, rappelant les mots de tous les jours avec lesquels François salue la foule : « Buonasera, buona domenica, buon pranzo… ». L’annonce se réalise dans les relations et il n’est pas de message qui puisse être communiqué s’il n’y a pas une relation humaine à la base, dit en substance le directeur de la revue. L’Evangile concerne toutes les personnes, et le pape les rejoint de manière vraiment missionnaire par la simplicité de ses paroles et de ses gestes. Cette prise en compte du réel vécu par les gens, et cette ouverture à la culture humaine, est la marque des disciples de saint Ignace de Loyola, tels que saint François Xavier ou Matteo Ricci, cités par le père Spadaro comme des modèles du pape actuel. « Chercher et trouver Dieu en toute chose » est une belle expression du fondateur de la Compagnie de Jésus, que le pape jésuite met en pratique dans son comportement et dans son enseignement, au service de la transmission de la foi. Nous sommes loin d’une Eglise autoréférentielle, fermée sur elle-même. Le pape François, se définissant comme l’évêque de Rome d’abord, montre que l’universalité n’est pas une abstraction, mais qu’elle se vit dans la communion des réalités locales, expressions concrètes du Corps du Christ, fait encore remarquer le rédacteur de cet article original, écrit pourrait-on dire à la source de la spiritualité ignatienne de ce pontificat inattendu et surprenant. « Cheminer, édifier, confesser » : François reprend les termes de saint Ignace dans son autobiographie spirituelle, connue sous le nom de « journal du pèlerin », où l’Eglise apparaît comme d’abord « en chemin » spirituel et missionnaire, édifiée sur la pierre angulaire qu’est le Christ lui-même. « Confesser le Christ est donc la racine de l’Eglise, ce qui fait de nous des disciples », souligne le Père Spadaro. Sur cette base le pape souhaite vivre avec les cardinaux et ses principaux collaborateurs une vraie amitié dans le Seigneur, à l’exemple de saint Ignace avec les premiers jésuites, afin de diffuser de proche en proche une « intense communion ecclésiale ». Ce mouvement intérieur de collégialité « affective et effective » devrait se propager sans doute plus au large, dans les dimensions œcuménique et interreligieuse.
Les premiers pas du pape François mettent donc en valeur un style de communication ouvert et missionnaire, tourné vers tous les hommes, et une conception de l’Eglise comme peuple de Dieu en marche, vivant une communion concrète. Ce qui unit ces deux piliers du pontificat, explique l’article de la Civiltà Cattolica, c’est la figure d’un Dieu glorieux dans sa miséricorde. Fidèle à sa devise « Miserando atque eligendo », tirée d’une homélie de saint Bède le Vénérable à propos de l’appel de saint Matthieu où Jésus regarde le publicain avec amour et l’entraîne à sa suite, le pape veut rendre en tout hommage à la Miséricorde divine, qui est au cœur des exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. « Le Seigneur ne se fatigue jamais de pardonner : jamais ! C’est nous qui nous fatiguons de lui demander pardon. Demandons la grâce de ne pas nous fatiguer de demander pardon, parce que lui jamais ne se fatigue de pardonner », répète François avec patience depuis son élection. Cette patience caractérise aussi le pape jésuite, qui s’inspire comme Ignace de Loyola de la spiritualité franciscaine dans son approche du monde : nous sommes gardiens les uns des autres et gardiens de la création que Dieu nous confie. « Le ministère pétrinien s’insère dans une vision ample et cosmique de la garde des dons de Dieu et des relations humaines », résume le Père Spadaro. Il s’agit d’une « discipline intérieure », note le rédacteur, qui parle d’une forme de « sagesse spirituelle », fruit du « discernement », et non pas d’un sentiment d’enthousiasme spontané. Le nom choisi par Jorge Mario Bergoglio est extrêmement symbolique dans l’histoire du christianisme, comme celui de son prédécesseur Benoît, conclue le Père Spadaro, signifiant le lien puissant qui relie les deux pontificats : la réforme de vie et un christianisme vécu avec une profonde authenticité.
1 Comment
” Buscar y encontrar a Dios en todas las cosas” encontrarnos a Dios en nuestra realidad, en la de cada uno. Os animo a la experiencia de los Ejercicios Espirituales de San Ignacio de Loyola en la Vida Ordinaria, se llaman así porque el proceso de las 4 semanas se lleva a cabo dentro de la vida normal de relaciones y trabajo .Yo los hice con el método de Adolfo Chércoles SJ(ACHEESIL) y ha sido el regalo de mi vida!!
:`el cambio de vida y un cristianismo vivido con auténtica profundidad ` para ello hace falta una verdadera conversión.