Mgr Jacques Perrier explique pourquoi, selon lui, Benoît XVI a choisi la fête de Notre-Dame de Lourdes, le 11 février, pour annoncer sa prochaine renonciation. L’appel à la pénitence lancé par la Vierge vaut pour nous tous, souligne l’ancien évêque de Tarbes et Lourdes, qui a accueilli les deux derniers papes à la Grotte de Massabielle.”La renonciation du pape est un acte qui donne à penser et la date même qu’il a choisie pour l’annoncer n’est sûrement pas due au hasard.
Le Saint-Père a donc choisi de mettre lui-même un terme à sa mission. A l’inverse de son prédécesseur, resté à son poste malgré la dégradation de sa santé. Sans doute Benoît XVI avait-il constaté que le gouvernement de l’Eglise en avait souffert. Même si le pape Jean Paul II a rendu, dans sa longue maladie, un admirable témoignage de foi et de sainteté.
A vues humaines, par sa décision, le pape Benoît XVI montre sa liberté personnelle. Mais il nous donne aussi un enseignement spirituel. Tout autant que son prédécesseur, il a cherché quelle était la volonté de Dieu. Elle ne s’est pas imposée à lui, de l’extérieur. Il a réfléchi. Il a prié. Et, finalement, il a jugé, après avoir « examiné sa conscience devant Dieu», comme il le dit. Son exemple peut aider chacun de nous à mieux comprendre ce que signifie : « faire la volonté de Dieu ». Nous n’avons pas un destin tout écrit dans le ciel et, si nous passons à côté, nous aurions tout perdu. « Le Seigneur a laissé l’homme à son propre conseil », dit un verset de l’Ecclésiastique (15, 14), cité dans un texte du concile Vatican II (L’Eglise dans le monde de ce temps n° 17).
Le pape Benoît XVI a souvent parlé de l’interprétation du concile Vatican II. Par sa décision, il ne se contente pas de l’interpréter : il l’applique. Ou, plus exactement, en l’appliquant, il l’interprète. Depuis Vatican II, tout responsable d’Eglise doit remettre sa charge à un certain âge. Seul le pape n’était pas concerné. En s’appliquant la règle à lui-même, le pape montre qu’il s’inclut dans l’Eglise. Il n’est pas à part dans l’Eglise. Encore moins, au-dessus de l’Eglise. Il contribue ainsi à une recherche qu’avait annoncée Jean Paul II : comment le successeur de Pierre doit-il, aujourd’hui, exercer sa mission ? La mission n’a pas changé. Mais les temps, eux, ont changé.
Le pape a choisi le 11 février pour annoncer sa décision. C’est la fête de Notre-Dame de Lourdes, première fête mariale liée à un lieu de pèlerinage inscrite au calendrier universel. C’est cette date que le pape Jean Paul II avait choisie pour être, chaque année, la Journée mondiale du malade. Le pape Benoît XVI invoquant sa santé comme motif de sa renonciation, le choix du 11 février était logique pour l’annonce de sa décision.
Mais on peut aussi prêter au pape une autre intention. Deux jours après l’annonce, commençait le Carême : temps de pénitence et d’approfondissement. N’est-ce pas ce que le pape n’a jamais cessé de demander : pénitence, parce que l’ennemi principal de l’Eglise, selon Benoît XVI, n’est pas à l’extérieur de l’Eglise, mais à l’intérieur, par le péché de ses membres ; approfondissement, comme il l’a proposé en lançant « l’Année de la Foi » et rappelé lors de l’Angelus du 17 février. Or, les semaines qui vont s’écouler entre l’annonce de son départ et l’élection de son successeur, semaines de Carême, sont un temps particulièrement propice pour ce travail spirituel, interne à l’Eglise. Plus utile que les pronostics sur le nom de son successeur.`
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Bravo! c’est un témoignage vécu que nous offre le SaintPère avec le temps qui lui reste ici, c’est à vivre qu’il nous invite – si nous le décidons- dans la clarté, la claritas.