« Il y a aujourd’hui des colonisations idéologiques qui détruisent. Elles ne détruisent pas avec des armes, elles détruisent avec les idées. Il faut se défendre des colonisations idéologiques », considérait le Saint-Père devant les journalistes, le 2 octobre, dans l’avion qui le ramenait du Caucase. « L’image de Dieu n’est pas l’homme, mais l’homme et la femme ensemble, qui sont une seule chair quand ils s’unissent, voilà la vérité », précisait-il.
« Quand on détruit cela, on salit l’image de Dieu », ajoutait le successeur de Pierre, dénonçant « l’endoctrinement dans la théorie du genre » – par le biais des manuels scolaires – comme « le grand ennemi du mariage ». « Il y a aujourd’hui une guerre mondiale pour détruire le mariage » : ses propos, clairs et courageux, n’ont pas été transmis correctement, beaucoup de médias ayant préféré insister plutôt sur ce que le Pape a dit ensuite. D’autres au contraire ont rapporté seulement la première partie du discours.
Répondant à une question au sujet de l’accueil des personnes transsexuelles, il a réaffirmé la volonté de l’Eglise d’accompagner, de discerner et d’intégrer, car un pasteur chrétien « ne peut jamais abandonner quelqu’un ». En résumé il s’agit d’être attentifs aux personnes en difficulté, notamment par rapport à leur identité sexuelle, en raison par exemple de tendances ou de déséquilibres hormonaux, et en même temps de refuser la diffusion idéologique mondiale de la théorie du genre.
Cet équilibre profond est difficile à faire admettre dans la presse, la communication rapide actuelle obéissant au jeu d’une logique binaire qui oppose au lieu d’unir. S’adressant au Conseil national de l’Ordre des journalistes italiens, fin septembre, François a d’ailleurs souligné l’importance de l’honnêteté avec soi-même et avec les autres pour servir la vérité en conscience, professionnellement, au plus près des faits, en évitant les raccourcis caricaturaux, car « dans la vie tout n’est pas ou blanc ou noir ».
« N’oubliez pas la Mère ! »
Au-delà de la dimension médiatique des choses, devant le déferlement du mal qui frappe le monde, que ce soit au plan moral ou à l’occasion des guerres et des catastrophes naturelles, que pouvons-nous faire ?
Le Saint-Père nous éclaire à ce sujet par sa prière et son comportement. Il était, le 4 octobre, en la fête de saint François, parmi les victimes du séisme qui a dévasté une région italienne : peu de paroles, beaucoup de regards et de caresses, comme un grand-père. « Le Seigneur est avec nous dans cette grande douleur », a-t-il dit, marquant cette réalité spirituelle par l’intensité de sa présence. Voilà sans doute où il veut nous conduire, comme baptisés, non pas à rêver d’une nouvelle « chrétienté » repliée sur elle-même, mais à révéler enfin la présence du Christ parmi les gens, hors des frontières institutionnelles. Permettre à chacune et chacun, dans les blessures, de reconnaître le crucifié abandonné, et réveiller l’amour pour lui, là il n’y aurait eu que néant et désespoir, n’est-ce pas la mission essentielle du chrétien en ces temps qui sont les derniers ?
« Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière », souhaitait le saint d’Assise, et voyageurs de passage sur cette terre, nous n’avons je crois rien de plus urgent à réaliser.
Pour cela deux choses seulement sont nécessaires, comme François l’a expliqué le week-end dernier en visitant la toute petite communauté catholique en Azerbaïdjan, une communauté de périphérie. « Le Pape, en cela, imite l’Esprit Saint : Lui aussi est descendu du ciel dans une petite communauté de périphérie enfermée au Cénacle… Le Pape perd du temps comme l’a perdu l’Esprit Saint à ce moment ! Deux choses seulement sont nécessaires : dans cette communauté, il y avait la Mère – n’oubliez pas la Mère ! – ; et dans cette communauté, il y avait la charité, l’amour fraternelque l’Esprit Saint a reversé sur eux. Courage ! En avant ! Sans peur, en avant ! ».
Accueillons donc Marie chez nous, spécialement en ces jours du jubilé marial de l’Année de la Miséricorde, pour apprendre d’elle à aimer son Fils y compris quand il est méconnaissable, et ayons entre nous cet amour fraternel, cette charité que le monde attend, l’unique richesse qui a valeur d’éternité.