Le cardinal Jean-Marc Aveline peut être décrit par une phrase de Van Gogh : « Il n’y a rien de plus poétique que d’aimer les gens ».

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Quand mon ami Jean-Marc Aveline fut créé cardinal, en 2022, j’avais écrit son portrait pour l’hebdomadaire La Vie, texte qu’il est intéressant de relire trois ans après, alors qu’il vient d’être élu président des évêques de France : https://www.lavie.fr/christianisme/jean-marc-aveline-le-fils-de-la-mediterranee-nomme-cardinal-par-le-pape-francois-80327.php

Sur la base de cet article, en avril 2025, des confrères de la presse italienne me demandent de présenter le cardinal que je connais personnellement depuis plus de 40 ans : 

L’archevêque de Marseille, au lendemain de son élection à la tête des évêques de France lors de leur Assemblée plénière de printemps, écrivait à ses diocésains : « Avec saint Jean-Paul II, j’ai voulu redire aux évêques « N’ayons pas peur ! ». Quand le Seigneur est sur le bateau, c’est souvent qu’il y a de la tempête. Mais ni l’écume des jours, ni l’angoisse des temps, qu’il nous faudra toujours affronter avec courage, ne peuvent l’emporter sur la divine douceur du Christ ressuscité ! ».

C’est en la fête de saint Jean-Paul II, le 2 avril, près de la grotte de Lourdes, que le cardinal Jean-Marc Aveline (66 ans) a été élu au premier tour de scrutin, comme une évidence, en moins de dix minutes, avec 80 % des voix. Après la terrible crise des abus sexuels qui a secoué l’Eglise en France, les évêques ont choisi pour chef de file un pasteur pour qui « l’enracinement spirituel est nécessaire afin de revenir à l’essentiel », comme il l’a expliqué aux journalistes, désireux à la fois de soigner la collégialité épiscopale et d’engager l’Eglise à sortir d’elle-même dans un élan résolument missionnaire. « C’est l’orgueil qui ronge l’Église. Loin de chercher obstinément à se protéger comme institution, elle doit accepter de tout perdre afin de gagner le Christ. Son salut est dans la conversion à l’Évangile », considère-t-il.

Déjà remarqué à Rome pour ses grandes qualités intellectuelles et pastorales, et pour sa vision libre des choses, le cardinal Aveline avait été élu à l’automne 2024, avec l’évêque de Vilnius, pour représenter toutes les Eglises catholiques européennes au sein du Conseil ordinaire du secrétariat général du Synode, présidé par le Pape. Il est membre de l’influent Dicastère pour les évêques et son nom est désormais inscrit sur la liste des principaux papabili.

Au Vatican, le nom de Jean-Marc Aveline avait d’abord circulé pour la direction du Dicastère pour le dialogue interreligieux – dont il est consulteur depuis 2008 – mais le Pape avait préféré le maintenir sur le territoire français et le nommer archevêque de Marseille le 8 août 2019, avant de le créer cardinal en 2022, discernant en lui l’envergure d’un pasteur capable d’insuffler vigueur et enthousiasme missionnaire à la fille aînée de l’Église, l’homme de Dieu capable d’écrire une page ecclésiale nouvelle pour le catholicisme français.

Symbole d’un « changement d’époque » où l’Église est moins préoccupée d’affirmer son identité face à une société sécularisée que de se faire servante de la relation de Dieu avec ce monde tel qu’il est, Jean-Marc Aveline – qui a la réputation de savoir écouter les personnes et de se souvenir d’elles de façon attentive et délicate – est donc devenu une véritable figure de proue pour l’Église universelle. Est-il ce futur Jean-XXIV plusieurs fois évoqué informellement par le Pape François quand il parle de son successeur?

Le cardinal Aveline aime répéter que « l’Église n’a pas son centre de gravité en elle-même, mais dans la relation que Dieu a avec le monde ». L’enracinement dans la vie caractérise en effet sa pensée théologique.  « Sa force n’est pas que théologique, elle est aussi relationnelle, car il n’oublie jamais qu’avant les thèses et les théories il y a les êtres humains », témoigne un des ses amis, le décrivant comme étant tout le contraire d’un idéologue. Il puise ce réalisme bienveillant à l’égard de tous dans l’expérience douloureuse du déracinement des rapatriés d’Algérie après l’indépendance de ce pays en 1962.

L’Algérie est en effet son berceau familial de Jean-Marc Aveline, un des rares évêques de France d’origine « pied-noir ». Né le 26 décembre 1958 dans l’Ouest algérien, il a vécu en Afrique du Nord avec ses parents et ses deux sœurs avant que sa famille débarque en France, d’abord en région parisienne, avant de s’installer dans les quartiers nord de Marseille. Au cœur de ce milieu populaire, son curé, le Père Jean Arnaud, poète et mystique, lui a appris à aimer « une Église mariale et eschatologique », « une Église légère, capable de partir en hâte pour d’imprévues visitations », où « la communion passe avant l’organisation et la miséricorde l’emporte sur le jugement ».

Après ses études de théologie au  séminaire universitaire de l’Institut catholique de Paris, il devint directeur des études au séminaire interdiocésain de Marseille, responsable des vocations, avant de fonder l’Institut de sciences et théologie des religions (ISTR) en 1992, puis l’Institut catholique de la Méditerranée. Choisi comme vicaire général du diocèse de Marseille à partir de 1998, il obtint son doctorat en théologie des religions, en 2000, puis fut nommé en 2013 évêque auxiliaire du même diocèse avant d’en être désigné archevêque, six ans plus tard.

« La communion dans l’Eglise n’est pas la juxtaposition des tendances mais une puissance qui provient de l’eucharistie », résume-t-il pour illustrer sa volonté de servir l’unité du troupeau qui lui est confié, n’hésitant d’ailleurs pas à célébrer selon l’ancien rite pour rejoindre et accompagner les fidèles qui y sont attachés.

Son expérience familiale personnelle – le déchirement de l’exil au cours de l’enfance, la mort de ses deux sœurs, à des années de distance, et sa solitude pour soutenir et consoler ses parents âgés – a forgé en lui une attention particulière à qui est en souffrance ou marginalisé. Pasteur joyeux à la foi contagieuse, il est soucieux des problèmes des personnes déplacées, d’origines différentes et en difficulté d’insertion, réfléchissant à des solutions avec les élus politiques qu’il ne craint pas d’interpeller. Chaleureux et sensible, le caractère de Jean-Marc Aveline peut être décrit par une phrase de Van Gogh : « Il n’y a rien de plus poétique que d’aimer les gens ».

François Vayne

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