La veille de la canonisation, dans l’église Sant’Andrea della Valle, non loin du Vatican, nous étions très nombreux à être venus vénérer les reliques de Mère Teresa, en présence des religieuses de sa congrégation, dont sœur Mary Prema Pierick, la supérieure actuelle de plus de 5000 Missionnaires de la Charité à l’œuvre dans environ 130 pays du monde.
Une jeune maman présenta discrètement sa petite fille de huit ans à sœur Mary, lui expliquant comment, grâce à la lecture d’un texte de Mère Teresa, elle avait décidé d’assumer sa grossesse malgré des circonstances difficiles. Comme elle, beaucoup de ceux qui ont fait le voyage à l’occasion de la célébration de canonisation, voulaient remercier pour une grâce obtenue, et confier à Dieu l’avenir. Ainsi, bien entendu, celui dont la guérison miraculeuse a permis cette canonisation était également à Rome, avec son épouse. Marcilio Haddad Andino, du Brésil, nous a raconté comment, atteint de tumeurs au cerveau, il était incurable de l’avis médical. Malgré son état et sa paralysie progressive, il s’est marié, marchant jusqu’à l’autel avec l’aide de Fernanda. Elle entreprit alors avec des amis une neuvaine à Mère Teresa, en 2008, et l’état de Marcilio s’améliora subitement, tandis qu’il venait d’entrer dans le coma et que les médecins avaient renoncé à l’opérer. Parents aujourd’hui de deux enfants, Marcilio et Fernanda ont témoigné de leur chemin de foi devant 600 journalistes accrédités pour l’évènement, en ayant ensuite le bonheur de participer, le 4 septembre, à la messe au cours de laquelle le Pape François proclama la sainteté de Mère Teresa.
Le cardinal Angelo Amato, préfet de la congrégation pour la cause des saints, présenta au Saint-Père la future sainte, rappelant les principales étapes de sa vie. Agnès Gonxha Bojaxhiu, née à Skopje, dans les Balkans en 1910, s’engagea à 18 ans chez les sœurs de Lorette, prenant le nom de Teresa en mémoire de la petite Thérèse de Lisieux, puis fut envoyée en Inde pour enseigner. Faisant le choix d’aller vivre avec les plus pauvres à partir de 1948, suivie par plusieurs de ses élèves, elle fut autorisée à fonder une nouvelle famille religieuse au service des enfants abandonnés et des vieillards mourants dans la solitude… Prix Nobel de la Paix en 1979, Mère Teresa n’a cessé plaider pour le respect de la vie, de sa conception à sa mort naturelle, considérant en particulier que la violence faite aux enfants à naître provoque comme une onde de douleur sur l’humanité entière, et que c’est une des causes des malheurs du monde.
Le Pape, pendant son homélie, a souligné à quel point Mère Teresa, tout au long de son existence, a été une généreuse dispensatrice de la miséricorde divine, en se rendant disponible à travers l’accueil et la défense de la vie humaine : « Elle s’est dépensée dans la défense de la vie, en proclamant sans relâche que celui qui n’est pas encore né est le plus faible, le plus petit, le plus misérable », a précisé François, notant combien « elle s’est penchée sur les personnes abattues qu’on laisse mourir au bord des routes, en reconnaissant la dignité que Dieu leur a donnée », et comment « elle a fait entendre sa voix aux puissants de la terre, afin qu’ils reconnaissent leurs fautes face aux crimes de la pauvreté qu’ils ont créé eux-mêmes ».
A tous les volontaires actifs dans le service aux personnes, qui célébraient leur jubilé en ces jours à Rome, le Saint-Père a donné pour modèle de sainteté cette figure emblématique de femme et de consacrée, pour qu’ils aient, et que nous ayons, comme unique critère d’action, « l’amour gratuit, libre de toute idéologie et de tout lien, et offert à tous sans distinction de langue, de culture, de race ou de religion ».
« Je ne parle peut-être pas leur langue, mais je peux sourire », disait la sainte de Calcutta. « Portons son sourire dans le cœur et offrons-le à ceux que nous rencontrons sur notre chemin, surtout à ceux qui souffrent. Nous ouvrirons ainsi des horizons de joie et d’espérance à tant de personnes découragées, qui ont besoin aussi bien de compréhension que de tendresse », concluait François.
Tandis qu’il prononçait ces mots, une amie volontaire italienne s’occupait avec beaucoup d’amour d’un jeune autiste de 15 ans, soulageant un moment ses parents, et de tels gestes fraternels se multipliaient sur la place Saint-Pierre puis dans les rues de la Ville éternelle, promesses d’un autre monde qui grandit parmi nous en silence, souvent dans l’obscurité de la foi, comme autant de réponses au cri de Jésus en croix, « J’ai soif ».
C’est cette soif du Christ crucifié que Mère Teresa et ses sœurs ont choisi d’apaiser, c’est lui qu’elles nous proposent d’aimer en chaque personne.{{ « Tant que vous ne savez pas que Dieu a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous ; ou qui il veut que vous soyez pour lui »}}, écrivait sainte Teresa de Calcutta.
Pour enraciner son amour, elle priait longtemps quotidiennement, nous donnant la preuve, selon les mots de Benoît XVI dans Deus caritas est, que « le temps consacré à Dieu dans la prière non seulement ne nuit pas à l’efficacité ni à l’activité de l’amour envers le prochain, mais en est en réalité la source inépuisable ».
2 Comments
Oui, aidons nous à demeurer dans cette atmosphère surnaturellement concrète pour qu’elle se propage entre tous . Esther
Quelle belle sainte, quel beau modèle de pauvreté, d’humilité, d’espérance et de miséricorde.
Cela nous rappelle que Dieu est là sans cesse, nous attendant patiemment, dans le cœur, l’eucharistie, la prière et les autres.