Le Sacré Coeur de Jésus et Marie Corédemptrice

À propos d’un film inespéré et d’une note inopportune

Une fois n’est pas coutume sur ce blog, préparez-vous, je vais ronchonner ! En effet, la note doctrinale sur les titres attribués à la Vierge, publiée en ce mois de novembre par le cardinal Víctor Manuel Fernández, dit Tucho, me déplaît. Je la trouve inopportune. Le préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi vient nous expliquer que la Mère de Dieu et de l’Eglise n’est ni Corédemptrice ni Médiatrice de toutes les grâces, et que donc les papes qui l’ont nommée ainsi se sont trompés, notamment saint Jean-Paul II. En ces temps apocalyptiques, alors que les chrétiens sont persécutés en de nombreux pays et que la menace d’une destruction nucléaire planétaire est à l’ordre du jour, n’y-a-t-il pas d’autre urgence que de chercher à amoindrir dans la foi des fidèles le rôle de l’Immaculée, victorieuse du démon ? Si elle est immaculée, n’est-ce pas pour que tous le soient, immaculés dans l’amour (Ephésiens 1, 4) ? Si elle est corédemptrice, n’est-ce pas pour que nous soyons aussi corédempteurs, à l’exemple de l’apôtre Paul (Corinthiens 1, 24)? Bien sûr que l’intention de la note en question est bonne, car il s’agit d’aider chacun à recentrer sa vie sur le Christ, en évitant les dévotions surannées qui risquent de détourner les âmes de l’essentiel. Cependant était-il nécessaire pour cela de se fendre d’une note doctrinale aux accents moralistes ? N’aurait-il pas été préférable d’opter pour une voie pastorale plus douce, respectueuse de la tradition séculaire qui consiste à honorer Marie au pied de la croix, la Pietà, dont les souffrances unies à celles du Christ contribuent au salut du monde ? Ni le moment de l’histoire de l’humanité ni le moyen utilisé ne me semblent bien choisis pour sermonner un peuple de Dieu déjà bien secoué par la confusion régnante. Heureusement que ce texte qui joue sur les mots n’atteindra pas la multitude des catholiques, tant il se veut académique, pour faire sérieux. Sans nous laisser impressionner par les savants, nous continuerons à vénérer avec un cœur d’enfant Celle qui participe intimement à la Passion du Christ, mystère d’amour toujours à l’œuvre dans son corps qu’est l’Eglise. Un film inespéré, intitulé Sacré Cœur, actualise avec bonheur cette source de toutes les grâces qu’est la Corédemption. Je suis allé le voir à Lourdes, pendant les vacances de la Toussaint, et il a ravivé en moi, comme en des dizaines de milliers de spectateurs, le désir de suivre l’exemple fécond de Marie, Notre-Dame des Douleurs, qui reçoit l’Esprit Saint offert par le Christ en croix, à travers l’eau et le sang qui coulent de son Cœur transpercé, pour partager cette grâce des grâces au monde entier.