En cette fête de l’Ascension, le Christ nous quitte. Son départ invite en réalité à croire sans voir : c’est le temps de la foi. Les apparitions du Ressuscité, depuis Pâques – comme à Emmaüs par exemple – ont préparé nos cœurs à la séparation désormais nécessaire. « Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Evangile selon saint Jean, au chapitre 14). Dans la force de l’Esprit nous « continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance », selon l’expression de l’apôtre Paul dans la lettre aux Hébreux proposée par la liturgie de ce jour. Ainsi nous voilà entraînés vers la fête de Pentecôte, cette venue de l’Esprit Saint grâce auquel nous deviendrons davantage témoins d’une humanité nouvelle et de la fraternité universelle. Le Christ ne nous laisse pas orphelins, comme il l’a promis, la Vierge Marie – pleine de l’Esprit qu’elle accueille, entièrement habitée par lui – nous accompagne sur ce chemin de la foi, notamment quand elle vient manifester l’actualité de la Miséricorde divine en divers lieux du monde. Elle illustre aussi le rôle missionnaire des femmes, « sentinelles de l’invisible » (Jean-Paul II à Lourdes en 2004). Que dit le nouveau pape à ce propos ? Il n’a en tout cas pas peur des femmes, il les serre dans ses bras publiquement, les embrasse avec affection, normalement – comme un vrai homme qu’il est – et les prélats cléricaux frustrés ou “psychorigides” ont là aussi un exemple à suivre… Hier, recevant en audience 800 supérieures des quelque 700 000 religieuses du monde (plus que le total des prêtres et des religieux), François les a remerciées de construire des ponts entre les personnes dans la société, en leur demandant d’être de vraies mères et non des « vieilles filles » (Zitelle en italien). « Que serait l’Eglise sans vous ? » a-t-il demandé. « Il lui manquerait la maternité, l’affection, la tendresse ! ». Ainsi les religieuses en particulier sont d’une certaine manière les gardiennes de la Miséricorde et des valeurs du cœur, comme un rempart qui repousse hors-les-murs le pharisaïsme hypocrite caractéristique du cléricalisme. « Vous êtes mères, figures de l’Eglise mère, on ne peut comprendre Marie et l’Eglise sans la maternité, et vous êtes l’icône de Marie dans l’Eglise », a souligné encore le pape. C’était aussi une façon de rappeler leur devoir de fidélité au magistère de l’Eglise à celles qui, aux Etats Unis spécialement, le remettent en cause avec les bonnes intentions dont l’enfer est pavé…
Marie, l’Eglise, la maternité : il s’agit bien sûr de fécondité spirituelle, et de « l’animation » du monde, c’est-à-dire de la capacité à lui donner une âme et à le soulever vers le ciel, dans la dynamique ouverte par l’Ascension du Seigneur. « Elevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi », déclare Jésus dans l’Evangile de Jean (12,32). Dans ce sens François notait hier, à l’audience du mercredi, que « le Saint-Esprit nous est donné pour que notre vie soit animée par Dieu, guidée et soutenue par lui ». Une petite statue de la Vierge de Lujàn, patronne de l’Argentine, trônait devant le podium pontifical, signe que Marie et les femmes dans l’Eglise ont ce rôle magnifique de contribuer à faire jaillir dans nos vies l’Esprit qui rend libres. Elles sont en cela aux avant-postes de l’évangélisation. Qui sait si François ne nommera pas une femme à la tête de la direction de la communication du Vatican, comme le cardinal Timothy Dolan vient de le faire à New York avec Kim Daniels, une mère de famille ?
Le premier geste « officiel » du pape, au lendemain de son élection, a été de porter un bouquet de fleurs à la Vierge, « Salus Populi Romani », dans la basilique Sainte Marie Majeure. Il y avait là potentiellement tout le programme de son pontificat, véritable « révolution mariale » où les structures sont remises à leur juste place au profit de la relation d’amour réciproque entre les personnes, dans une Eglise-Famille. Samedi dernier, premier samedi du mois de Marie, il est retourné à Sainte Marie Majeure, pour réciter le Rosaire en fin d’après-midi. Les paroles du pape ont alors résonné dans nos cœurs quand il a cité ce que Jésus en croix a dit à Jean en désignant Marie du regard : « Voici ta mère ». « Ce disciple nous représente tous : le Seigneur nous remet entre les mains pleines d’amour et de tendresse de la Mère, afin que nous soyons forts de son soutien pour affronter et vaincre les obstacles de notre chemin », commentait François, en précisant que la mère apprend à grandir à son enfant, pour qu’il ne reste pas adolescent toute sa vie. Elle l’aide à affronter les difficultés en face et à prendre les décisions définitives avec liberté, à répondre « oui » au plan de Dieu sur son existence… « N’ayons pas peur des engagements définitifs, de cette façon notre vie sera féconde ». Et dimanche dernier, au Regina Caeli, il citait le concile Vatican II (chapitre 8 de la constitution Lumen Gentium), nous exhortant à avancer avec Marie dans « le pèlerinage de la foi ».
Cette Année de la foi a donc fondamentalement quelque chose d’une Année mariale. Pendant les neuf jours qui nous séparent de la Pentecôte à compter de cette fête de l’Ascension, demandons à Dieu de nous faire la grâce d’un renouveau intérieur, et d’une plus grande liberté spirituelle, pour accomplir – avec Marie et comme elle- la mission personnelle que nous avons reçue en venant au monde.
2 Comments
Cette grâce, nous la demandons ensemble. Merci de ce “billet” si juste et qui va si bien avec ce que nous avons à vivre en ces jours.
Magdeleine
También yo me uno a esta preciosa oración, para que el Señor nos conceda esta gracia.